Cap Protéines, bilan positif à mi-parcours selon les partenaires
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Lancé il y a un an, dans le cadre de la stratégie nationale dédiée, le projet Cap Protéines doit permettre d’enclencher les dynamiques nécessaires au doublement des surfaces cultivées en protéines végétales d’ici à 2030. Les porteurs de la démarche, Terres Inovia et l’Idele, ont présenté, le 1er mars au Salon de l’agriculture, de premiers résultats, dont ils se sont félicités.
Lever les verrous scientifiques et techniques au doublement des surfaces françaises cultivées avec des protéines végétales, objectif posé par le Plan protéines, pour 2030 : c’est l’ambition du programme Cap Protéines, lancé début 2021 et porté par Terres Inovia et l’Institut de l’élevage. Les partenaires, accompagnés du ministère de l’Agriculture, ont dressé un bilan positif de l’initiative à mi-parcours, le 1er mars au Salon de l’agriculture. « La mobilisation a été très forte, sur un délai très court, c’est du jamais vu au sein des instituts techniques », assure Martiel Marguet, le président de l’Idele. « Cap Protéines, c’est plus qu’un énième plan protéines. Nous avons actionné l’ensemble des leviers de réussite avec nombreux acteurs comme les chambres, les organismes stockeurs, des coopératives, etc », abonde Laurent Rosso, directeur de Terres Univia.
400 parcelles supplémentaires dans de nouveaux bassins
Pour illustrer les avancées réalisées, Terres Inovia indique avoir évalué pour la première fois la lentille, et plus précisément, 71 % des variétés cultivées en France. Ce chiffre est de 54 % pour le pois chiche, suite à l’étoffement du réseau. Pour ces deux cultures, un observatoire de la qualité des graines a été créé. Des échantillons ont été prélevés sur l’ensemble des bassins de production pour analyse. L’initiative sera renouvelée en 2022, « afin d’aboutir à une fiche de synthèse sur les deux années, de façon à avoir une couverture historique », indiquent les partenaires.
Par ailleurs, « 400 parcelles de soja, lentille, féverole, pois, pois chiche et lupin ont été implantées dans de nouveaux bassins et dix nouvelles parcelles d’essais ont été créées », précise Laurent Rosso. Des démarches qui seront également répétées en 2022. Sur le colza, des itinéraires techniques de rupture sont testés, tout comme des variétés de tournesol (26) et soja (13) biologiques. Enfin, l’outil d’aide au choix variétal de Terres Inovia, myVar, s’enrichit de trois nouvelles espèces (pois chiche, lentille, féverole).
De bons résultats sur la teneur en protéines du tournesol…
Autre résultat mis en avant, la production d’un tourteau de tournesol décortiqué à plus de 50 % de protéines (contre 27 % maximum en non-décortiqué), et d’un tourteau de colza à 42 % de protéines, grâce à une nouvelle technologie de pressage, développée avec l’Itavi et Inaporc. « Notre indépendance protéique dépend de notre capacité à produire du colza et du tournesol, pour remplacer les tourteaux de soja importés, mais de gros verrous sont encore à lever, poursuit Laurent Rosso. Cette course contre la montre s’est accélérée ces derniers jours avec la crise actuelle. »
… et des avancées en alimentation animale
D’autres travaux concernent plus particulièrement la réduction de l’utilisation de tourteaux. Une baisse de 50 à 70 % de cette dernière a été obtenue, en Pays-de-la-Loire, via l’intégration d’ensilage d’herbe de bonne qualité et de maïs épi dans la ration des vaches laitières. Les performances économiques et animales ont néanmoins été variables selon le niveau de préfanage de l’ensilage d’herbe. En agneau de bergerie, des essais ont montré que le recours à du pois dans les rations pouvait permettre de réduire de 6 à 8 € le coût de la ration par animal. Enfin, l’intérêt des prairies multi-espèces pour l’engraissement des bœufs et génisses a été confirmé, ces dernières ayant permis, lors d’essais, d’économiser 700 grammes en moyenne de concentré azoté par jour.
« Assurer la continuité »
Forts de ces premiers succès, les partenaires pensent déjà à l’après Cap Protéines. « Pour la suite, plusieurs réflexions ont déjà été lancées, indique Rémi Proust, chef du bureau du développement agricole et des partenariats pour l’innovation au ministère de l’Agriculture. Dans le cadre de France 2030, 30 M€ sont mobilisés pour l’appel à projets légumineuses, dès 2023. La prochaine Pac et le plan stratégique national favorisent également ces cultures, tout comme le PNDAR 2022-2027. » Le programme Cap protéines, d’une durée de deux ans, doit avant tout permettre d’enclencher solidement les dynamiques, pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. « Reste à assurer la continuité. Si Cap Protéines donne l’impulsion, celle-ci doit se poursuivre aussi bien pour la partie graines que pour la partie fourragères », indiquent ainsi les partenaires.