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Au menu d’Eureden : décarbonation, croissance et renouvellement de générations

Le | Cooperatives-negoces

Malgré une assemblée décalée pour cause de cyberattaque en mars 2022 et un contexte économique tendu, le groupe Eureden dresse un bilan plutôt positif de l’exercice 2021/2022. Les défis à relever pour les prochaines années sont nombreux, notamment autour du renouvellement de génération et de la décarbonation de ses activités.

L’équipe Eureden (de gauche à droite) : Alain Perrin (DG), Denis Lemoine (Vice-président), Stéphane  - © D.R.
L’équipe Eureden (de gauche à droite) : Alain Perrin (DG), Denis Lemoine (Vice-président), Stéphane - © D.R.

« Garder le cap ». Voilà la devise d’Eureden pour les années à venir. Le groupe breton a présenté son bilan le 4 juillet à Paris. Le chiffre d’affaires sur l’exercice 2021/2022 s’élève à 3,3 Mds€, en légère hausse par rapport au précédent (3,1 Mds€). Le pôle agriculture, qui intègre la coopérative, pèse pour 60 % de l’activité. Le groupe a pourtant été touché par la hausse du coût des matières premières, mais également par la sécheresse 2022, en particulier sur la production de légumes. « Nous avons perdu 40 % de nos volumes de haricots verts et 60 % de ceux de flageolets », souligne Denis Lemoine, vice-président d’Eureden. Malgré cela, le groupe a réussi à faire passer les hausses auprès de la grande distribution. « Nous travaillons en transparence avec elle et nous entretenons de bonnes relations. Mais il existe un principe de réalité. Si nous ne pouvons pas répercuter les hausses des coûts de production des agriculteurs auprès de la grande distribution, nous ne pouvons pas produire ! », explique Alain Perrin, le directeur général.

De la croissance externe sur l’aval mais pas l’amont

Eureden affiche ses ambitions de croissance externe pour les années à venir, principalement sur la partie aval de ses activités. « Nos cibles sont les entreprises dont le chiffre d’affaires se situe entre 80 et 200 M€, qui possèdent des marques régionales, en France ou à l’étranger, et avec qui il existe des synergies possibles au niveau de nos gammes ou des process industriels », explique Alain Perrin. Des projets sont en cours de finalisation, et l’Europe de l’Est semble propice à ce genre d’approche. En revanche, pas de volonté de croissance externe pour le pôle agricole. Seul un projet d’équipement de stockage de maïs humide pour l’une de ses usines est en réflexion. « Nous restons sur notre territoire breton, explique Serge Le Bat. Nous n’avons pas de vocation à faire de la croissance externe. L’enjeu est avant tout de renforcer la relation agriculteur. »

Accompagner le renouvellement de génération

La proximité avec ses agriculteurs est un enjeu fort pour Eureden, en particulier la question du renouvellement de génération. « En Bretagne, un agriculteur s’installe quand trois agriculteurs partent à la retraite », constate Serge Le Batz. Pour limiter cette érosion, Eureden a mis en place le « pôle stratégie des exploitations ». Il compte huit salariés qui accompagnent les jeunes dans leur projet d’installation. En 2022, la coopérative a soutenu l’installation de 250 agriculteurs, contre 750 départs. Sur les jeunes installés, environ un tiers ne sont pas issus du milieu agricole. Certaines productions, comme l’élevage de porc, sont plus menacées que d’autres par les départs en retraite des agriculteurs. En revanche, la coopérative assure maintenir son niveau de collecte malgré tout.

Décarbonation du groupe Eureden : 240 M€ à investir d’ici à 2030

L’autre enjeu phare pour la coopérative concerne la décarbonation de ses activités. « Pour répondre à la réglementation, nous allons devoir investir près de 240 M€ d’ici à 2030 », souligne Alain Perrin. A ce jour, le groupe dédie en moyenne 70 M€, chaque année, pour l’ensemble de ses investissements : sécurité, mise aux normes, nouvelle ligne de production, etc. Le dernier diagnostic carbone du groupe montre que le scope 3, celui lié à l’approvisionnement en matière première, et donc, à la production agricole, pèse pour 80 % des émissions d’Eureden. Sur les 240 M€ d’investissement à mobiliser, la moitié devra être fléchée vers l’amont agricole. Le groupe réfléchit actuellement au financement de ce montant.

Retour à la normale après la cyber-attaque

Si la coopérative bretonne a tenu son assemblée cet été, et non en fin d’année comme habituellement, c’est à cause de la cyberattaque qu’elle a subie en mars 2022. « Pendant l’attaque, nous n’avons pas pu livrer correctement nos clients, indique le directeur général. Le taux de service a été dégradé quelques mois, mais l’activité est revenue à la normale et la reprise a compensé la baisse d’activité, notamment grâce à la forte mobilisation de nos salariés, et la confiance de nos clients. Nous avons eu, bien sûr, des coûts directs liés au recours de « cyber-pompiers », mais ces montants sont limités. » Cette attaque aura eu le mérite de pousser la coopérative à accélérer le plan de modernisation de son système d’information, prévu initialement sur quatre à cinq ans.