EMC2 sécurise la marge de ses adhérents

« Une fois de plus, dame nature ne nous a pas gâtés » estime Arnaud Le Grom de Maret, directeur général de la coopérative EMC2. La collecte est en baisse de 12 % sur l’exercice 2020-21. À cause de la sécheresse, les trois quarts des surfaces de colza n’ont pas levé et les agriculteurs ont dû se replier sur d’autres cultures d’automne. « Cela a impacté les stocks de fourrage de nos éleveurs », précise-t-il. L’activité élevage a d’ailleurs vu son chiffre d’affaires baisser de 1 % pour atteindre 116 millions d’euros.

CA appro en baisse de 9 %

L’activité appro est, elle aussi, en diminution, de 9 % cette année, du fait de la réduction de la surface de colza, une culture gourmande en intrants. « Notre chiffre d’affaires des produits de santé végétale a baissé d’un tiers en deux ans, indique Arnaud Le Grom de Maret. Nous avons triplé nos ventes de produits de biocontrôle, mais cela ne compense pas. »

En revanche, l’activité machinisme du groupe est florissante, avec un chiffre d’affaires de 77 M€. Les prix élevés des céréales incitent les agriculteurs à investir, d’autant que, face aux conditions climatiques de plus en plus aléatoires, un bon équipement permet d’être réactif. Enfin, malgré une baisse de la collecte, les prix favorables ont permis de stabiliser le chiffre d’affaire collecte. « À la fin de la course, nous terminions avec un exercice qui progresse d’un million d’euros à 4,1 M€ sur la coopérative » se réjouit le directeur général.

Sécuriser la marge des adhérents

Pour inciter les adhérents à poursuivre la culture du colza malgré les craintes soulevées par la dernière collecte, EMC2 a mis en place une garantie de levée. La semence de colza vendue au cours de l’été aux agriculteurs leur sera remboursée en cas de mauvaises conditions mettant en péril la culture.

Autre garantie proposée par la coopérative pour sécuriser le revenu des agriculteurs, le prix d’acompte minimum. Depuis deux ans, EMC2 propose à ses associés coopérateurs un prix minimum d’acompte fixé à 215 €/t pour le blé tendre et à 575 €/t pour le colza. Objectif : offrir de la visibilité à l’adhérent, sécuriser ses marges en cas de baisse des cours et lui permettre d’assurer sa trésorerie. « Nous avons mis fin à la baisse progressive des engagements des agriculteurs », explique Arnaud Le Grom de Maret.

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La marque « Au pré des producteurs » rassemble déjà plus de 300 références de produits locaux. © EMC2[/caption]

Développer une branche agroalimentaire au sein d’EMC2

Par ailleurs, la coopérative s’est lancée dans un projet de diversification. « Nous avons acquis une société de salaison avec un artisan boucher dans la Meuse, indique-t-il. Nous sommes propriétaires d’un abattoir, mais il manquait ce maillon pour répondre aux demandes sociétales de traçabilité et aux attentes des collectivités locales. » La coopérative a multiplié par trois ses débouchés à destination des cantines publiques. « C’est, pour le groupe, l’ouverture d’une nouvelle branche agroalimentaire autour de la valorisation des productions locales, estime le directeur général. Cela va nous permettre de travailler sur les bilans carbone des exploitations jusqu’à l’assiette des consommateurs. Nous sommes sollicités par des organismes publics et des agriculteurs qui souhaitent reconstituer des filières locales. Ça pourrait être du pain, de la bière, etc. Ce sont des sujets que nous allons étudier. » Une deuxième boucherie est en construction dans les Ardennes. EMC2 a également créé une marque, « Au pré des producteurs », qui rassemble déjà plus de 300 références de produits locaux : fruits et légumes, vins, produits d’épicerie, plats mijotés, etc. Un premier espace dédié a été inauguré à Verdun le 10 décembre, et l’opération devrait se multiplier dans les magasins Gamm Vert du groupe.

Méthanisation vertueuse

La coopérative vient également d’inaugurer son premier méthaniseur. Un autre est en construction, et six autres en projet. « Le projet et l’investissement sont portés par la coopérative, explique Arnaud Le Grom de Maret. Nous regardons si sur une zone donnée il y a des agriculteurs intéressés : si les conditions sont réunies, nous lançons un projet de méthanisation collective. Le capital social demandé aux adhérents est de 5 % environ de l’investissement, et un méthaniseur coûte entre cinq et sept M€. » Les projets prévoient 50 % d’effluents d’élevage, collectés par la coopérative, le complément en cives, valorisées au prix de la matière sèche. Les cultures dédiées sont règlementairement limitées à 15 %, mais ne dépassent pas 10 % sur nos projets. En outre, seul 20 % de la SAU d’une exploitation peut être utilisé pour la méthanisation. « C’est un modèle vertueux, il permet d’augmenter la rotation, on intègre une culture supplémentaire, ce qui limite les IFT grâce au désherbage naturel », indique Arnaud Le Grom de Maret.

Structuration des équipes de EMC2

Enfin, EMC2 a travaillé en interne sur la segmentation des équipes terrain. « Nous avions fait le constat qu’un technicien ne pouvait pas tout savoir, avec des offres de produits et services de plus en plus large ajoute-t-il. Aussi nous avons segmenté les techniciens par expertise, afin qu’ils répondent mieux aux attentes des adhérents », précise le directeur général. Lesquels ont d’ailleurs été, eux aussi, segmentés, au sein du CRM, soit le logiciel de relation clients, et ce, afin de leur proposer les offres et les interlocuteurs les mieux adaptés. « Nous avons des agriculteurs fidèles qui ne travaillent avec nous que sur une de leurs activités, conclut Arnaud Le Grom de Maret. Notre objectif est de proposer une offre globale afin de leur offrir toutes les solutions dont ils ont besoin. »

EMC2 en chiffres, en 2020-21

3139 adhérents

378 salariés pour la coopérative, 693 pour le groupe

Chiffre d’affaires coopérative : 400 M€

Résultat net coopérative : 4,1 M€

Chiffres d’affaires groupe : 559 M€

Résultat net groupe : 7,4 M€

Collecte : 621 000 t dont 2000 t en bio