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François Gibon, FNA, « séparation conseil/vente : les contrôles par le Sral ont commencé »

Le | Cooperatives-negoces

Le 11 février, François Gibon, délégué général de la FNA nous a accordé un long entretien. L’occasion de balayer avec lui différents sujets d’actualité dont, bien évidemment, la mise en place de la séparation du conseil et de la vente. Des interrogations subsistent. Mais attention, les contrôles ont déjà commencé ! Durant cet échange, il fut également question de Soufflet/InVivo, du plan de relance, du contrat de solutions, des fiches CEPP… Morceaux choisis.

François Gibon, FNA, « séparation conseil/vente : les contrôles par le Sral ont commencé »
François Gibon, FNA, « séparation conseil/vente : les contrôles par le Sral ont commencé »

Six semaines après l’entrée en vigueur de la séparation du conseil et de la vente, le dossier occupe toujours activement les équipes de la Fédération du Négoce Agricole. « Les questions de nos adhérents continuent d’affluer, constate François Gibon, le délégué général. Tout est loin d’être clair. Mais il devient urgent de trouver les réponses car nous avons appris qu’au moins un contrôle, réalisé par le Sral (Service régional de l’alimentation), antenne de la Draaf, avait eu lieu. Heureusement, aucune infraction n’a été constatée chez le négoce concerné. De notre côté, nous poursuivons les formations des équipes de managers. » Depuis le mois d’octobre, 311 personnes, de 150 négoces différents (dont Bernard Agriculture), ont suivi ces journées pour identifier les clés d’adaptation.

Conseillers : le compte n’y est pas

Pour François Gibon, pas de doute, les conseillers vont manquer ! « La majorité des entreprises ayant opté pour la vente, les agriculteurs vont se trouver en manque de conseillers. En France, nous estimons leur nombre à 8 000 : 6 000 issus des coopératives et négoces, près de 2 000 des chambres d’agriculture, qui ont d’autres fonctions à couvrir, et 200 d’entreprises privées. Le compte n’y est pas. » Certains techniciens de négoces envisagent de créer leur propre structure de conseils mais cela prend du temps.

Pas de conseil, qualité moindre des récoltes ?

Pour beaucoup d’agriculteurs, se tourner vers son technicien, « c’était aussi une façon de se rassurer, pour asseoir sa décision, explique François Gibon. La notion de responsabilité, en cas d’échec d’un traitement ou de contamination sanitaire d’un lot, est désormais au cœur des préoccupations des clients. Le conseil spécifique n’étant pas obligatoire, mais payant, certains agriculteurs envisagent donc de s’en priver. Pour la FNA, c’est une vraie préoccupation car ne l’oublions pas, notre rôle est aussi de mettre en marché la collecte de nos adhérents, avec des clients de plus en plus exigeants quant à la qualité et des normes liées aux contaminants en constante évolution. Et sans une protection adaptée, les problèmes sanitaires des récoltes risquent de se multiplier ».

Plan de relance, contrat de solutions, CEPP…

François Gibon a également évoqué le plan relance. « Je crains qu’il ne génère beaucoup de déception, faute de budget suffisant pour répondre à toutes les attentes », concède-t-il. Quant au contrat de solutions, il reconnait que « le monde agricole ne s’est pas suffisamment mobilisé, notamment au niveau régional. Pourtant, c’est une réponse intelligente pour déployer des solutions en phase avec l’agroécologie tant souhaitée par la société. Les entreprises de négoces doivent se mobiliser pour proposer des fiches CEPP, notamment sur les méthodes combinatoires, alliant biocontrôle et produits de synthèse. Et ce d’autant que les techniciens doivent faire la promotion des fiches CEPP. » Inquiétude aussi sur l’avenir des groupes 30 000 qui ne seront plus du ressort des entreprises ayant choisi la vente. « Pourtant une belle dynamique était engagée ! »

Encore du changement à attendre

L’actualité au sein des entreprises reste chargée avec, tout récemment, la nomination de Maximilien Carré à la direction du négoce familial, de la reprise du négoce Dodat par son voisin Jeudy… « Cela devrait se poursuivre, confie-t-il. Les départs en retraite des gérants et la succession de leurs entreprises restent une préoccupation majeure. Les négociations en cours entre Soufflet et InVivo pourraient également faire bouger quelques lignes. La famille Soufflet a évoqué leur souhait de préserver l’entité négoce. Cela nous rassure. »