La valeur travail, au cœur du congrès du Naca
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Le Naca, qui tenait son congrès à St Jean-de-Monts en Vendée le 8 septembre, a souhaité évoquer « les nouvelles valeurs du travail ». Ou comment s’adapter aux nouveaux profils des salariés, toujours difficiles à recruter dans certains secteurs. Des échanges « inspirants » mais parfois « déstabilisants ».
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François Renaud, co-président du Naca, Simon Aimar directeur du Naca et Luc Bienaimé, président du syndicat pour le Poitou et la Vendée.[/caption]
Le 8 septembre s’est tenu le 38e congrès du Naca, négoce agricole Centre-Atlanqique, à St Jean de Monts, en Vendée. Près de 250 personnes étaient présentes, venues des 19 départements que couvre le syndicat. Après la volatilité des marchés agricoles l’an passé, le Naca avait choisi comme thème central des échanges « les nouvelles valeurs du travail » : dans un contexte où « les difficultés de recruter persistent, introduisait Luc Bienaimé, le président du syndicat pour le Poitou et la Vendée. Oublions nos préjugés, soyons créatifs pour remettre l’humain au cœur de nos entreprises et ainsi, attirer et conserver de nouveaux talents. »
Les jeunes sont-ils fainéants ?
Pauline Rochart, consultante spécialiste en sociologie du travail est intervenue pour évoquer différents préjugés qui, parfois, ont la vie dure. Elle n’a pas hésité à répondre à ces questions : les français ont-ils la flemme ? « Non, mais ils veulent désormais trouver l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle ». Une solution pour les satisfaire : « leur donner, quand c’est possible, leur planning à l’avance pour qu’ils puissent s’organiser », conseille-t-elle. Autre question soulevée : les jeunes sont-ils fainéants, individualistes ? Après avoir expliqué que « ce genre de jugement ne sert pas à grand-chose », elle a insisté sur le fait que les jeunes ne constituaient pas un groupe homogène… même s’ils affichaient des attentes communes : bien gagner leur vie, avoir un métier intéressant et des relations sociales de qualité. » Et de reconnaître que « l’idée de se sacrifier pour son travail a vécu. Les jeunes attendent d’être mieux formés, mieux traités et que, contrairement aux idées reçues, ils ne plébiscitent pas tant que cela le statut d’indépendant (42 %) ».
Les jeunes fuient le management toxique
Les jeunes rejettent-ils les chefs ? « Non ! Mais en revanche, ils rejettent les mauvais chefs et fuient le management toxique », expliquait en tribune Pauline Rochart. Derrière la valeur travail, se cachent les mots « utilité sociale, cohérence par rapport à ses valeurs, développement personnel, passion… Pour tous, le travail doit avoir un sens car il reste important pour se réaliser et s’épanouir. Et quand ce n’est plus le cas, les jeunes n’hésitent plus à changer d’entreprise, voire de métier ! »
Le salaire ne doit plus être un sujet tabou
Autre point évoqué lors de cette table ronde, comment attirer et fidéliser les jeunes ? « En allant à leur rencontre, en parlant de vous sur les canaux qu’ils connaissent bien, préconise-t-elle. Penchez vous aussi sur les conditions de travail au sein de votre entreprise : flexibilité, qualité du management… sans oublier l’aspect rémunération. Évoquer le salaire dans une annonce, lors d’un entretien ne doit plus être tabou. »
Miser sur la marque employeur
Nelly Garda-Flip, directrice de la MFR de Chauvigny (Vienne) a souligné « l’importance de créer de la mixité entre les équipes, entre les métiers : pour que chacun sache ce que l’autre fait et comprenne mieux l’enjeu de sa propre mission. » Et de conseiller aux négociants présents : « accueillez des stagiaires, des alternants, créez des partenariats avec les collèges, les lycées, les MFR, intégrez les conseils d’administration d’autres structures pour vous faire connaître et être à l’écoute des attentes à l’échelle régionale, sans oublier de miser sur la marque employeur. »
La carrière longue n’est plus un symbole de réussite
Autre témoin de cette matinée : David Giraudeau, directeur général du réseau La Mie Caline, qui reconnaissait être, dès que possible, à l’écoute des attentes de ses salariés. « Certains demandent la semaine de quatre jours, d’autres n’y sont pas favorables : alors nous faisons des tests. Pour les postes qui le permettent, nous proposons deux jours de télétravail par semaine. Et cela, depuis 2018… bien avant le Covid ! Pour une enseigne comme la nôtre, la politique RSE est un vrai moteur et ne doit donc pas être prise à la légère. Menée de manière cohérente, elle peut devenir symbole de fierté pour nos salariés. » Et d’ajouter « la carrière longue n’est plus un symbole de réussite pour les jeunes. Nous devons en prendre conscience. »
« N’ayons pas peur du changement »
François Renaud, co-président du Naca, évoquait en conclusion que « ces échanges ont été à la fois déstabilisants et inspirants. Nous ne pouvons plus ignorer ces tendances, confiait-il. À nous d’en tirer les enseignements au sein de chacune de nos entreprises. La flexibilité est incontournable. Nous devons capitaliser sur nos atouts mais être conscients de nos faiblesses. Le modèle mis en place a vécu. N’ayons pas peur du changement ! »
Quant à Simon Aimar, le directeur du Naca, il a donné rendez-vous à tous pour les 40 ans du syndicat les 12 et 13 septembre 2024 à Biarritz.
Le Naca en chiffres
- 2,4 Mds d’euros de chiffre d’affaires
- 105 négociants et grossistes répartis sur 19 départements et 3 régions
A lire aussi, le bilan de l’enquête du Naca auprès de 186 jeunes, pour connaître leurs attentes et leur perception du monde du travail.