Le Gouessant (22) continue d’investir dans le bio
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Un anniversaire et une naissance qui « correspondent à un changement majeur pour la coopérative », selon Rémi Cristoforetti, directeur du Gouessant. Il n’en fallait pas moins à la structure bretonne pour organiser un évènement dédié à la bio, le 30 septembre près de Rennes. La coopérative a fêté les 50 ans de sa filiale Ufab et a inauguré son unité d’ingrédients bio.
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Gildas Alleno et Anne Jézéquel, administrateurs à Le Gouessant, Carine Maret, directrice de l’Ufab, et Jean-Marc Lévêque, président du Synabio[/caption]
Le Gouessant célèbre la bio. Le 30 septembre, elle a accueilli 180 personnes à Noyal-sur-Vilaine près de Rennes, pour fêter les 50 ans de sa filiale nommée Ufab, Union française d’agriculture biologique, et inaugurer sa nouvelle usine d’ingrédients bio à destination de l’alimentation humaine. Un débouché nouveau, en bio, pour la coopérative, très axée sur les productions animales. Or, pour produire des aliments pour leurs animaux, les éleveurs se sont naturellement tournés vers le pois et la féverole, des cultures qui intéressent aujourd’hui fortement l’alimentation humaine.
Les intervenants n’ont toutefois pas manqué de rappeler la situation difficile sur le secteur du bio. « Le marché est un peu chahuté, mais je reste persuadée que la croissance reviendra », indique Carine Maret, directrice de l’Ufab. Pour développer ce segment de légumineuses bio, Le Gouessant s’appuie également sur les bons chiffres du marché : 48 % des Français consomment des légumineuses au moins une fois par semaine, et la consommation a augmenté de 10 % entre 2020 et 2021, explique la coopérative.
Le marché des légumineuses bio et de la naturalité
D’une surface de 2500 m², l’unité se situe à proximité de l’usine d’aliments pour animaux bio, qui a été elle-même agrandie en 2021. Elle comprend deux lignes opérationnelles : une première pour l’étape de concentration et une seconde pour la texturation par cuisson-extrusion. Pour se démarquer, Le Gouessant mise sur « la naturalité », soit l’absence de traitement chimique. « Nous employons uniquement des procédés mécaniques et thermiques, explique Thomas Delourme, responsable développement ingrédients de l’Ufab. De plus, l’utilisation de pois et de féveroles, et non de céréales, permet de viser les marchés de niches sans allergène. » Les procédés sont peu gourmands en eau et en énergie. « Vue la situation actuelle, nous avons bien fait de nous casser la tête à l’époque pour aller dans cette voie », se félicite Carine Maret. Les coproduits sont valorisés en alimentation animale, soit une utilisation à 100 % de la graine.
Un nouveau débouché pour les éleveurs
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« Le pois et la féverole sont parfaitement adaptés au contexte breton », Thomas Delourme, responsable développement ingrédients de l’Ufab.[/caption]
La capacité de l’usine s’élève à 3500 tonnes de pois et de féveroles par an. La direction du Gouessant espère l’atteindre en 2025. Ce qui nécessitera 1750 hectares, avec 250 agriculteurs. « Nous voulons développer une filière locale de culture et de valorisation de ces graines dans le Grand Ouest », ajoute Carine Maret. Cet investissement va également permettre aux agriculteurs de diversifier leurs productions végétales en toute sécurité du fait de ce nouveau débouché. « Les légumineuses sont indispensables aux rotations, insiste Thomas Delourme. Le pois et la féverole sont parfaitement adaptés au contexte breton : c’est pour cela que nous n’avons pas choisi le soja. »
Le débouché de l’alimentation humaine séduit aussi les éleveurs. « Savoir que je ne produis pas uniquement pour les animaux mais également pour l’homme, ça donne du sens. Cela fait du bien. Je suis fier », indique Gildas Alleno, producteur de porcs bio et administrateur à Le Gouessant.
Entre 5 et 10 millions d’euros
Si le montant de l’investissement reste secret, Rémi Cristoforetti, directeur du Gouessant , concède qu’il est compris entre 5 et 10 millions d’euros, et que la coopérative a obtenu une aide d’environ 10 % de France Relance.
L’inauguration de ce site fût également l’occasion pour la coopérative de rappeler son historique dans le bio, un secteur où elle s’estime pionnière. « Le bio est arrivé à la coopérative par notre groupe d’éleveurs de poules pondeuses en 1996, retrace Anne Jézéquel, administratrice à Le Gouessant. Cela nous inquiétait car Le Gouessant était alors très tourné vers le conventionnel. » Porté par le dynamise de ces éleveurs bio, la coopérative rachète en 1997 l’Ufab, qui avait été créée en 1972.
« Du bio propre »
« On parlait déjà à l’époque de fraude dans les céréales bio, poursuit l’éleveuse de poules pondeuses. Nous voulions avoir notre propre usine d’alimentation animale et éviter les contaminations croisées avec le conventionnel. Nous voulions faire du bio proprement. Et l’Ufab avait une excellente réputation. » À l’époque, le bio représentait 0,5 % du marché et la structure produisait 2000 tonnes d’aliments bio par an. « C’est aujourd’hui son rythme hebdomadaire ! », ajoute la directrice de l’Ufab. Pour alimenter son usine, Le Gouessant s’est lancé dans la collecte. Elle représente aujourd’hui 13 500 tonnes de céréales et d’oléoprotéagineux avec 200 agriculteurs en Bretagne, Pays-de-la-Loire et Normandie. En 2021 elle a produit 96 000 tonnes d’aliments bio pour animaux et trituré 15 000 tonnes de graines oléagineuses.