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Les coopératives de l’Ouest font face à la crise du bio

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Le secteur de l’agriculture biologique est en difficulté depuis plusieurs années. Comment les coopératives envisagent-elles la poursuite de leur engagement dans le bio ? Réponses au Space avec Cavac, Terrena, Eureden, Cooperl, Olga et Agrial.  

Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.
Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.

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Les coopératives de l’Ouest font face à la crise du bio - © D.R.
Les coopératives de l’Ouest font face à la crise du bio - © D.R.

« Nous nous sommes sans doute endormis sur nos lauriers », reconnaît Loïc Guines, président de l’Agence Bio[/caption]

La baisse des ventes de produits issus de l’agriculture biologique se confirme au premier semestre 2022. C’est ce qu’a dévoilé Loïc Guines, président de l’Agence Bio, à l’occasion d’une conférence organisée le 15 septembre au Space à Rennes par le réseau Initiative bio en Bretagne (IBB). Les chiffres font état d’une diminution de 8,3 % en GMS et de 15 % en magasins spécialisés, surtout pour les produits laitiers et les œufs. La part de marché des yaourts bio est ainsi passée de 7,1 % en 2021 à 6,7 % en 2022. « En GMS, ce sont les œufs en cage qui sont les plus demandés alors que les éleveurs sont en train de convertir leur élevage », regrette Loïc Guines.

Une inquiétude généralisée

Au Space, les opérateurs ne cachent pas leur scepticisme. « Nous avons des filières bio pour toutes nos productions, qui sont aujourd’hui en panne, reconnaît Jacques Bourgeais directeur de la Cavac. Cette situation est terrible.  Notre stratégie de filière qualité est contrariée par la croissance du marché des produits banalisés. » La Cooperl avance doucement dans le bio. « Nous avons lancé une filière bio il y a trois ans en porcs et en céréales, indique Dominique Masson, responsable de l’action commerciale du groupe. Mais le marché est saturé en porcs et cela prend le même chemin pour les céréales. »

Les œufs et le lait sont particulièrement touchés. Arnaud Ménard, responsable filières à la laiterie Olga, ex-Triballat, reconnaît les difficultés du secteur : « La décroissance a commencé en 2019, avec le Covid, avec des baisses de consommation d’environ 9 % . Le décrochage s’est poursuivi en 2020. Actuellement, nous notons une diminution de 10 % de la demande. C’est considérable. Nous ne lançons pas de nouvelles conversions »

Arrêt des conversions

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Échos du Space 2022, jusqu’ici tout va bien… - © D.R.
Échos du Space 2022, jusqu’ici tout va bien… - © D.R.

« Notre stratégie de filière qualité est contrariée par la croissance du marché des produits banalisés » : Jacques Bourgeais directeur de la Cavac.[/caption]

L’arrêt des conversions est en effet la première réaction des industriels. « Nous allons soutenir les producteurs en agriculture biologique mais nous avons arrêté tout développement depuis deux à trois ans », confirme Ludovic Spiers, directeur d’Agrial.  Sur les œufs, Eureden a bloqué le développement de la bio dès 2018 ! « Les signaux d’une baisse était déjà là. Cette réactivité nous a permis de ne pas déclassé un seul œuf ! », se félicite Daniel Haener, responsable filière œufs pour Eureden. Chez Terrena, les conversions en lait ont été stoppées en 2021 : « La coopérative va réunir le 29 septembre ses adhérents en lait bio pour discuter des perspectives », explique Pascal Balle, administrateur.

De manière plus proactive, les acteurs entendent relancer la demande.  « Dans une enquête que nous avons réalisée, nous avons noté que cette situation est liée à un changement de comportement dans le lieu d’achat de ces produits : les drive ou les plus petites surfaces où le bio est moins présent montent en puissance,  explique Arnaud Ménard. Sur le lait, nous voyons que ce sont les gros acheteurs qui ont réduit leur consommation de bio. »

Séduire à nouveau les consommateurs

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Les coopératives de l’Ouest font face à la crise du bio - © D.R.
Les coopératives de l’Ouest font face à la crise du bio - © D.R.

« Nous voulons reprendre la parole sur le bio » : Pascal Balle, administrateur chez Terrena.[/caption]

La campagne nationale « Pour nous et pour la planète, #BioRéflexe », a été lancée en juin par les acteurs du bio. « Nous nous sommes sans doute endormis sur nos lauriers, reconnaît Loïc Guines. Nous devons davantage communiquer sur les bienfaits de la bio, sur le logo et ce qu’il y a derrière auprès du consommateur », qui aurait moins confiance dans la bio qu’avant. « Le bio était un mot magique, explique Pascal Balle. Il a été remplacé par « local » mais c’est plus subjectif. Nous voulons reprendre la parole sur ce qu’est le bio, les cases qu’il coche sur la santé, la qualité, l’environnement ».

Éviter la surproduction

Pour Eureden, le problème ne vient pas de la consommation mais d’une surproduction  « À nous d’assurer des débouchés sûrs aux agriculteurs qui se convertissent, martèle Daniel Haener. La seule solution est la contractualisation. »

Quoiqu’il en soit, les opérateurs ne se découragent pas. « Dans Terrena bio, nous nous sommes fixés comme objectif une hausse de surfaces de 5 % par an, indique Pascal Balle. C’est ambitieux, en corrélation avec les objectifs de 18 % de bio en France, mais nous poursuivons sur cette trajectoire. »