Le Naca se projette déjà sur la future Pac
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Au cœur du congrès du Naca du 3 septembre, la réforme de la Pac. Quelles évolutions à venir ? Comment accompagner au mieux les agriculteurs ? Pourquoi s’y préparer dès à présent ?Autant de questions posées, et de réponses apportées.
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Patricia Ranouil, directrice du Naca, était ravie de retrouver adhérents et partenaires, au cours du congrès, initialement prévu en mai 2020.[/caption]
Le 3 septembre, le Naca (Négoce agricole centre-atlantique) tenait son 36è congrès à Jonzac, en Charente-Maritime. Près de 340 personnes étaient présentes. « Quelle qu’en soit la forme, il était important d’enfin retrouver nos partenaires privilégiés », confiait en introduction la directrice, Patricia Ranouil. Le Naca rassemble désormais 111 négociants, répartis sur 19 départements, pour un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros et 4 Mt de céréales et d’oléoprotéagineux collectées. Dernier négoce à avoir rejoint le syndicat, Agriaxe, en Haute-Vienne. « Les Ets Defontaines (85) et Guyon (85) respectivement repris par les négoces Le Gall-Corre (29) et Dipra (85) resteront au sein du Naca », précise-t-elle.
S’y préparer, dès à présent
Pour ce congrès, le Naca avait choisi le thème de la Pac 2023-2027. « Les années 2021 et 2022 s’annoncent comme des années de transition avec, à terme, de réels impacts sur nos activités pour négocier ce virage écologique, poursuit Patricia Ranouil. Les changements seront importants : nous devons nous y préparer dès à présent pour accompagner au mieux nos clients. »
Une nécessaire préparation encouragée par Bertrand Dumas, chargé d’études économie prospective à la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. « Si les grandes masses budgétaires sont conservées, la répartition des aides couplée est, elle, amenée à évoluer », résume-t-il.
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Pour Bertrand Dumas, « les maîtres mots de cette nouvelle donne « verte » sont biodiversité, surfaces non productives, captage de carbone, bien-être animal, agriculture biologique et HVE.« [/caption]
Aider les agriculteurs à faire les comptes avant de se lancer
« Éco-régimes et nouvelle conditionnalité constitueront une marche supplémentaire pour bon nombre d’exploitations poussées, dans bien des cas, à revoir tout ou partie de leur système, dans un élan de transition agroécologique souhaité par le ministère de l’Agriculture et l’Europe, explique-t-il. Avec à la clé, une montée en gamme des pratiques au niveau environnement et des conséquences sur le paysage agricole. Les maîtres mots de cette nouvelle donne « verte » : biodiversité, surfaces non productives, captage de carbone, bien-être animal, agriculture biologique et HVE. La volonté de reconquérir des surfaces dédiées aux protéines devrait se faire aux dépens des soutiens au secteur animal, notamment bovin, ovin et caprin. Il va falloir compter les points et faire les comptes pour voir si ces adaptations sont possibles, et rentables, à l’échelle de chaque exploitation ! Une stratégie des assolements et des productions qui doit se raisonner dès cette année. »
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Jean-Christophe Debar reconnait que si la future Pac est synonyme de contraintes, elle est aussi source d’opportunités pour les négoces.[/caption]
Une opportunité pour les négoces
Pour Jean-Christophe Debar, consultant agri et directeur de Pluriagri, « si cette transition est source de contraintes, elle fournit aussi de multiples opportunités pour les négociants. Ces derniers seront amenés à élargir la gamme des services proposés aux agriculteurs pour répondre à de nouvelles attentes, en matière de gestion des risques et d’environnement notamment. Au final, il n’y a rien de nouveau à ce qu’ils font déjà : cela va juste donner un coup d’accélérateur. L’enjeu du conseil et de sa valorisation sera plus que jamais capital. »
Quel impact sur l’export ?
Autre question soulevée dans la salle : la place de la France à l’export avec cette nouvelle Pac. « Plusieurs études montrent que l’Europe passerait d’une situation exportatrice à une situation importatrice nette pour tous les grains, avec une production estimée en baisse de 10 à 15 % », précisait ainsi François Gibon, le délégué général de la FNA. Ce à quoi Jean-Christophe Debar a répondu : « ces études sont des signaux d’alerte mettant effectivement en avant un risque réel, mais pas forcément très précis. Car il manque un élément de taille : le niveau de la demande mondiale. » Séverine Ourssel, responsable de la mise en marché de la société So.B.Tran concluait la matinée ainsi : « la Pac aura bien évidemment des conséquences sur nos activités à l’export, à commencer par une évolution du stockage et d’allotement si le nombre de productions augmente. L’enjeu : produire mieux, mais pas moins, pour que tout le monde en ait suffisamment pour se nourrir. Un défi de taille ».