Les coopératives, un partenaire courtisé dans la structuration de filières bio locales
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Quelle place les coopératives occupent-elles dans les filières bio construites à l’échelle de territoires ? Un débat des Rencontres des grandes cultures bio, organisé le 7 novembre, a apporté des éléments de réponse. Les témoins les ont qualifiés « d’incontournables » dans certains cas, et de « difficiles à capter » dans d’autres.
Les troisièmes Rencontres des grandes cultures bio, organisées le 7 novembre à Paris, ont été l’occasion d’évoquer des filières bio structurées au niveau local. Trois des lauréats du fonds Avenir bio ont été invités à présenter leur projet. Des interventions qui confirment leur intérêt pour des partenariats avec les organismes stockeurs.
Les coops, armées pour l’expérimentation
Stéphane Vanrenterghem est directeur de l’association Sud Blé Dur Bio, qui pilote une filière de blé dur bio ancrée dans le Sud-Est. Les coopératives et unions de coop qui l’approvisionnent, en l’occurrence Drômoise de céréales, Union Bio Sud-Est et Agribio Union sont, selon lui, avant tout des partenaires. « Notre but est de fédérer autour de contrats, de l’amont à l’aval, pour fluidifier les échanges et l’adaptation nécessaire de chaque maillon aux aléas d’une filière, pose-t-il. Par ailleurs, la réalisation de tests agronomiques figurait parmi les besoins rapidement identifiés. » Deux logiques dans lesquelles les coopératives s’insèrent parfaitement.
Partenaires incontournables pour l’alimentation animale
Dans le cas d’Oleasyn Bio, usine de trituration de tournesol, colza et soja bio située dans les Deux-Sèvres, les coopératives sont des parties prenantes jugées incontournables. « Les acteurs déjà actifs dans les filières animales sont les plus susceptibles de rejoindre ce type de projet, car les usines d’alimentation du bétail ont une rentabilité limitée », note Florent Simon, animateur du projet chez Avril. Pour la trituration de graines bio, le groupe s’appuie ainsi sur Vivescia dans le Nord, sur Euralis dans le Sud-Ouest. Et donc sur Terrena dans le cas d’Oléosyn Bio, en attendant la Cavac, à partir du 1er janvier 2024.
« La Cavac développait son propre projet d’usine de trituration, explique Florent Simon. Même si la nôtre a été très vite à saturation, nous leur avons proposé de nous rejoindre, et de doubler nos capacités. » Pour la Cavac, Oleosyn Bio doit, à termes, représenter 5000 hectares de tournesol bio. Pour Terrena, le projet draine déjà 6000 tonnes de tournesols bio, et 2000 tonnes de colza. « La rentabilité de ce type d’usine est dynamisée par les productions bio, mais elles permettent aussi de triturer des cultures conventionnelles, ce qui est également précieux pour les coopératives », complète Florent Simon.
Une compatibilité difficile avec les filières de niche
Troisième projet, troisième son de cloche. Jean Giraudeau est à la tête de À vos malts, malterie bio drômoise. Son souhait serait de s’approvisionner auprès de coopératives locales. « C’est un parcours du combattant, regrette-t-il. Nos volumes sont faibles, et nos attentes précises : nous développons plusieurs dizaines de références pour répondre aux besoins de petites brasseries. » Un débouché qui ne rencontre pas l’offre proposée par les coopératives. Oxyane et Dromoise de céréales, les deux coopératives les plus proches, ont ponctuellement contractualisé avec À vos malts. « Elles ne nous répondent que quand leurs principaux clients sont servis, glisse Jean Giraudeau. Pour les coop, nos besoins sont un casse-tête logistique et agronomique. »