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Patrice Florentin, DG de la CAPL « la revalorisation du revenu de nos adhérents passe par la transformation »

Le | Cooperatives-negoces

Patrice Florentin occupe le poste de directeur général de la Coopérative agricole Provence-Languedoc (CAPL, 84) depuis le 1er juillet 2021. Auparavant directeur adjoint, il souhaite poursuivre les investissements et projets engagés depuis plusieurs années par la coopérative dans la diversification et l’amélioration du revenu des adhérents.

Patrice Florentin, DG de la CAPL « la revalorisation du revenu de nos adhérents passe par la transformation »
Patrice Florentin, DG de la CAPL « la revalorisation du revenu de nos adhérents passe par la transformation »

Patrice Florentin a pris ses fonctions de directeur général de la Coopérative agricole Provence-Languedoc (CAPL, 1ère coopérative de la région Paca, voir notre mag en ligne dédié à l’appro/collecte ) le 1er juillet, suite au départ à la retraite d’Aline Gasser. Arrivé à la CAPL en 2000 en tant qu’adjoint au responsable RH, Patrice Florentin a monté les échelons, passant responsable RH, responsable administratif et financier, directeur administratif et financier, directeur général adjoint, et enfin, directeur général. Pour Référence agro, il fait le point sur les activités et projets de la coopérative.

Référence agro : Quelles sont les orientations que vous souhaitez donner au groupe CAPL ?

Patrice Florentin : Notre groupe a vécu de fortes croissances ces dernières années, que ce soit au niveau de l’approvisionnement ou de la collecte. Nous avons regroupé quasiment toutes les coopératives de collecte de notre zone historique, comme la coopérative Céréalis, basée à Orange, qui a rejoint le groupe en 2018 et la coopérative Terroirs du Sud, qui a fusionné avec nous en 2019. Aujourd’hui nous devons stabiliser cette activité. De plus, ces dernières années nous nous sommes engagés dans de nombreux projets de valorisation des productions agricoles, pour lesquels nous avons déjà investi ou continuerons de le faire.

Quels sont ces projets ?

Fin 2020, nous avons fusionné avec une cave coopérative, la cave coopérative de Sablet, une nouvelle activité pour CAPL. Nous avons investi 500 000 euros pour refaire des cuves, remplacer le pressoir, rénover les installations. Nous avons aussi fait passer nos quarante coopérateurs viticoles en HVE. Il n’en reste plus qu’un à convertir, et ce sera chose faite dès l’année prochaine. Sur le vin, nous avons aussi une usine d’embouteillage depuis 2015 : un centre fixe et une douzaine de camions, sur toute la Vallée du Rhône, jusqu’aux frontières espagnole et italienne. Cette année, nous avons investi 3 M€ pour des camions neufs et une rénovation de la ligne de production du centre fixe.

Vous avez également investi dans les légumes ?

Oui, courant 2019, nous avons repris une usine de transformation de tomates qui était en liquidation judiciaire. Nous avons remis la structure sur pied, et si la première année nous n’avons fait que quelques réparations, cette année nous avons investi 1,9 million d’euros pour créer une seconde ligne de production. En effet, l’usine, qui est la plus importante de France pour le concentré de tomates, ne comptait qu’une ligne de production, ce qui ne nous permettait pas de faire du conventionnel et du bio à la fois. Avec la nouvelle ligne, nous pouvons traiter 85 000 t de tomates dont 14 000 t bio chaque année. Nous avons aussi investi 500 000 euros pour notre programme de maintenance.

Et quels sont vos investissements à venir ?

Pour la campagne 2022, nous allons investir 1,5 M€ dans notre usine de transformation de tomates, pour créer une extension de notre nouvelle ligne, et ce afin de lancer un nouveau produit qui n’existe pas actuellement sur le marché français. Je ne peux évidemment pas en dire plus ! Nous avons aussi pour projet de développer la seconde transformation avec un partenaire. La revalorisation du revenu de nos adhérents passe soit par des économies sur la gestion de l’exploitation, soit par la transformation de leur production. Et avec l’évolution des attentes sociétales et de la réglementation, nous avons de moins en moins de marge de manœuvre sur l’amont. Nous sommes à la recherche d’une société qui souhaiterait travailler sur du local, France et Provence, sur toute une gamme de produits agroalimentaires. Nous n’avons pas arrêté de budget, car cela dépendra du partenaire, mais cela pourra représenter plusieurs millions d’euros.

Pour les investissements plus « internes » à la CAPL, nous programmons la rénovation de notre soixantaine de sites. Nous devons nous assurer que nous sommes en phase avec les attentes des agriculteurs. Chaque projet coûte environ 2 M€ par an, et jusqu’à 4,5 ou 5 M€ pour les plus ambitieux. On essaie aussi de regrouper nos différentes activités : la jardinerie, la société d’irrigation acquise il y a quelques années et qui est en train de croître, notre activité machinisme, que nous avons lancée cette année en partenariat avec un constructeur local, et qui permet à nos adhérents de bénéficier du plan de relance…

Avez-vous des recrutements prévus au sein de la CAPL ?

Nous sommes quasiment toujours en recrutement pour un certain nombre de postes, mais comme toutes les coopératives françaises, nous devons déployer de l’énergie pour attirer les talents et les conserver ! Ce dont on a besoin, ce sont des fonctions intermédiaires structurantes pour l’entreprise ou ses filiales, contrôleurs de gestion, responsables de services généraux… Nous avons aussi des tensions sur les postes de manutentionnaires, de magasiniers, de chauffeurs, commerciaux…Nous ne parvenons pas à recruter des jeunes diplômés, car les coop ont encore une image de vendeurs de produits. Les nouvelles générations dans les écoles agricoles ont des rêves de campagne verte et de petits oiseaux, mais ce n’est pas incompatible. Nous avons notre place à prendre dans la transition agroécologique : 45 % de notre catalogue est utilisable en bio ou biocontrôle, et c’est dans ce sens que nous nous orientons.

Quels sont les autres défis des coopératives agricoles ?

Nous sommes sans cesse confrontés à un parasite réglementaire qui conditionne notre activité : le changement réglementaire sur les trois R, la séparation de la vente et du conseil, ont complexifié notre situation. L’autre défi à relever est celui des mutations souhaitées par le consommateur : le bio, la biodynamie, les labels prennent de l’importance. Nous devons répondre à cette demande, à la fois avec la valorisation de nos productions, mais aussi en amont, en accompagnant nos agriculteurs avec des formations, des certifications et une offre de produits adaptée et variée. Nous avons 12 000 adhérents, sur un secteur de 300 000 ha, avec 62 cultures différentes. Cela représente des milliers de références !

Le groupe CAPL en chiffres

CA 2020 : 133 M€

Tonnage collecté 2021 : 50 000 t

Nb de salariés : 540 permanents et 150 saisonniers

Nb d’adhérents : 12 000