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Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés

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La récolte de maïs a pris beaucoup de retard, en raison des conditions météorologiques de l’été. Malgré un risque lié à l’humidité des grains et un séchage compliqué pour les OS, les rendements sont au rendez-vous, avec des prix élevés. Six distributeurs témoignent.

Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés
Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés

La récolte de maïs bat son plein dans toutes les régions de France. Au 25 octobre, seule la moitié de la récolte était faite, selon Céré'Obs, l’outil de FranceAgriMer, contre 87 % à la même date en 2020. En cause, les conditions météorologiques qui ont retardé l’arrivée à maturité des grains. Conséquence : les taux d’humidité sont plus élevés que d’ordinaire, compliquant le séchage pour les OS et faisant craindre une dégradation de la qualité des grains. Le 20 octobre, Arvalis mettait en garde sur les risques sanitaires d’une récolte tardive, avec une année 2021 plus favorable au risque de Fusarium graminearum que les cinq dernières campagnes. Comme prévu, les rendements sont satisfaisants : malgré une sole en retrait de 12 %, Agreste estime la récolte de maïs à 14,2 Mt au 1er octobre, soit une augmentation de 4,3 % par rapport à 2020 (13,6 Mt). Les prix du maïs sont hauts, à 244 €/t au 28 octobre, contre 185 €/tonne à la même date en 2020. Bien qu’ils aient subi une chute de 50 points fin septembre, du fait des perspectives de récolte abondante et des bons chiffres du pétrole, les cours du maïs ont été boostés ces derniers jours par de mauvaises conditions climatiques aux États-Unis, où la récolte est en cours, et par la hausse de la production de l’éthanol, entraîné par les prix de l’énergie.

Maïsadour - Bruno Schrijvers, chef de marché collecte

Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés - © D.R.
Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés - © D.R.

« Pour inciter nos adhérents à récolter tôt, nous proposons des remises sur le séchage »

« Depuis quelques années, les moyens de collecte progressent fortement, et même remises à jour, nos infrastructures ne sont pas toujours suffisantes : notre capacité de traitement est autour de 15 000 t/jour, alors lorsque 40 000 tonnes rentrent, des tas de maïs s’accumulent et se dégradent. Historiquement, pour inciter nos agriculteurs à récolter plus tôt afin d’éviter ces encombrements, nous faisions des remises en pourcentage sur le séchage, mais ce n’était pas très visible pour les agriculteurs. Cette année, nous proposons des remises en euros/tonne : 6 euros en septembre, puis une majoration de 3 euros pour la première quinzaine de novembre et de 8 euros par la suite. Le rendement est à 11 tonnes environ : 130 quintaux pour le maïs irrigué et 100 pour le non-irrigué. C’est bien mais pas exceptionnel, car l’été froid n’a pas permis d’optimiser les hauts potentiels à plus de 150 quintaux. »

Groupe Armbruster - André Streicher, responsable céréales

« Nous avons eu un bon mois de septembre. Fin août, nous craignions la catastrophe »

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Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés - © D.R.
Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés - © D.R.

54 % du maïs a été récolté au 25 octobre. © Arvalis - Nicole Cornec[/caption]

« La récolte a vraiment commencé depuis quelques jours à peine, nous en sommes à peu près à 15 %. Nous avons eu une baisse de surface, mais devrions être à 5 ou 10 % au-dessus de notre résultat de l’année dernière. C’est une récolte exceptionnellement tardive en raison des conditions météorologiques, dès les semis : l’ensoleillement, la température, les précipitations ne nous ont pas permis de récolter plus tôt. Nous avons eu la chance d’avoir un bon mois de septembre et un mois d’octobre correct, car fin août, nous craignions la catastrophe. Désormais nous avons moins d’inquiétude, sauf si l’hiver arrive brutalement début novembre. »

Le Gouessant - David Fouchard, responsable collecte céréales

« Nous instaurons des battages uniquement en semaine, de 8 heures à 20 heures »

« La collecte a commencé en semaine 41 et bat son plein. Elle atteint son pic sur l’Ille-et-Vilaine cette semaine, et l’atteindra dans les Côtes d’Armor et le Morbihan début novembre. Nous avons une dizaine de jours de retard, puisque pour arriver à maturité, le maïs a besoin d’une somme de température, et la météo de cet été n’a pas permis de l’atteindre plus tôt. Les rendements, à 25 % d’avancement, sont très bons, de l’ordre de 130 à 170 quintaux humides, ce qui donne entre 100 et 120 quintaux secs. Le revers de la médaille, c’est l’humidité du maïs, à 35 %, contre 32 % l’année dernière, et notre difficulté à le sécher dans les temps.. Nous instaurons des battages uniquement en semaine de 8 heures à 20 heures, nous contingentons les dépôts à un certain nombre d’hectares maximum, et nous faisons tourner les sites en 3/8 avec des saisonniers. »

 

Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés - © D.R.
Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés - © D.R.

Valfrance - Christophe Grison, président

« Nous faisons face à un manque de disponibilité des camions »

« Les rendements sont très bons, nous devrions atteindre 140 000 tonnes sec, voir peut être un peu plus, notre record historique. Mais la récolte est tendue techniquement, car le maïs est très humide. Avec les humidités de cette année, le temps de séchage est pratiquement doublé pour monter jusqu’à 15 heures. Lors des trois derniers jours nous avons réceptionné quotidiennement plus de 13 000 tonnes de maïs humides, alors que notre capacité de séchage n’est que de 5500 tonnes/jour, ce qui est déjà important. C’est pourquoi nous avons pris la décision de fermer nos silos du vendredi 29 au mardi 2 novembre, pour rattraper notre retard. Les agriculteurs ne comprennent pas toujours, d’autant que pour certains, ils font appel à des entrepreneurs de battage qui ne veulent pas s’interrompre. Nous faisons aussi face à un problème de logistique : un manque de disponibilité des camions pour déplacer le maïs sec et humide, et qui nous ralentit. Fort heureusement, nous n’avons pas en ce qui concerne Valfrance à déplorer des ruptures d’approvisionnement de gaz. »

Comptoir Agricole - Régis Anceaux, responsable qualité

« Une partie du maïs prévu pour l’ensilage sera reconvertie en maïs grain »

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Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés - © D.R.
Récolte maïs, des premiers résultats satisfaisants mais des taux d’humidité élevés - © D.R.

Les prix du maïs sont hauts, à 244 €/t au 28 octobre, contre 185 €/tonne à la même date en 2020. © Arvalis - Nicole Cornec[/caption]

« Nous avons commencé le 11 octobre, et avons récolté jusqu’à présent 33 % des volumes. Les rendements sont satisfaisants, de l’ordre de 115 quintaux en sec. Nous avons un très bon potentiel cette année, avec malgré tout quelques disparités liées à l’excès d’eau, au manque de rayonnement, ou à la tempête des derniers jours. En raison des rendements suffisants pour alimenter le bétail, une partie du maïs prévu pour l’ensilage sera reconverti en maïs grain. Nous nous attendons à récolter près de 340 000 tonnes. L’enjeu majeur, c’est d’absorber les humidités dans les séchoirs. Avec une moyenne de 8 à 10 000 tonnes par jour, le séchage se déroule de façon assez régulière jusqu’à présent. »

Vivadour - Fabien Cazeaux, directeur métiers du grain

« Malgré une récolte humide, nous ne constatons pas de soucis de qualité »

« Nous en sommes à peu près à la moitié de la récolte de maïs, et pour le moment, les rendements sont corrects mais un peu hétérogènes. Ils sont très bons pour les parcelles irriguées, de l’ordre de 140 quintaux. Nous avons mené des analyses en interne, et malgré une récolte humide, nous ne constatons pas de soucis en termes de qualité, en particulier sur les mycotoxines. Il a cependant fallu sécher moins fort les maïs spéciaux, pour lesquels des cahiers des charges encadrent les process de séchage. »