Ternoveo organise les premières vendanges du Pas-de-Calais
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Ternoveo, la filiale négoce du groupe Advitam, a démarré ses premières vendanges le 28 septembre. 17 ha de chardonnay seront récoltés, pour créer les premiers vins des Hauts-de-France. À termes, 200 ha devraient être plantés.
Sous un soleil franc, une quarantaine de vendangeurs s’active entre les rangs d’une parcelle viticole. Nous ne sommes ni en Bourgogne, ni dans le Bordelais, mais à Quiéry-la-Motte, dans les Hauts-de-France. Mercredi 28 septembre commençait la première vendange de la région, orchestrée par Ternoveo, la filiale négoce du groupe Advitam : le résultat d’une plantation de vigne réalisée en 2020.
Un budget d’1 M€
En effet, en 2016, l’Union européenne autorise la plantation de vignes destinées à la production de vin dans les Hauts-de-France. En 2020, Ternoveo décide de planter 17 ha de chardonnay chez 11 agriculteurs, clients ou adhérents d’Advitam. Si depuis, le vignoble s’est agrandi, portant la surface totale à 80 ha, seules les premières parcelles, plantées il y a deux ans et demi, peuvent commencer à être récoltées. À termes, Advitam compte planter 200 ha de vigne, chez 130 agriculteurs, dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme et de l’Aisne. Un projet dont le budget atteint 1 M€, dont 200 000 ont été pris en charge par le conseil régional.
Une diversification adaptée au réchauffement climatique
« Avec le réchauffement climatique, l’ensoleillement progresse dans les Hauts-de-France, pointe Xavier Harlé, directeur général de Ternoveo. La viticulture apparaît comme une option intéressante pour nos agriculteurs en quête de diversification. » Armel Lesaffre, président du groupe Advitam, ajoute : « Il y a un regain d’intérêt de la part du grand public pour les aliments locaux. Or, dans notre région, nous disposons d’une gamme élargie de produits du terroir, mais pas encore de vin. »
Les agriculteurs intéressés par le projet étaient invités à se faire connaître auprès d’Advitam et de Ternoveo, et des analyses de sol ont été menées dans leurs parcelles. « Nous avons dû refuser certains volontaires, car les caractéristiques de leurs sols ne convenaient pas », reconnaît Xavier Harlé. Laurent Sellie est cultivateur, et fait partie des 17 pionniers du projet. Sa parcelle de 3,8 ha, soit 19 000 pieds, est idéale pour la culture de la vigne. « C’est une terre crayeuse, qui s’assèche très vite, indique-t-il. Pour les cultures d’hiver, ça allait, mais elle me posait problème pour les cultures de printemps ». Il estime désormais que la viticulture représente entre 25 et 30 % de son temps de travail.
Un investissement de 25 000 €/ha
Deux techniciens de Ternoveo ont été formés pour accompagner les viticulteurs à chaque étape du travail de la vigne. « Nous avons bénéficié de l’aide d’un cabinet de conseil sur les pratiques culturales », précise Xavier Harlé. Car les Hauts-de-France ont leurs spécificités. Et si le territoire est, pour le moment, exempt de maladies de la vigne, il doit faire face à d’autres difficultés. Le froid, par exemple : pour protéger les grappes du gel, qui vient du sol, la vigne a été conduite plus haut que dans des régions plus méridionales. Le rendement devrait atteindre 8 t/ha à maturité, d’ici cinq ou six ans. Pour le moment, il est de 3 t/ha. Si l’investissement, pour les agriculteurs, est élevé, de l’ordre de 25 000 €/t, le revenu devrait l’être aussi, avec 9 600 €/t prévus par le groupe coopératif.
Quatre vins blancs en préparation
« Pour la première année, nous visons 40 000 bouteilles, précise Xavier Harlé. À la fin du projet, ce sera 1,5 million de bouteilles par an ». Un bâtiment déjà existant, à Dompierre-Becquincourt, est en train d’être aménagé en chai, et Advitam a recruté deux œnologues pour élaborer les quatre vins. « Le premier sera un vin blanc sec pour l’apéritif, fruité et facile à boire, explique Laetitia Vankerkoven, œnologue et maître de chai. Le deuxième sera plus ample, adapté au repas. Le troisième, prévu pour 2024, sera encore plus complexe. Quant au quatrième, qui reste à définir, il sera issu de parcelles d’exception. »
Les prix des deux premières bouteilles, qui seront commercialisées dès juin 2023, iront de 7 à 10 euros. Les bouteilles seront vendues dans les magasins Gamm Vert du groupe, ainsi que dans les caves et restaurants locaux. Il n’existe pour le moment pas de signe officiel de l’origine, telle qu’une IGP ou une AOP, mais une fois les premières bouteilles commercialisées, Advitam compte créer une appellation de ce type.
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