Terre Atlantique, entre satisfaction et prudence
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À quelques jours de leur assemblée générale, le président et le directeur général de Terre Atlantique (17) ont fait le point sur l’exercice passé, les projets à venir et les filières en développement. Si le bilan de la campagne écoulée est confortable, la prudence est de mise pour celle à venir avec, notamment, une inquiétude autour des hectares dédiés à la multiplication de semences de tournesol.
Pour la version 2022 de son assemblée générale qui se tiendra le 2 décembre, Terre Atlantique innove. « Pour la première fois, nous consacrerons une partie de la matinée à des échanges, en cinq groupes, explique Christian Cordonnier, le directeur général. L’objectif : faciliter le partage entre coopérateurs et administrateurs pour connaître leur avis, leurs attentes sur le rôle de leur coopérative. Chaque groupe sera animé par quatre administrateurs. » Pour cette journée, plus de 300 agriculteurs sont attendus, un record.
Des résultats au rendez-vous pour Terre Atlantique
Cette journée sera bien évidemment l’occasion de revenir sur l’exercice passé, marqué par un chiffre d’affaires et un résultat net en forte hausse (156 M€ et 1,439 M€), une récolte 2021 d’été décevante mais une belle collecte d’automne, une valorisation moyenne des sept productions principales en progression (300 €/t contre 213 € sur l’exercice précédent) et une volatilité des marchés qui a nécessité un pilotage renforcé. Pour 2023, le directeur général constate « un engagement plus faible des adhérents en prix moyen, comparé à l’an passé à la même date, alors que les prix sont, eux, plus hauts. Désormais, nous sommes à 50 % de prix moyen et 50 % de prix ferme, contre 60-40 l’an passé. » À noter les résultats positifs pour la cinquième année consécutive de la filiale Terre Atlantique Jardin.
Inquiétude pour les surfaces de multiplication de semences de tournesol
Alors que Terre Atlantique couvre près de 4 000 ha de production de semences, dont 1 800 ha en tournesol, « la contractualisation pour 2023 reste compliquée, confirme Jean-Yves Moizant, le président. Avec la hausse des surfaces en tournesol conso et le respect des distances d’isolement, il devient difficile, dans certains secteurs, de trouver des hectares propices à cette production. Et ce, malgré la revalorisation des contrats. » Quid, si les volumes ne sont pas au rendez-vous, de la rentabilité de la station de semences de la coopérative ?
La diversification des productions se poursuit
Terre Atlantique poursuit ses démarches de filières et projette même de se lancer dans une nouvelle, dédiée au blé dur. « En 2023, nous démarrons un partenariat avec Panzani pour leur filière blé dur responsable français. Objectif : leur livrer, dès la première année, 3 000 tonnes de blé dur », précise Christian Cordonnier. La coopérative poursuit aussi ses livraisons pour Harrys, avec 2 500 ha dédiés, soit plus du double en un an. Terre Atlantique s’intéresse également à l’Angélique, pour la fabrication d’huiles essentielles dont la commercialisation pourrait démarrer en 2023. Les tests autour du sésame et du chanvre se poursuivent. La production de miel atteint quant à elle 2,5 tonnes, pour 170 ruches réparties sur le territoire.
Un exercice 2022/23 à risques pour Terre Atlantique
L’exercice passé restera également marqué par une cyberattaque en juin 2022, « en pleine moisson, précise le directeur. Même si, au final, les conséquences ont été minimes, nous n’avons pas été 100 % efficaces pendant plusieurs semaines. La gestion du risque informatique au sein de l’entreprise était déjà une priorité, elle le restera. » Sur les douze derniers mois, les investissements représentent une enveloppe de 2,35 M€ : sur les sites de collecte, à la station de semences et sur le site de Ste-Même, désormais dédié à l’activité vigne. La coopérative compte poursuivre le développement des services aux adhérents : Be Api (11 300 ha), Sencrop… « L’exercice 2022/23 s’annonce à risques, conclut Christian Cordonnier. La volatilité des prix des matières premières reste d’actualité, renforcée par celle des énergies qui impacteront notre compétitivité. Mais un plan d’adaptation est mis en place pour gérer au mieux nos charges et viser la polyvalence maximale entre nos activités. »
Les chiffres de l’exercice 2021/22 :
- Chiffre d’affaires de 156 M€ contre 108,7 M€ un an plus tôt
- Résultat net de 1,439 M€
- Chiffre d’affaires appro de 40,08 M€ (+ 145 %)
- Collecte 2021 de 340 000 t : 300 000 t en 2020 et 260 000 t en 2022
- 4000 ha de production de semences dont 1800 ha en tournesol
- 2,3 M€ investis dans les outils