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Démarches bas carbone, des prix disparates

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Entre filières labellisées ou marché volontaire, les démarches « bas carbone »  fleurissent, avec des rémunérations contrastées. Le point avec Morgane Hénaff, experte transition bas carbone de l’agriculture, des filières et des territoires chez Agrosolutions.

Morgane Hénaff, experte transition bas carbone de l’agriculture, des filières et des territoires che - © D.R.
Morgane Hénaff, experte transition bas carbone de l’agriculture, des filières et des territoires che - © D.R.

Outre ses émissions, le secteur agricole peut aussi stocker du carbone dans la biomasse et dans les sols . « L’agriculture a la chance de pouvoir être rémunérée pour la mise en place de certaines pratiques bas carbone », explique Morgane Hénaff, experte transition bas carbone de l’agriculture, des filières et des territoires chez Agrosolutions, lors de l’Agroforum organisé par la coopérative Agora le 2 février.

De 20 à 75 €/tCO2.

Pour rémunérer l’agriculteur, plusieurs méthodes se développent avec des tarifs disparates, selon Morgane Hénaff :

  • Des primes filières, comme Oleo ZE, fondées sur le calcul de l’empreinte carbone du colza ou du tournesol offre une rémunération autour de 25 €/tCO2. Naturellement Popcorn alloue également une prime basée sur le stockage de carbone dans les sols, avec une rémunération qui atteindrait les 75€/tCO2.
  • Le marché carbone volontaire. Le label bas-carbone, lancé par le ministère de la Transition écologique, rémunérerait les agriculteurs à hauteur de 35 à 45 €/tCO2. La méthode CoolFarmTool, par Soil Capital, non certifié, vise une rémunération de 27 €/tCO2.

Le local et le soutien à l’agriculture

Les crédits carbones se négocient avec les entreprises. « Parfois extérieures au secteur agricole, elles ont un intérêt à s’orienter vers l’achat de crédit carbone pour réduire leur empreinte, poursuit-elle. Effet de marque, valeur locale, soutien de l’agriculture…, autant de raisons qui prennent de la place dans les stratégies RSE des différents groupes. »

Les projets sont rémunérés après la cinquième année. Ils doivent systématiquement respecter cinq critères : additionnalité (pratiques complémentaires aux pratiques usuelles), suivi par rapport à une référence (évolution du bilan carbone en cinq ans), vérification (audit complémentaire à réaliser), permanence (stockage du carbone permanent même après les cinq ans du projet) et non-double compte (éviter de vendre deux fois un même crédit carbone à deux entreprises).

La France ambitionne d’atteindre une neutralité carbone d’ici à 2050. L’agriculture est mise à contribution : le secteur vise une baisse de 20 % en 2030, 46 % en 2050.  En 2018, 19 % des gaz à effets de serres, GES, émis en France, provenaient du secteur agricole.