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Export, croissance, financement de sa transition… la filière amidonnière fait le point

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Malgré des coûts de production encore élevés, la filière amidonnière a poursuivi sa croissance en 2022, comme le confirment les chiffres présentés à l’occasion de l’assemblée générale de l’Usipa, le 28 septembre 2023. La structure prévient néanmoins sur l’enjeu de préserver sa compétitivité à l’export pour pouvoir financer sa transition, alors que le Gouvernement lui a demandé de revoir à la hausse ses ambitions de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.

L’Usipa a organisé son assemblée générale, le 28 septembre 2023, pour présenter le bilan de l’année  - © D.R.
L’Usipa a organisé son assemblée générale, le 28 septembre 2023, pour présenter le bilan de l’année - © D.R.

La reprise d’activité amorcée en 2021 s’est confirmée en 2022 pour la filière amidonnière. « Malgré un contexte inflationniste, le chiffre d’affaires a progressé de 4,8 %, pour s’établir à 3,3 Mrds €, ce qui conforte la place de la France en tant que première industrie amidonnière d’Europe », indique Mariane Flamary, déléguée générale de l’Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés, l’Usipa, en ouverture de l’assemblée générale de la structure, le 28 septembre 2023. La dynamique de la filière est, encore, largement portée par l’export, qui représente 75 % des ventes (+ 2 % par rapport à 2021), dont 71 % à destination de l’Union européenne. Les exports de produits amidonniers ont ainsi progressé de 20 %, en valeur, par rapport à 2021, après une croissance similaire entre 2020 et 2021.

Vigilance sur les accords de libre-échange

Compte tenu de l’importance de l’export pour le marché amidonnier français, l’Usipa se dit inquiète de potentielles distorsions de concurrence, notamment avec les Amériques et la Chine. Les ventes à destination de cette dernière ont ainsi chuté de 8,5 %, en raison de la politique anti-Covid locale, mais aussi d’un manque de compétitivité face aux producteurs chinois ne subissant pas les mêmes coûts de production. « Il est plus difficile de se battre sur ces secteurs, car nous n’avons pas les mêmes armes, explique Mariane Flamary. Nous suivons donc avec beaucoup d’attention tout ce qui pourrait nuire à notre compétitivité, notamment les différents accords de libre-échange en cours de discussion. »

Une deuxième feuille de route décarbonation déposée cet été

Une vigilance que la directrice générale de l’Usipa met également en rapport avec les efforts déployés par la filière pour faire preuve de sobriété. « Si notre compétitivité n’est pas préservée, nous ne pourrons pas financer notre transition », résume-t-elle. La filière amidonnière a ainsi été l’une des premières à rendre, en 2022, sa feuille de route décarbonation au Gouvernement. Celle-ci pose l’objectif de réduire de 35 % ses émissions d’ici à 2030. Avec une baisse de 16 % depuis 2015, les entreprises du secteur sont confiantes. « Fin 2022, le Gouvernement nous a demandé de reprendre le stylo pour écrire deux nouveaux scénarios de réduction de nos émissions, à hauteur de 40 et 50 %, explique Mariane Flamary. Cela représenterait respectivement 1,1 Mrd € et 1,4 Mrd € de déficit de production. Cela nécessitera donc un accompagnement financier. » Cette deuxième feuille de route a été déposée le 5 juillet 2023.

Inverser le mix énergétique

Pour atteindre ces objectifs revalorisés, trois axes ont été définis :

  • L’électrification des procédés : l’objectif est d’inverser le mix énergétique actuel (80 % de gaz et 20 % d’électricité). « Cela nécessitera une puissance électrique suffisante, prévient la directrice générale de l’Usipa. Les industries amidonnières tournent 24h/24, l’intermittence n’est pas une option. Le monde décarboné est un monde plus cher, mais reste à voir dans quelle mesure. Ce serait évidemment mieux si le coût de l’électricité ne faisait pas flamber nos coûts de production. »
  • Un recours accru à la biomasse énergie : « nous manquons encore de lisibilité à ce sujet, note Mariane Flamary. Nous avons besoin de règles nouvelles. »
  • La poursuite des efforts d’efficacité énergétique sur les sites.

Attente sur la réutilisation des eaux usées

En parallèle de l’enjeu énergétique, l’Usipa s’est dite très mobilisée sur celui de l’eau. La consommation des amidonniers a baissé de 13 % ces quatre dernières années. Pour aller plus loin, la profession rappelle attendre vivement la publication des textes permettant la réutilisation des eaux usées traitées dans les industries agroalimentaires. « Les derniers échanges que nous avons eus parlent d’une publication fin octobre, indique Mariane Flamary. Nous sommes assez inquiets suite aux échos que nous avons eus, nous souhaitons que le texte permette de libérer les initiatives. »

 

Hectares cultivés par la filière amidonnière :

  • blé : 400 000 hectares
  • maïs : 200 000 hectares
  • pommes de terre : 23 000 hectares
  • pois protéagineux : 25 000 hectares

Soit 5,9 Mt de matières premières, dont 97 % françaises.