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Malgré une reprise d’activité, la filière amidonnière serre les dents face au coût de l’énergie

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Sans surprise, le coût de l’énergie et des matières premières était au cœur de la conférence de presse de l’Usipa, en amont de son assemblée générale, le 29 septembre. La filière affiche néanmoins une reprise d’activité par rapport à 2020 et se mobilise pour décarboner son activité. Des perspectives que le contexte actuel pourrait fragiliser.

Claude Risac et Mariane Flamary, respectivement président et déléguée générale de l’Usipa, le 29 sep - © D.R.
Claude Risac et Mariane Flamary, respectivement président et déléguée générale de l’Usipa, le 29 sep - © D.R.

Après une année 2020 difficile en raison de l’épidémie de Covid, l’Union des syndicats des industries des produits amylacés, Usipa, s’est réjouie, le 29 septembre 2022, en amont de son assemblée générale, de la reprise d’activité en 2021. Le chiffre d’affaires de la filière amidonnière s’établit à 3,2 Mrds € ; c’est 9,2 % de plus qu’en 2020. 500 000 tonnes supplémentaires de matières premières ont ainsi été transformées, soit 6,5 Mt. « Le marché français, qui représente 27 % du chiffre d’affaires, a tiré la demande, précise Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa. Ces chiffres confirment la place de leader de la France qui pèse pour 30 % de l’amidon produit en Europe. »

Les coûts de production flambent

Une reprise d’activité néanmoins obscurcie par le contexte économique et géopolitique actuel. « Les inquiétudes liées au coût de l’énergie et des matières premières prennent malheureusement trop de place », pose Mariane Flamary. L’industrie amidonnière consomme en effet près d’un quart du gaz mobilisé par les industries agroalimentaires. Les coûts de production liées aux matières premières sont estimés, pour leur part, en hausse de dix points, et pourraient représenter, selon les entreprises, entre 50 et 70 % de la facture totale de production de l’amidon. Alors que 73 % du chiffre d’affaires est réalisé à l’export, les craintes pour la compétitivité de la filière montent en flèche. « Nous parlons de factures de gaz de plusieurs millions d’euros, si on leur applique un facteur de deux ou trois, ce ne sera pas sans conséquence », appuie la déléguée générale de l’Usipa.

Renégocier les aides européennes

Les inquiétudes sont d’autant plus grandes que le Gouvernement a annoncé un plan de rationnement de l’énergie. Tout comme leurs collègues de La Coopération agricole quelques jours avant, les représentants de l’Usipa demandent à être exemptés de cette mesure, car « satisfaisants aux besoins essentiels de la nation ». « Rationner une industrie qui a déjà fait des efforts pour optimiser ses process, c’est prendre le risque de créer une pénurie dans les rayons et les pharmacies », prévient Mariane Flamary. La filière souhaite également que les aides prévues soient prolongées sur 2023, que les plafonds des aides soient doublés, et que la filière soit réintégrée dans la catégorie des industries énergivores. « Le ministre de l’Économie s’est engagé à porter ces demandes, mais tout cela se décide au niveau européen », glisse Mariane Flamary.

Finalisation de la feuille de route décarbonation

Un contexte difficile qui renforce la volonté de la filière à atteindre ses objectifs de décarbonation. La feuille de route dédiée a été finalisée cette année. Elle doit permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre des industries amidonnières de 35 % d’ici à 2030 par rapport à 2005. « Nous avons déjà baissé nos émissions de 12 % entre 2015 et 2020, soit 168 000 tonnes de rejets de CO2 évitées se félicite Mariane Flamary. Les premières tonnes sont les plus faciles, le plus dur nous attend », reconnaît-elle néanmoins. L’éléctrification, le recours à des chaudières à biomasse ou la méthanisation à base de drêches font partie des leviers prévus. La compétitivité de la filière sera néanmoins déterminante pour poursuivre ces investissements.

Enfin, l’Usipa souhaite également optimiser sa consommation d’eau, et attend dans ce sens, avec impatience, le décret permettant de mettre en place des expérimentations de réutilisation d’eaux usées traitées, dans le secteur agroalimentaire.

La filière amidonnière alerte sur les impacts de la sécheresse

La sécheresse de l’été ne sera pas sans conséquences pour la filière amidonnière. Si l’impact de la baisse de production de blé est notable mais maîtrisable, la situation est toute autre pour le maïs, qui sert également à fabriquer de l’amidon. En 2021, 1,9 Mt ont été mobilisées à cet effet. « La campagne s’annonce catastrophique, explique Marie-Laure Empinet, directrice des relations extérieures chez Roquette et ancienne présidente de l’Usipa. À cela s’ajoute le fait que nous sommes en marché fermé dans l’Europe, car la culture est sans OGM. En plus, le maïs se sèche, donc cela va aussi augmenter les coûts. » Les inquiétudes sont également très fortes pour les pommes de terre. « Les récoltes ont chuté de 20 %, donc notre production de fécule également. La visibilité sur 2023 est très compliquée, ce sera une année comme nous n’en avons jamais vu, annonce Marie-Laure Empinet. L’État doit donner des aides pour que les cultures de printemps restent attractives. »