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Réutilisation des eaux usées, ça coince du côté du ministère de la Santé

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Alors que la publication du décret permettant la mise en place d’expérimentations de réutilisation d’eaux usées traitées, dans les secteurs agricole et alimentaire se fait attendre, plusieurs sources évoquent des blocages au niveau du ministère de la Santé. Ce dernier confirme sa vigilance à ce sujet.

Réutilisation des eaux usées, ça coince du côté du ministère de la Santé
Réutilisation des eaux usées, ça coince du côté du ministère de la Santé

Les semaines passent, et le décret encadrant l’expérimentation de la réutilisation des eaux usées traitées, dans le secteur agroalimentaire, se fait toujours attendre. Depuis son annonce, en mars, l’impatience grandit sur le terrain. « Nous attendons, nous avons compris qu’il y avait des inquiétudes d’ordre sanitaire, réagissait Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa, en marge d’une conférence de presse organisée le 29 septembre. Nous sentons le ministère de la Santé inquiet, assez rétif. » D’autres acteurs du secteur agricole semblent d’ailleurs confirmer cette situation de blocage au niveau du ministère de la Santé. C’est notamment le cas de Luc Servant, responsable du dossier environnement à Chambres d’agriculture de France, joint par Référence Agro. « Nous voudrions que les choses avancent, plaide-t-il. L’exemple de pays déjà engagés à ce niveau peuvent donner des gages sur ces pratiques. »

Un enjeu sanitaire « très important » pour le ministère de la Santé

Contacté par Référence Agro, le ministère de la Santé confirme être « vivement impliqué dans les discussions sur l’élaboration du décret ». Interrogé sur ses inquiétudes éventuelles en la matière, le ministère indique être « vigilant sur la prise en compte des aspects sanitaires ». Et appuie : « l’enjeu sanitaire lié au développement de la réutilisation des eaux usées traitées est important, voire très important en fonction des usages et donc des voies d’exposition ». Le ministère assure ainsi qu’il « régulera, avec le ministère chargé de l’agriculture les pratiques possibles dans le secteur agroalimentaire ».

Un point, organisé la semaine dernière avec les parties prenantes, n’a semble-t-il pas permis de décoincer le dossier. Le ministère de l’Agriculture n’a, pour sa part, pas donné suite à notre demande d’informations sur l’avancement de ce sujet.

Les coopératives mobilisées

Dans les filières agricoles, l’impatience est aussi forte que l’envie d’expérimenter ces nouvelles pratiques, après une sécheresse estivale qui a fait beaucoup de dégâts. « Sur les sites amidonniers, nous avons des sites d’épuration, nous sommes en mesure de traiter l’eau, je n’ai pas de doute sur les résultats positifs d’une telle initiative », indique Mariane Flamary. Déjà, des coopératives ont choisi de ne pas attendre l’évolution de la réglementation pour s’investir, en faisant appel au guichet France Expérimentation. C’est notamment le cas de Vivadour et la Cooperl. A noter qu’un rapport du CGAAER, publié en juin 2022, sur la gestion de l’eau, appeler à davantage explorer la réutilisation des eaux usées.