Référence agro

Fonds Avenir bio, 15 bougies sur fond de recherche d’un second souffle pour la filière

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Lancé en 2008 pour stimuler la filière bio, le fonds Avenir bio fêtait son quinzième anniversaire le 7 décembre, à Paris. Dans un contexte morose pour le label, les débats sont revenus régulièrement sur les besoins d’un secteur cherchant avant tout à se stabiliser.

Julie Stoll (DG de Commerce équitable France), Arnaud Lecuyer (vice-président de la Région Bretagne) - © D.R.
Julie Stoll (DG de Commerce équitable France), Arnaud Lecuyer (vice-président de la Région Bretagne) - © D.R.

Quand le fonds Avenir bio a été lancé, dans la foulée du Grenelle de l’environnement, en 2008, le bio représentait 2 % de la SAU française. Un chiffre aujourd’hui multiplié par cinq, notamment grâce à ce fonds, qui a octroyé 95 millions d’euros à près de 300 projets de filière. Ces chiffres ont été largement mis en avant le 7 décembre, à l’occasion des 15 ans d’Avenir bio.

Une enveloppe multipliée par six

Le fonds, en lui-même, a de l’avenir. Son budget a été régulièrement augmenté par le gouvernement au fil des années, et atteindra les 18 M€ en 2024, contre 3 M€ en 2008. Le contexte interroge, toutefois, sur les projets à accompagner demain, alors que le bio traverse une importante crise de consommation. « Le fonds a permis à des coopératives de développer de nombreux projets intéressants, explique Bastien Fitoussi, responsable filières biologiques à La Coopération agricole. Mais il faut aujourd’hui parler de cette dynamique au passé. »

Des installations qui tournent au ralenti

Formulé plus concrètement : de nombreux opérateurs ne parlent plus de développement, mais s’inquiètent de la pérennité de l’existant. « Il y a quelques années, le bio a été en haut des priorités de Terrena, pose Jérôme Caillé, président de TerrenaBio. Ce n’est pus le cas. En dix ans, des usines sont sorties de terre, et nous devons veiller avant tout à ce qu’elles ne ferment pas. » Claire Dimier-Vallet, déléguée générale adjointe du Synabio, syndicat des transformateurs bio, rebondit : « Les industriels n’investissent plus, et la priorité est d’assurer une maintenance qui permette aux installations, parfois au ralenti ou à l’arrêt, de redémarrer aussitôt que la demande repartira. »

Faut-il faire évoluer Avenir bio ?

Le fonds doit-il changer de nature, et soutenir des projets « de maintien de filière », plutôt que d’en créer de nouvelles ? Pour Jérôme Caillé ou Claire Dimier-Vallet, la priorité est bien là. Le directeur des achats de Biocoop, Philippe Bernard, estime de son côté qu’il y a encore de la place pour de nouveaux projets qui sauraient s’adapter à l’attente du consommateur. «  Aujourd’hui, c’est le local qui est vendeur, glisse-t-il. Associer ce critère avec le bio me semble porteur. » Sous-entendu : c’est désormais à l’Agence bio, qui coordonne l’attribution des aides d’Avenir bio, de s’adapter en aiguillant les financements vers les filières cochant les bonnes cases.