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La CGB estime les betteraviers « toujours aussi désarmés face à la jaunisse »

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Malgré une campagne 2023/24 qui s’annonce rentable, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) reste vigilante. Le 28 novembre, lors d’un point presse, ses dirigeants se sont notamment inquiétés de l’impasse phytosanitaire contre la jaunisse, et de possibles reculs de prix.

Nicolas Rialland et Franck Sander, respectivement DG et président de la CGB. - © D.R.
Nicolas Rialland et Franck Sander, respectivement DG et président de la CGB. - © D.R.

Franck Sander, président de la CGB, n’a pas caché une forme de satisfaction, le 28 novembre face à la presse, au moment de commenter la campagne betteravière 2023/24. Le syndicat se projette sur un rendement moyen à 83 tonnes à 16° par hectare, au dessus des « niveaux faibles de 2022/23 » (77 t à 16°/ha). La production devrait atteindre les 31,5 Mt et donc légèrement dépasser la campagne précédente (31 Mt), malgré un recul des surfaces d’environ 5 %.

Pas d’euphorie pour la CGB malgré la rentabilité

« Une belle campagne » (dixit Franck Sander) qui s’inscrit dans un contexte porteur. « Le marché mondial est en déficit pour la cinquième année d’affilée, la production globale recule, analyse Nicolas Rialland, DG de la CGB. La campagne betteravière 2023/24 présentera des niveaux de rentabilité qui n’avaient pas été atteints depuis longtemps. » Loin de céder à l’euphorie, le syndicat a toutefois listé différents points de vigilance.

Pour commencer, la campagne en cours n’est pas terminée, et la météo retarde significativement les arrachages, en particulier dans les Hauts de France. Les betteraviers guettent les prévisions en espérant qu’une forte période de gel ne viendra pas prendre le relai des épisodes pluvieux récents. « Plusieurs usines tournent au ralenti, avertit Nicolas Rialland. S’il fallait en mettre à l’arrêt, pour les faire repartir plus tard, les coûts seraient importants. »

Une filière encore vulnérable face à la jaunisse

La deuxième alerte concerne la jaunisse. La France a été relativement épargnée, un seul foyer significatif étant recensé autour de Chartres. « Ce sera quelques milliers d’hectares impactés, les estimations sont en cours, et les modalités de soutien du gouvernement ne sont pas encore connues dans le détail », précise Nicolas Rialland. Alors que le PNRI a été reconduit pour trois ans, la CGB estime que les solutions techniques ne sont pas encore au rendez-vous. « Sans néonicotinoïdes, nous sommes aussi désarmés aujourd’hui qu’en 2020 », glisse Franck Sander.

Le troisième point d’attention est plus économique. « Le niveau du marché du sucre, et dans une moindre mesure de l’éthanol et de la pulpe, devrait permettre une rémunération moyenne de la betterave à 55 €/t, analyse Nicolas Rialland. Ce montant élevé est nécessaire, compte tenu de la hausse structurelle des charges de production. » La CGB appelle donc à une « maîtrise des surfaces betteravières » au niveau de l’Europe. Une augmentation de la sole, combinée à de bons rendements, pourrait rendre l’UE de nouveau excédentaire, entraînant un recul des prix.

Haro sur le sucre ukrainien

De la même manière, la CGB s’inquiète d’une inondation du marché européen par le sucre ukrainien. « Avant 2023, les volumes en provenance d’Ukraine tournaient autour de 20 000 t, rappelle Nicolas Rialland. En 2023/24, ce devrait être plus de 700 000 t. » La CGB attend de l’UE qu’elle protège son marché de ces volumes, en les ré-exportant : « La demande existe ailleurs, plaide le DG de la CGB. En Europe, ce sucre concurrence les filières locales, qui ne bénéficient pas des mêmes moyens de production. »