Le bioéthanol garde des perspectives, selon le Syndicat national des producteurs d’alcool agricole
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Entre un rapport salé de la Cour des comptes et le maintien annoncé du plafond d’intégration des biocarburants dans le mix énergétique européen, l’année 2022 marque-t-elle un virage compliqué pour la filière bioéthanol ? La réalité est plus nuancée et moins terne, selon le Syndicat national des producteurs d’alcool agricole. Explications.
La révision de la directive sur les énergies renouvelables est actuellement en cours de discussion entre le Parlement et le Conseil européen. Un séance de négociation, la quatrième sur ce texte, est prévue pour le 14 décembre, mais selon nos informations, les échanges continueront en 2023. Parmi les sujets faisant a priori consensus entre les deux instances, et qui ne devraient donc plus évoluer, se trouve le maintien du plafond d’intégration des biocarburants à 7 % jusqu’à 2030, dans le mix énergétique des États membres. Interrogé par Référence agro, l’ingénieur responsable du dossier au Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA), Nicolas Kurtsolglou, précise que la reconduction de ce plafond offre malgré tout des perspectives nouvelles pour les biocarburants : « Désormais, ce chiffre concerne tous les transports, y compris aériens et maritimes, ce qui n’était pas le cas auparavant. » Les 7 % sont maintenus, mais concernent donc un marché plus important.
Des parts de marchés en hausse pour le bioéthanol
Les chiffres de ventes du bioéthanol continuent de progresser en France, qu’il s’agisse du SP95-E10 (+30 % en 2022) ou du superéthanol E85 (+76 %) (1). Nicolas Kurtsoglou rappelle que la filière française n’importe pas de matière première pour produire : elle s’appuie sur le blé, maïs et betteraves fournis par 50 000 agriculteurs, sur 0,7 % de la SAU française. Selon ses mots, cette filière « se porte bien », contrairement à ce que la Cour des comptes pouvait laisser entendre dans un rapport daté de janvier 2022. Nicolas Kurtsolglou indique ainsi à Référence agro que le document comprend « un certain nombre d’omissions, voire d’erreurs », que le SNPAA a fait connaître à la juridiction, sans retour pour le moment.
« Omissions et erreurs » de la Cour des comptes
La Cour des comptes estimait par exemple que l’évaluation des émissions de GES dans les transports dues aux biocarburants ne prenait pas suffisamment en compte le changement indirect d’affectation des sols, Casi, imputable à cette filière. « Le rapport oublie de préciser que les Casi ne sont très défavorables qu’aux biocarburants produits à partir de palme et de soja, réagit Nicolas Kursoglou. En France, nous n’utilisons pas ces cultures. »
Après les chambres d’agriculture de Centre-Val de Loire et du Grand Est, c’est donc un autre acteur du monde agricole qui dénonce le travail de la Cour des comptes.
(1) Le SP95-E10 contient jusqu’à 10 % de bioéthanol ; le superéthanol E85, jusqu’à 85 %.