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« Le marché français du carbone a été chamboulé par les scandales à l’étranger », Samuel Vandaele, FCAA

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Samuel Vandaele, ex-président de JA et désormais président de la société France Carbone Agri, détaille pour Référence agro les réussites et perspectives de la plus grande plateforme française de crédits carbone d’origine agricole.

Samuel Vandaele, président de FCAA, et Dominique Chargé, président de LCA. - © D.R.
Samuel Vandaele, président de FCAA, et Dominique Chargé, président de LCA. - © D.R.

Référence agro : Vous aviez annoncé il y a un an le lancement d’un troisième appel à projets : où en êtes vous aujourd’hui ?

Samuel Vandaele : Les trois premiers appels à projet, déjà labellisés et en cours de développement, représentent l’équivalent de 3000 exploitations. Nous observons une moyenne de 650 et 750 tonnes de carbone économisé par exploitation, soit environ 2 millions de tonnes de crédit carbone générées au total. Nous sommes en train de déposer le quatrième appel à projet, qui devrait représenter entre 100 et 150 exploitations, pour une labellisation attendue en fin d’année. Les versements intermédiaires des premiers appels à projets, qui ont eu lieu en mars dernier, ont par ailleurs permis de constater que les agriculteurs se prennent au jeu, et qu’un certain nombre vont un peu plus loin que les mesures prévues dans le projet initial. Ces versements atteignent en moyenne 10 000  euros par exploitation, avec de grands écarts bien sûr en fonction du profil des porteurs de projet.

RA : Avez-vous réussi à vendre les crédits carbone issus des projets déjà labellisés ?

S.V. : Le marché du carbone a été un peu chamboulé au printemps dernier, avec la remise en cause d’un certain nombre de méthodologies, et notamment du système Verra. Même si nous ne travaillons pas avec Verra, mais avec les méthodes du label bas carbone français, nous avons été le dommage collatéral. Nous avons donc dû refaire un travail de pédagogie auprès des entreprises pour rappeler que nos méthodes sont approuvées par le ministère de la transition écologique. Nous attendons tout de même de bonnes nouvelles d’ici à la fin de l’année. Nous avons répondu à des appels d’offre liés à la réglementation sur les usines à charbon et le transport aérien, ainsi qu’aux besoins des organisateurs des Jeux olympiques. En cas de réponse positive, nous espérons des achats qui pourraient atteindre 200 à 300 000 tonnes de carbone.

RA : Quelles sont vos autres perspectives de développement ? Pourriez-vous être freinés par les crédits carbone d’autres secteurs, notamment de la forêt ?

S.V. : Nous travaillons actuellement sur le renforcement de la traçabilité, pour accompagner les entreprises agroalimentaires doivent justifier de leurs émissions de scope 3 (émissions indirectes). En clair, nous aimerions accompagner demain ces acteurs pour leur offrir un suivi complet sur toute une filière, en affichant un bilan précis de la farine du pain, ou de la viande de steak haché. Nous attendons aussi de nouvelles méthodes du label bas carbone. Celle dédiée à la viticulture devrait être validée d’ici à la fin de l’année. Seules manqueront ensuite les méthodes concernant le porc ou la volaille.

Nous sommes partiellement en concurrence avec la forêt sur certains appels à projets, mais les règles sont assez bien définies par les acheteurs qui détaillent combien de crédit ils souhaitent acheter auprès de chaque secteur. C’est un marché encore naissant que nous participons à construire, et toutes les méthodes y ont leur place.