Les producteurs bio appellent à l’interdiction du prosulfocarbe
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Alors que les désherbages d’automne sur les céréales ont démarré, les producteurs bio appellent les préfets de département à interdire temporairement le prosulfocarbe sur leur territoire. Cet herbicide volatile, qui contamine leurs parcelles, a entraîné l’an passé, selon la Fnab, la destruction de récoltes d’une valeur de 80 000 euros.
Dans un communiqué daté du 15 octobre, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), annonce s’allier aux coopératives agricoles bio et à l’association Générations futures pour « demander aux préfets l’interdiction immédiate et temporaire de tous les produits à base de prosulfocarbe afin d’éviter de nouvelles destructions de récoltes biologiques ».
Une molécule très volatile
Le prosulfocarbe, molécule herbicide en cours de réévaluation au niveau européen et dont l’approbation a été prolongée jusqu’au 31 octobre 2022, est connue pour sa volatilité. La campagne nationale exploratoire de mesure des résidus de pesticides dans l’air extérieur, menée de juin 2018 à juin 2019, a montré qu’elle faisait partie des neuf substances actives les plus fréquemment détectées. Cette volatilité explique entre autres certaines non-conformités de résidus de pesticides relevées par la DGAL : les contaminations de voisinage par dérive aérienne ne sont pas rares. En juin dernier, la Fnab, Biocer, Forebio et Générations Futures révélaient que des agriculteurs bio du nord-ouest de la France avaient vu leurs récoltes de sarrasin et de chia contaminées par du prosulfocarbe, utilisé sur des parcelles conventionnelles voisines. Selon la Fnab, des destructions de récolte ont dû avoir lieu, d’une valeur de 80 000 euros, et aucune indemnisation n’a pu être mise en œuvre, faute d’identification des responsables à l’origine de la pollution.
Douze préfets saisis
Les producteurs bio avaient demandé en juin la suspension des autorisations de mise sur le marché des produits à base de prosulfocarbe, mais n’ont pas obtenu de réponse. Alors que les désherbages d’automne sur les céréales ont commencé, ils en appellent dès lors aux préfets de douze départements*. « La réglementation sur les produits phytopharmaceutiques prévoit qu’en cas de risque exceptionnel et justifié, l’utilisation des produits peut être restreinte ou interdite par arrêté préfectoral », précise la Fnab, qui conclut que « les préfets ont deux mois pour agir et éviter de nouvelles contaminations ! »
*Mayenne, Sarthe, Loire-Atlantique, Yonne, Orne, Côtes-d’Armor, Maine-et-Loire, Vendée, Ille-et-Vilaine, Loiret, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher.