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Nicolas Barjot, InVivo, « La circulation sur le Rhin reste très complexe »

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Début juillet, Nicolas Barjot, directeur d’exploitation sur le site d’Ottmarsheim d’InVivo, dans le Haut-Rhin, évoquait pour Référence-agro son inquiétude sur le niveau des basses eaux du Rhin. Près de deux mois après, la situation reste tout aussi critique. En août, le site a enregistré près de 35 % d’activité en moins. Du jamais vu !

Nicolas Barjot, InVivo, « La circulation sur le Rhin reste très complexe »
Nicolas Barjot, InVivo, « La circulation sur le Rhin reste très complexe »

« Le Rhin, la Moselle, le Danube et tous les cours d’eau majeurs de la grande région de l’Est sont toujours impactés par les basses eaux », constate Nicolas Barjot, directeur d’exploitation sur le site d’Ottmarsheim d’InVivo. Déjà, début juillet , la situation inquiétait. Depuis, elle s’est aggravée. « Nous avons connu juste une accalmie autour du 19 août, suite à des orages dans les Alpes. Quelques navires ont pu circuler mais au final, sur le mois d’août, nous enregistrons une baisse d’activité de l’ordre de 35 %. Sur le site de Metz, le recul atteindrait même 50 à 65 %. Sur le Rhin, nous sommes bien au-delà du 100 % des basses eaux, un phénomène exceptionnel. Pour circuler, les bateaux ont besoin d’au moins 4,5 m d’eau : là, nous sommes à peine à 3,8 m. »

Sérieuse concurrence de l’Allemagne

Deuxième problème évoqué par Nicolas Barjot, « la crise de l’énergie qui soutient la forte demande de l’Allemagne en charbon. Ils se positionnent sur tous les navires, à n’importe quel prix, pour acheminer cette matière première, constate-t-il. À l’approche de l’hiver, cela devrait encore s’accentuer. Le prix de vente du charbon est tellement élevé qu’ils peuvent tout se permettre au niveau du coût du fret. Difficile de se projeter dans un contexte aussi irrationnel ! »

Camions et trains ne compensent pas tout

Conséquence directe de cette situation : les silos du site d’Ottmarsheim, d’une capacité de 120 000 tonnes, sont pleins. « Il reste encore un peu de maïs de la récolte 2021 à évacuer mais nos cellules sont remplies de blé, de colza… et déjà, de tournesol de la nouvelle récolte ! « Heureusement », les rendements sont attendus en recul pour le tournesol et le maïs mais le problème de place est quand même bien réel. Les OS stockent au maximum dans leurs propres silos et la livraison de certains contrats a déjà pris du retard. Si d’ici à mi-octobre, la situation s’améliore, tout peut alors aller très vite… si bien sûr, nous réussissons à réserver des bateaux. » En attendant, les évacuations des silos par camions se multiplient. « Certains clients vont même charger directement des tourteaux en Allemagne ou aux Pays-Bas, poursuit-il. Les trains fonctionnent également mais les lignes sont très vite saturées et manquent trop souvent de flexibilité. »