Plan protéines, un renforcement des aides attendu par la filière légumineuse
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Si le consensus est de mise sur le rôle des légumineuses dans la transition agroécologique, les défis à relever, économiques et de production, sont de taille. Une revalorisation des fonds du plan protéines est attendue par les acteurs du secteur.
Les 20 M€ du plan protéines dédiés aux agroéquipements pour développer les protéines végétales n’ont pas fait long feu. « En 48h le guichet était fermé, c’est satisfaisant mais cela nous questionne sur l’adéquation entre ces fonds et les besoins de la structuration des filières de légumineuses à graine », réagit Laurent Rosso, directeur de Terres Univia et Terres Inovia, à l’occasion des Rencontres francophones légumineuses, organisées du 24 au 26 février 2021. Des travaux sont en cours pour mettre en place un nouvel appel à projets. « Nous souhaitons que ce prochain dispositif soit davantage focalisé sur les légumineuses à graines, et notamment sur le tri », poursuit Laurent Rosso. En effet, les fonds de la première enveloppe sont allés en majorité vers la fenaison dans le Centre de la France. En ce qui concerne les 56 M€ dédiés à la structuration des filières, 20 ont déjà été consommés. « Cela demande plus de temps car ce sont des investissements collectifs », indique le directeur des instituts techniques, qui ne cache pas son attente d’un renforcement général des moyens.
Avoir les capacités de produire mais aussi de transformer
Des fonds qui ne seront pas de trop pour enclencher la dynamique. « Cela serait illusoire de penser que les annonces politiques influencent les intentions de semis, il y a une tendance de fond favorable, mais celle-ci ne sera pérenne qu’en présence d’une capacité d’investissement des opérateurs dans la transformation, la distribution », prévient David Gouache, directeur de recherche chez Terres Inovia. Alors que les légumineuses ne représentent actuellement que 2 à 3 % de la surface agricole utile en grandes cultures, il défend une progression autour de 12 %, qui permettrait d’atteindre l’autonomie. « Le plan protéines est une étape dans ce sens, mais attention à ce que cela ne se fasse pas au détriment du colza ou du tournesol. Nous devons plutôt aller sur les surfaces de céréales à paille, cela ne nuirait pas à la vocation exportatrice de la France et apporterait un équilibre agronomique intéressant », assure-t-il.
Changement de paradigme
Pour faire monter en puissance les légumineuses, les systèmes économiques et de production devront connaître des changements structurels. « Une des voies pour passer d’une production de niche à une production mainstream est de développer les associations de légumineuses avec d’autres cultures, ce qui impose de revoir les chaînes de collecte et de stockage », pose Eric Justes, directeur de la division agriculture du Cirad. De son côté, Bérangère Julier, chercheuse à l’Inrae, insiste sur le levier des prairies temporaires. « Elles ne doivent pas uniquement se composer de graminées, nous devons y augmenter la part des légumineuses, qui permettent également de limiter la pression adventices et bénéficient aux cultures suivantes grâce aux résidus azotés. »
Un modèle économique à construire
Attention néanmoins à ne pas vouloir aller trop vite. « Cette première étape, au cours des deux prochaines années, doit permettre de ne pas risquer de retour en arrière, comme cela a pu être le cas avec la lentille, explique Laurent Rosso. Oui il y a un boom mais à nous de trouver le juste équilibre, avec un modèle économique viable et des débouchés. »