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Bio, la Chambre du Nord-Pas-de-Calais épinglée à son tour par la Cour des comptes

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Un rapport de la Cour des comptes, daté du 8 septembre, s’intéresse au fonctionnement de la Chambre d’agriculture interdépartementale du Nord-Pas-de-Calais. Celle-ci y est critiquée pour ses « réticences » à enclencher une transition agroécologique, symbolisées par une filière bio insuffisamment accompagnée. Deux chambres régionales avaient reçu un avis similaire l’an passé.

Bio, la Chambre du Nord-Pas-de-Calais épinglée à son tour par la Cour des comptes
Bio, la Chambre du Nord-Pas-de-Calais épinglée à son tour par la Cour des comptes

Les chambres d’agriculture ont toutes droit, à tour de rôle, à un rapport de la Cour des comptes, rédigé dans le cadre du contrôle des organismes bénéficiant de concours financiers publics. Un document qui ne s’arrête pas aux aspects organisationnels des chambres, allant jusqu’à des recommandations d’ordre stratégique. Le 8 septembre, le rapport consacré à la Chambre interdépartementale du Nord-Pas-de-Calais évoque le manque de moyens alloués au bio.

La HVE plutôt que le bio ?

La Cour des compte fait, plus globalement, le constat d’une « mobilisation réduite en appui à l’agroécologie », qui se manifeste notamment par une « résistance aux mesures de réduction des intrants de synthèse ». Le rapport cite des motions et déclarations d’élus, entre 2016 et 2018, qui traduisent cependant plus une inquiétude face à la pression sociétale sur le sujet des phytos, qu’une véritable opposition à l’idée de faire reculer les usages. Les auteurs du document déplorent un « intérêt tardif de la Chambre » pour l’agroécologie, qui « bénéficie surtout à la haute valeur environnementale ». Par contraste, le rapport insiste sur les « réticences » vis-à-vis du bio, la Chambre étant jugée « peu mobilisée ». En 2022, 6,5 ETP y sont consacrés, « ce qui reste limité sur près de 200 ETP au total pour la structure », peut-on lire dans le document.

Le président de la Chambre du Nord-Pas-de-Calais répond

La Cour des comptes, qui émet en tout quatre recommandations pour la Chambre, en cible une spécifiquement sur cet enjeu : « fixer et réaliser des objectifs de nombre d’exploitants accompagnés en agriculture biologique dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. » Contacté par Référence agro, le président de la Chambre, Christian Durlin, affirme ne par rougir de l’action de ses équipes. « Nous partons de plus loin que d’autres régions, avance-t-il. Le nombre de surfaces bio [1,7 % pour le Pas-de-Calais, 4,1 % pour le Nord en 2020, ndlr] peut donc sembler en-deçà de certains objectifs politiques, mais il a connu une belle croissance et correspond à la réalité économique et agronomique. Tout agriculteur souhaitant se convertir ou s’installer en bio est accompagné. » Il rappelle de plus le contexte incertain autour du bio, et le fait que certaines filières invitent plutôt à ralentir sur les conversions.

Ce type de posture n’est pas nouvelle de la part de la Cour des comptes. L’année passée, les chambres du Grand Est et du Centre-Val de Loire étaient ainsi elles aussi invitées à mieux accompagner les filières bio. Les réponses des élus de ces deux chambres marquaient un certain scepticisme sur les constats de la Cour des comptes, évoquant des « trompe-l’œil », des « biais » et des « raccourcis ».