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Climat, l’agriculture française peut mieux faire, selon le HCC

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Pour les auteurs du rapport du Haut conseil pour le climat, HCC, publié le 30 juin, l’agriculture doit accélérer ses actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur. Ils notent toutefois des efforts des exploitants depuis une dizaine d’année, à accentuer.

Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.
Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.

Les émissions du secteur agricole ne diminuent pas assez vite pour respecter les objectifs de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC2), selon le rapport annuel du Haut conseil pour le climat, HCC, publié le 30 juin. La SNBC 2 vise une baisse de 17 % des émissions de gaz à effet de serre, GES, du secteur en 2030 par rapport à 2015 et de 45 % à l’horizon 2050. Le compte n’y est pas pour le HCC. Si les émissions du secteur agricole ont diminué de 9,8 % depuis 1990, le poids du secteur dans les émissions totales a, lui, augmenté de deux points.

GES, 83 Mt éq CO2

Le rapport du HCC indique qu’en 2019, l’agriculture a émis 83 Mt éq CO2 en 2019, soit 19 % des émissions totales de GES de la France, dont 45 % de méthane, 42 % de protoxyde d’azote et 13 % de CO2. Les émissions de méthane ont baissé de 1,6 %, du fait de la réduction du cheptel (- 2,3 % entre 2018 et 2019). Celles de protoxyde d’azote ont reculé de 0,7 % malgré une baisse de 14,4 % de la livraison des engrais minéraux azotés en 2018-19 par rapport à la campagne précédente. « Il semble donc que les agriculteurs aient épandu plus d’engrais azotés qu’ils n’en ont acheté, probablement du fait de fluctuations des prix relatifs des engrais azotés et des productions végétales », analysent les auteurs.

La France rattrape son retard en Europe

Le rapport reconnaît toutefois que les efforts des agriculteurs se sont accélérés ces dernières années. Si la France était en retard sur les États membres depuis 1990, la situation s’est inversée depuis 2010. « Sur la dernière  décennie, les émissions  du  secteur agricole français ont diminué, alors que celles des pays de son  voisinage stagnent voire sont en légère hausse », indique le HCC. La France conserve néanmoins un certain retard. Tous GES confondus, la baisse des émissions nationale est de 9 % en 2018 par rapport à 1990 contre 22 % pour l’Allemagne et 12 % pour l’Italie. Les Pays-Bas montrent des progrès importants avec - 20 % sur la période. Seule l’Espagne a vu ses émissions croître sur ce laps de temps de 12 %, en partie à cause de l’augmentation de son cheptel bovin et porcin.

Un potentiel de stockage de carbone plus faible que prévu

Le rapport analyse également les capacités de stockage de carbone du secteur, en dessous des espérances. « Les sous-secteurs des forêts, des prairies et de l’artificialisation des sols sont responsables d’un stockage net de carbone plus faible qu’anticipé au moment de l’élaboration de la SNBC2 », explique les auteurs. Composé des prairies permanentes, haies, prairies arbustives et bosquets, leur capacité nette de stockage n’atteint plus que la moitié de leur potentiel des années 1990, soit 7,5 Mt éqCO 2 en 2019 contre 13 Mt éqCO 2 en 1990, suite à des conversions importantes en terres cultivées. Toutefois, ces terres cultivées, catégorie qui comprend les prairies temporaires (prairies de cinq ans ou moins), stockeraient davantage de carbone du sol que par le passé.

Artificialisation des sols et déforestation importée

Par ailleurs, l’artificialisation des sols est une source croissante d’émission du secteur. 11,7 Mt éqCO 2 ont ainsi été libérées en 2019 en France contre 9,9 Mt en 1990. Par ailleurs, le rapport note que L’Union européenne est le deuxième acteur mondial de la déforestation importée. Elle contribue à 16 % de la déforestation mondiale importée en 2017, contre 10 % en 2004. La Chine représente à elle seule un quart de la déforestation mondiale importée, l’Inde 9 % et les États-Unis 7 %. Les importations de l’UE auraient conduit à déforester 9 millions d’hectares entre 1990 et 2008 ou 3,5 Mha entre 2005 et 2017.  L’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la France, la Belgique et la Pologne sont ensemble responsables de 80 % de la déforestation importée de l’UE.