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Denormandie veut une refonte « en profondeur des politiques commerciales européennes »

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Julien Denormandie et Clément Beaune ont répondu présent à l’appel de l’APCA, le 20 octobre, pour un débat lors duquel ils se sont dits déterminés à ce que l’agriculture française ne paye pas les pots cassés des orientations de l’UE. Ils plaident pour une refonte des politiques commerciales européennes. Un combat long et complexe.

Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes auprès du ministre des Affaires étrangère - © D.R.
Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes auprès du ministre des Affaires étrangère - © D.R.

Comment encourager une agriculture vertueuse sans l’exposer à des distorsions de concurrence sur les marchés internationaux ? Le sujet est revenu au premier plan en même temps que les inquiétudes suscitées par le Green deal, qui agitent le monde agricole depuis plusieurs semaines. La crainte d’une production en baisse, ouvrant les portes à une importation de moindre qualité, plane. Elle fait écho aux débats récents sur le Ceta ou le Mercosur. Le 20 octobre, les chambres d’agricultures publiaient un rapport sur le sujet et organisaient un débat pour l’occasion.

Homogénéiser les règles entre États membres avant tout

Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, a répondu présent, tout comme Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes auprès du ministre des Affaires étrangères. Ils ont affiché leur solidarité, exprimant l’un comme l’autre un véritable attachement à l’avenir de l’agriculture française. « Nous devons commencer par homogénéiser les règles au sein de l’Europe, a lancé Julien Denormandie. Un socle commun est indispensable pour ensuite discuter et négocier avec nos partenaires à l’international. » Avis partagé par le député LREM Jean-Baptiste Moreau, également présent et pour qui la principale distorsion de concurrence vient de l’UE elle-même.

Déconstruire les politiques commerciales actuelles

L’étape suivante sera donc de négocier avec les pays tiers pour exiger des denrées importées conformes à celles de l’Europe, dans leur production. Une posture épineuse à concrétiser. «  Imposer des critères de qualité aux produits importés peut être pris comme une ingérence par les pays concernés, analyse Thierry Pouch, économiste à l’APCA. Le plus souvent, la réaction ne sera pas de changer les modes de production, mais de fermer, en retour, les portes à des importations venues d’Europe. » Le témoignage du Bureau national interprofessionnel du cognac, une filière très majoritairement exportatrice, et potentielle victime collatérale d’une Europe plus exigeantes à ses frontières, est venu souligner cette complexité. « D’où la nécessité de réformer les politiques commerciales dans leur globalité, réagit Clément Beaune. Nous devons sortir de ce type d’impasse. »

Six mois pour enclencher le mouvement

Selon le secrétaire d’État, la présidence française de l’UE, sur le premier semestre 2022, est une ouverture. Si la détermination est au rendez-vous, la lucidité aussi. Convaincre les États membres d’adopter la vision de la France, puis déconstruire les relations de l’Europe avec les pays tiers, ne se fera pas en six mois. « Nous ne pourrons pas entamer et conclure cette discussions avec nos partenaires européens entre janvier et juin, mais ce doit être un déclencheur d’avancées irréversibles ! », lance-t-il.

Si les acteurs agricoles présents apprécieront la posture des représentants du Gouvernement, un sentiment d’urgence, pas forcément compatible avec le pas de temps évoqué, a été exprimé par plusieurs intervenants. À commencer par Sébastien Windsor, président de l’APCA et hôte de l’évènement. « Nous ne pourrons pas nous adapter à un marché soumis aux seuls critères du prix, sur lesquels nous ne sommes pas concurrentiels et dans lequel nous ne croyons pas. Nous croyons à une agriculture vertueuse et créatrice de richesse, si l’UE nous protège. »