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Derrière les réflexions pour avertir les riverains des pulvérisations, un rejet massif de Phytosignal

Le | Politique

Alors que les agriculteurs sont désormais invités à prévenir les voisins de leurs parcelles au moment des pulvérisations de pesticides, la question du « comment » se pose clairement. Si rien n’est encore arrêté au niveau national, les débats font remonter le rejet global du dispositif Phytosignal, lancé en Nouvelle-Aquitaine.

Julien Denormandie, face à la commissions des affaires économiques, le 18 janvier. - © D.R.
Julien Denormandie, face à la commissions des affaires économiques, le 18 janvier. - © D.R.

Parmi les nouvelles mesures visant à préserver les riverains de l’exposition aux pesticides, le Gouvernement a acté, fin 2021, la nécessité de les prévenir quand des applications sont prévues. Ce point a rapidement suscité l’interrogation. A chaud, le responsable du dossier à la FNSEA, Christian Durlin, réagissait en déplorant le manque de précision autour de cette injonction. Depuis, les différentes parties prenantes ont pu enclencher des réflexions.

À la recherche d’un média simple et efficace

« Les bulletins de santé du végétal sont une source d’information intéressante, donnant une idée des moments-clés pour la protection des cultures, par zone : pourquoi ne pas s’en servir ? », a suggéré Sébastien Windsor lors de ses vœux à la presse, le 19 janvier. Resterait à imaginer le média valorisant ces informations auprès des riverains. Le président de l’APCA évoque un possible affichage en mairie, et ajoute qu’à un niveau plus individuel, un gyrophare sur le pulvérisateur est une piste intéressante. Éric Thirouin, président de l’AGPB, le rejoint sur ce point et avertit : « Certains céréaliers peuvent avoir plusieurs dizaines de voisins, impossible de tous les appeler, encore moins si la décision de pulvériser est prise en dernière minute. »

Le Gouvernement reste évasif pour le moment

De son côté, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a évoqué, dans la matinale de RMC du 11 janvier, la possibilité de lancer des sites internet centralisant les informations liées aux pulvérisations, mais sans rentrer dans le détail. Le 18 janvier, devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée (en vidéo ici, à 1h16), Julien Denormandie a, sans être beaucoup plus précis, évoqué un « soutien public » dans cet enjeu de la prévenance des riverains, pour ne pas laisser les producteurs livrés à eux-mêmes face à une nouvelle injonction.

Haro sur Phytosignal

Une chose est sûre : Phytosignal n’apparaît clairement pas comme la solution idéale pour les acteurs du secteur. Cette plateforme ne répond d’ailleurs pas, sur le fond, à la nécessité d’une information délivrée par les agriculteurs. Initié en 2013 en Nouvelle-Aquitaine et depuis repris par les Pays-de-la-Loire et la Bretagne, elle propose même un fonctionnement inverse. Phytosignal centralise les plaintes et demandes d’information liées aux applications phytosanitaires, qu’elles soient remontées par des riverains ou des représentants d’établissement accueillant du public. Alors que Sébastien Windsor se dit « clairement opposé à ce dispositif qui relève de la délation et ouvre la porte à des signalement erronés, et à la stigmatisation des agriculteurs », la Coordination rurale se demande de son côté si le principe ne s’apparente pas à du « flicage » des exploitants. Julien Denormandie lui-même affirme n’être séduit « ni sur le fond, ni sur la forme », et souhaite donc attendre le bilan des régions ayant intégré ce dispositif avant d’envisager l’éventualité de le généraliser.