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Écophyto 2030, de nouveaux jalons posés en comité opérationnel stratégique

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Un comité opérationnel stratégique d’Écophyto s’est tenu le 11 juillet. L’occasion d’un nouveau bilan sur les indicateurs d’utilisation des pesticides, mais aussi d’une projection vers la future mouture du plan, attendue pour septembre.

Photo : ministère de l’Agriculture.  - © D.R.
Photo : ministère de l’Agriculture. - © D.R.

Entre routine et singularités. Tout en conservant des points de passages habituels, le comité opérationnel stratégique (COS) Écophyto du 11 juillet s’est distingué des précédentes sessions, notamment par la présence de cinq ministres (1). Une particularité sur laquelle le communiqué du ministère de l’Agriculture, publié dans la foulée, insiste, évoquant « l’importance accordée par le Gouvernement aux enjeux [du plan] » et sa mobilisation autour de la prochaine version, Écophyto 2030. Celle-ci sera annoncée en septembre, après une série de réunions bilatérales prévues tout au long de l’été avec des membres du COS, afin de centraliser leurs attentes et propositions.

Fesneau nuance le « pas d’interdiction sans solution »

Marc Fesneau s’est appliqué à resituer Écophyto 2030 comme l’un des rouages de la planification écologique. Un représentant du Secrétariat général pour la planification écologique (SGPE) était d’ailleurs convié pour cette réunion. Dans sa volonté de placer Écophyto dans un contexte large, le ministre de l’Agriculture a également évoqué à plusieurs reprises les objectifs européens de réduction d’usage des produits phytosanitaires. Il a, enfin, tâché de se réapproprier la maxime « pas d’interdiction sans solution », témoigne un participant, issu de la profession agricole. « Il a confirmé cette logique, mais a aussi précisé qu’accumuler les dérogations jusqu’à l’identification d’alternatives parfaitement substituables à la chimie n’était pas réaliste », confirme le président de la Fnab, Philippe Camburet.

2023, année charnière entre Écophyto 2+ et Écophyto 2030

Si l’objectif d’Écophyto est la réduction des usages de pesticides, la question des interdictions a en effet plané sur le COS, une semaine après une autre réunion marquée par des tensions, autour de l’anticipation du retraits des molécules phytosanitaires. « C’est pourtant bien ce travail d’anticipation qui permettra de ne pas laisser les agriculteurs sans solutions, a plaidé le ministre. Et c’est un pilier du prochain Écophyto. » De fait, le calendrier et la méthode du Gouvernement, détaillés par Référence agro la semaine passée, a été largement présentée lors de ce COS.

Le volet économique du plan était également à l’ordre du jour. Pour cette année 2023, celle de la transition entre Écophyto 2+ et Écophyto 2030, le Gouvernement a annoncé « le financement d’actions structurantes pour 41 millions d’euros ». Pressé par différentes ONG d’augmenter ce budget via une redevance pour pollutions diffuses (RPD) élargie, Marc Fesneau s’est gardé de toute promesse. Il a simplement rappelé que ces 41 M€ ne comptaient pas les enveloppes d’autres stratégies et plans nationaux contribuant aux objectifs d’Écophyto.

Des tendances diversement interprétées

Plus habituel, pour un COS Écophyto : les indicateurs de suivi du plan, pour 2022, ont été détaillés. Dans ce registre, le communiqué du ministère s’efforce de garder une tonalité positive. Il insiste sur les quantités de substances actives (QSA) vendues, hors produits utilisables en agriculture bio et biocontrôle, qui s’élèvent à 43 000 tonnes en 2022, « en baisse de 20 % par rapport à la moyenne 2015-17 ». La moyenne triennale du Nodu, nombre de doses unités, pour 2020-22 (s’élevant à 87,4 millions d’hectares) est « en légère progression par rapport à 2019-21 », mais « en régression de 11,5 % par rapport à la moyenne 2015-17 », explique-t-on au ministère, pour qui ces chiffres valident « l’action engagée depuis 2017 ».

Différents participants retenant différents chiffres, parmi ceux présentés, c’est également un classique des COS. Générations futures souligne ainsi que le Nodu progresse entre 2021 et 2022 (+3,5 %), et surtout entre le début du plan, en 2009, et 2022 (+9 %). L’ONG en conclut donc, de son côté, que le plan n’est « toujours pas sur la voie de la réussite ».


(1) Marc Fesneau (chargé de l’agriculture), Christophe Béchu (transition écologique), Sylvie Retailleau (recherche), Jean-François Carenco (Outre-mer), Agnès Firmin Le Bodo (santé).