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Etiquetage des modes d’élevage, l’Europe prend la relève

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Le Conseil national de l’alimentation (CNA) a rendu en juillet 2020 un avis sur la mise en œuvre d’une expérimentation de l’étiquetage des modes d’élevages. Un an plus tard, aucun consensus n’ayant été trouvé entre les parties prenantes, celle-ci ne devrait pas voir le jour… du moins au niveau national. Explications avec Jean-Luc Angot, vice-président du groupe de concertation ayant produit l’avis.

Etiquetage des modes d’élevage, l’Europe prend la relève
Etiquetage des modes d’élevage, l’Europe prend la relève

Référence Agro : Un peu moins d’un an après avoir rendu votre avis sur l’expérimentation des modes d’élevages, où en est le projet ?

Jean-Luc Angot : Dans notre avis, en l’absence de consensus entre les parties prenantes, nous avions proposé deux scénarios, et recommandé une expérimentation en deux temps. À l’heure actuelle, aucune expérimentation n’a été lancée. Certaines parties prenantes, dont le CIWF, souhaitent intégrer le principe de l’étiquetage des modes d’élevage dans la restauration collective. Un amendement avait été déposé dans le cadre de l’examen du projet de loi climat, mais il a été retoqué. Cela nécessitera de prendre également en compte les initiatives privées comme celle de l’AEBEA, l’étiquette de bien-être animal portée par des ONG, des distributeurs et des organisations de producteurs.

R.A. : N’êtes-vous pas déçu que le travail engagé n’ait pas débouché sur une expérimentation ?

J-L. A. : Ce n’est pas un coup d’arrêt. Ce travail nous a permis de voir les positions des différentes parties prenantes. Notre rôle était avant tout, avec cet avis, d’éclairer les décideurs publics. Nous souhaitons que cet avis soit mobilisé et utile à la prise de décision, notamment dans le cadre des réflexions en cours, sur l’échelon et le périmètre de cet étiquetage : celui-ci doit-il porter uniquement sur le bien-être animal ou inclure d’autres critères comme l’alimentation, le respect de l’environnement, etc ? A priori, la seconde option et l’échelon européen seraient privilégiés. Cela a été prouvé par les ministres européens de l’Agriculture, qui ont demandé en décembre dernier à la Commission européenne de faire une proposition de label sur le bien-être animal. Lire une étiquette est compliquée, cela serait intéressant qu’il y ait une harmonisation européenne à ce niveau.

R.A. : Quel rôle la France peut-elle jouer au niveau européen ?

J-L. A. : Des discussions sont en cours au ministère de l’Agriculture, en amont de la présidence française de l’UE au premier semestre 2022, pour voir si et comment la France soutiendra cette position au niveau européen. Ce n’était pas vraiment le cas lors de la présidence portugaise. Si ce sujet monte en puissance au niveau européen, cela sera le signe d’une volonté politique et ce sera plus facile d’avancer. C’est aussi un sujet de commerce international, le sujet du bien-être animal pourrait être un volet de négociations dans les futurs accords de libre-échange. Rien n’a néanmoins encore été arbitré.

R.A. : Menez-vous d’autres travaux sur l’étiquetage ?

J-L. A. : Nous avons été sollicités, au sein du CGAAER, pour définir l’étiquetage de l’origine, car les politiques publiques souhaitent aller vers le développement du local. Par ailleurs, au sein du CNA, un autre groupe de travail a été constitué pour analyser les conséquences de la Covid sur le système alimentaire. L’avis devrait être soumis au vote en juillet. Toutes les parties prenantes sont autour de la table, nous discutons de sujets comme la précarité alimentaire, le droit à l’alimentation, etc. Cela questionne aussi l’information du consommateur, la pérennité des circuits courts, etc. J’espère que ce travail servira de base à des discussions européennes sur les aides alimentaires.