L’AFBV livre son analyse sur la proposition de règlement européen sur les NGT
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Selon l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV), la proposition de Bruxelles, concernant le prochain règlement européen sur les NGT, ouvre des perspectives intéressantes pour les sélectionneurs. Le 19 octobre, le président de l’association a précisé qu’il attendait toutefois « des clarifications » sur le texte.
Si elle était adoptée en l’état, la proposition de réglementation sur les nouvelles techniques génomiques (NGT) de la Commission européenne « permettrait de développer et commercialiser des plantes NGT susceptibles d’apporter des solutions intéressantes à l’agriculture ». Ces propos sont signés Georges Freyssinet, président de l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV), qui s’exprimait devant la presse le 19 octobre.
Ouvrir la porte aux NGT en agriculture bio
En clair, l’AFBV voit d’un œil positif la copie que Bruxelles a soumise au Parlement et au Conseil, qui doivent se positionner dans les mois à venir. « Nous avons participé à la consultation publique en cours, précise Georges Freyssinet. Nous sommes preneurs d’éclaircissements sur les critères régissant le classement d’une plante dans les catégories NGT1 et NGT2. Nous voulons que ces critères soient le plus clair possible, et pas sujets à interprétation. » L’AFBV a également demandé à ce que les NGT1 soient accessibles aux producteurs bio, ce que la Commission souhaite exclure.
- Lire la contribution de l’AFBV à la consultation européenne.
Pour rappel, les NGT2 relèveront de la réglementation européenne sur les OGM. Malgré quelques légers aménagements visant à alléger leur évaluation, en particulier si elles présentent des caractères « durables », les NGT2 devront faire face à un parcours complexe. « Le détenteur devra compter jusqu’à 12 millions d’euros pour financer son dossier, explique Georges Freyssinet. Aujourd’hui, la réglementation OGM est dissuasive, l’UE n’a plus reçu de dossier depuis des années. »
Un marché avec NGT n’exclut pas les petits semenciers
C’est donc les NGT1 qui présentent le plus de potentiel, « d’où l’importance de bien préciser sans ambiguïté les critères de classement dans cette catégorie », insiste Georges Freyssinet. Pour Bruxelles, ces plantes doivent présenter des modifications « qui pourraient apparaître naturellement ou via les parcours de sélection conventionnelle ». Pour étayer cette définition, la Commission a ainsi établi un maximum de 20 modifications du génome. « Les possibilités offertes par ce cadre sont déjà prometteuses, veut croire Georges Freyssinet. Et ce, aussi bien pour faire face aux stress biotiques et abiotiques qui vont s’accentuer avec les évolutions climatiques, que pour augmenter les rendements ou la qualité des cultures. »
Il estime même que « les semenciers qui en ont les moyens et qui ne s’intéresseront pas aux NGT prendront le risque de disparaître ». Tout en affirmant que l’émergence des NGT ne mènera pas à une uniformisation du marché : « Les petits sélectionneurs ont de l’avenir, même s’ils n’ont pas les moyens de se positionner sur ces technologies. S’ils existent aujourd’hui dans un marché aux côtés de poids lourds, c’est qu’ils ont des spécificités qui ont leur place, et ça ne changera pas. »
Pas de surcoût exorbitant, selon l’AFBV
D’ailleurs, l’AFBV estime que le coût technologique des NGT ne devrait pas se traduire par un prix des semences beaucoup plus élevé. « D’autant que la sélection d’une plante NGT est plus rapide qu’une plante conventionnelle, et même beaucoup plus rapide pour l’arboriculture ou la vigne, complète Georges Freyssinet. Ce temps gagné, sur la sélection et sur l’homologation, est vecteur d’économie pour le semencier. »