Référence agro

« Le budget consacré à l’accompagnement dans Écophyto est sous-évalué », Sébastien Windsor, Chambres d’agriculture France

Le | Politique

Le président de Chambre d’agriculture France, Sébastien Windsor, a livré ses commentaires sur le plan Écophyto 2030, le 30 novembre. Il n’a pas mâché ses mots, listant les différentes idées du gouvernement qui ne le convainquent pas, à commencer par le budget alloué à l’accompagnement des agriculteurs.

Sébastien Windsor, le président de Chambres d’agriculture France, en novembre 2023. - © D.R.
Sébastien Windsor, le président de Chambres d’agriculture France, en novembre 2023. - © D.R.

Les chambres d’agricultures se sont positionnées, le 30 novembre, sur la maquette d’Écophyto 2030 présenté par le ministre de l’Agriculture un mois plus tôt. À l’occasion d’un point presse organisé le jour même, le président de Chambres d’agriculture France, Sébastien Windsor a commenté certaines propositions du gouvernement pour le futur plan.

Les budgets annoncés « ne permettront pas d’atteindre les objectifs »

« Les bras m’en tombent, peste-t-il. Le gouvernement entend consacrer 50 M€ pour le machinisme, soit nettement plus que les huit petits millions d’euros dédiés pour l’accompagnement des agriculteurs. C’est le monde à l’envers. Cette ventilation ne permettra pas d’atteindre les objectifs. » Il rappelle que la réduction d’usage des pesticides est à l’intersection de plusieurs enjeux stratégiques (diversification des cultures, pratiques alternatives, etc.), pour lequel le conseil agricole est stratégique. « L’objectif d’Écophyto 2030 est d’aller chercher la masse, insiste-t-il. Le conseil est dispensé à tous, alors que les budgets alloués au machinisme profitent habituellement surtout aux agriculteurs leaders. »

Scepticisme sur le registre phytosanitaire en ligne

Le président de Chambres d’agriculture France liste d’autres options envisagées par le gouvernement qui semblent « irréalistes » à ses yeux. En premier lieu, le projet d’obliger l’ensemble des agriculteurs à déclarer l’ensemble des produits phytosanitaires qu’ils utilisent sur une plateforme numérique, à partir du 1er janvier 2026. « La faisabilité est en question, pose Sébastien Windsor. Le digital gagne du terrain, mais la proportion d’exploitants fonctionnant encore au papier reste importante. La finalité aussi m’interpelle : on parle de données anonymes, mais géolocalisées et accessibles au public. Rien de mieux pour désigner les « bons » et les « mauvais » agriculteurs… »

Sébastien Windsor fustige l’accumulation des zonages

La création de nouveaux zonages lui semble être une mauvaise idée. « Il est par exemple question, dans le document du ministère, d’une cartographie des habitats favorables aux pollinisateurs, explique le président de Chambres d’agriculture France. Qu’on nous aide déjà à bien respecter les multiples zonages déjà existants ! »

Sébastien Windsor tique enfin sur le fait que la France, à travers Écophyto, ait reconduit un objectif de réduction de 50 % des usages de pesticides. « À l’heure où les eurodéputés retoquent le règlement SUR, cela ressemble à une surtransposition de plus », rumine-t-il.