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« Le deuxième plan national d’agroforesterie doit impliquer plus d’acteurs », Fabien Balaguer, Association française d’agroforesterie

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Un deuxième plan national d’agroforesterie est attendu en France pour le premier semestre 2023. Il pourrait même être annoncé lors du Salon de l’agriculture, qui se déroule cette année du 25 février au 5 mars. Pour Référence agro, le directeur de l’Association française d’agroforesterie, Fabien Balaguer, exprime ses attentes.

Fabien Balaguer, directeur de l’Association française d’agroforesterie. - © D.R.
Fabien Balaguer, directeur de l’Association française d’agroforesterie. - © D.R.

Que faut-il attendre du deuxième plan national d’agroforesterie actuellement en cours de finalisation ? Pour Fabien Balaguer, directeur de l’Association française d’agroforesterie, réseau national travaillant ce dossier avec plus de 900 adhérents, dont une majorité d’agriculteurs et d’acteurs du monde agricole, pas question de se contenter d’incitations à planter. « Proposer des aides pour implanter X arbres ou Y kilomètres de haies, c’est bon pour la communication, pose-t-il. Toutefois, cette logique montre des limites. Faute de financer la compétence, les taux de pertes sur ces nouvelles haies sont considérables. Le solde reste négatif : au niveau national, nous continuons de perdre chaque année des haies et arbres agricoles. »

Faire monter en compétences davantage d’acteurs

Selon Fabien Balaguer, les aides doivent aussi porter sur la compétence, pour que l’existant soit géré au mieux, afin d’arrêter l’hémorragie. De son côté, l’association a lancé en 2022 l’École française d’agroforesterie (EFA), une première en Europe, « pour renforcer et professionnaliser le réseau des techniciens-animateurs, territoire par territoire », détaille Fabien Balaguer. La première promotion est actuellement en cours de formation, aux quatre coins de la France. L’idée, selon lui, serait d’aller plus loin : « Les coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) devraient toutes intégrer les outils d’entretien des arbres et des haies dans leurs gammes. Le plan national d’agroforesterie doit engager des acteurs tels que les Chambres d’agriculture, les Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam), les syndicats de rivière ou les Agences de l’eau… L’agroforesterie est un projet d’avenir pour les territoires, qui demande que tous les acteurs du monde agricole et rural s’en saisissent. »

Pour un deuxième plan national d’agroforesterie « incitatif »

Fabien Balaguer espère également que le deuxième plan national d’agroforesterie portera une approche plus incitative que contraignante. « Bien gérer l’existant, c’est aussi faire en sorte que les arbres ne soient pas une charge, un handicap, pour ceux qui en ont, affirme-t-il. S’il est plus facile de ne pas en avoir, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Pour toucher les agriculteurs, il faut une approche pragmatique, en phase avec les réalités des exploitations, les problématiques techniques agricoles, et les calendriers de travail sur les fermes. »

Dans cette perspective d’une agroforesterie accessible au plus grand nombre, Fabien Balaguer se montre mesuré sur l’intérêt d’une politique axée principalement sur les labels et autres certifications. « Au stade de développement actuel des techniques sur le terrain, il y a un risque que ces entrées assez « bureaucratiques » soient perçues de façon négative et contraignante par les agriculteurs, juge-t-il. Une approche inclusive est souvent plus productive qu’une vision élitiste, qui semble pour l’instant très prématurée. »

Économie réelle

Il croit davantage dans la perspective d'intégrer l’agroforesterie dans l’économie réelle, via des démarches territoriales impliquant les filières alimentaires, où l’arbre est valorisé au moment de l’achat du produit par le consommateur. « Les coopératives agricoles sont motrices, et l’arbre peut aussi contribuer à l’autonomie énergétique des filières, estime-t-il. Remettre l’arbre dans l’agronomie et l’économie des fermes, c’est là toute la définition de l’agroforesterie… et la seule façon de faire du développement durable. »

Le deuxième plan national d’agroforesterie pourrait être présenté lors du Salon de l’agriculture, qui se tiendra du 25 février au 5 mars.