« Le label bas-carbone va encourager l’intensification de l’élevage », Cyrielle Denhartigh, RAC
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Les associations environnementales portent un regard critique sur le label bas-carbone. Le Réseau action climat estime qu’il peut encourager des systèmes intensifs, notamment en élevage. Explications.
Alors que le label bas-carbone est en cours de validation pour les grandes cultures, le Réseau action climat, RAC, s’inquiète des impacts indirects de la démarche pour les élevages de ruminants.
Les éleveurs, tentés d’accroître la production
« Il va encourager l’intensification de l’élevage, assure Cyrielle Denhartigh, responsable alimentation et agriculture au Réseau action climat. En effet, les émissions de gaz à effet de serre sont calculées sur les quantités produites, de lait par exemple. Les éleveurs seraient donc tentés d’accroître leur production au lieu de baisser leurs émissions de gaz à effet de serre. Cela pourrait ainsi provoquer une hausse globale des GES au niveau de la ferme France. » Pour le RAC, il faut au contraire encourager la production extensive. « Nous savons que les élevages les plus extensifs sont les plus résilients face aux aléas climatiques et économiques, ajoute-t-elle. De plus, ils préservent mieux la biodiversité. Le label bas-carbone, avec la méthode Carbone Agri, ne s’inscrit pas dans une approche systémique, pourtant connue et prônée depuis plusieurs années. »
Le RAC prône un calcul par hectare
Cyrielle Denhartigh avance une proposition : « Il faudrait ramener l’indicateur par hectare, et non par kilogramme produit. Cela permettrait de rémunérer les pratiques réduisant réellement les GES et de prendre en compte les co-bénéfices. »
De manière plus globale, le RAC s’inquiète du développement de la compensation. « Le Label bas-carbone ne devrait pas servir à compenser les GES d’autres entreprises, ajoute-t-elle. Il devrait au contraire être destiné aux collectivités ou aux fondations, sous forme de contributions, pour participer à une baisse globale des émissions de GES. »
L’utilité d’un cadre public
Cyrielle Denhartigh reconnaît toutefois l’utilité d’un cadre publique, afin de ne pas se retrouver dans un système libéral, sans contrôle. « Le cadrage doit être sérieux, robuste et entraîner réellement une baisse des émissions de GES », indique-t-elle.