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Label bas-carbone grandes cultures, la validation prend du retard

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Attendue en ce début d’année, la validation de la méthodologie pour permettre aux producteurs de grandes cultures d’utiliser le label bas-carbone n’a toujours pas été actée. Le risque plane de voir des opérateurs indépendants, utilisant des méthodes non validées scientifiquement, occuper le marché. Explications avec Édouard Lanckriet, manager sénior innovation et transition bas-carbone chez Agrosolutions.

Label bas-carbone grandes cultures, la validation prend du retard
Label bas-carbone grandes cultures, la validation prend du retard

Les producteurs de grandes cultures attendent de pouvoir utiliser le label bas-carbone, à l’instar de leurs homologues sur les filières de ruminants ou les arboriculteurs. La méthode a été déposée au ministère de la Transition écologique, le 9 décembre, par Arvalis-Institut du végétal, Terres Inovia, l’Institut technique de la betterave (ITB), l’Association de recherche technique betteravière (ARTB) et Agrosolutions. Attendue en ce début d’année, sa validation n’a toujours pas été actée par les services de Barbara Pompili.

S’assurer de l’adhésion des ONG

« L’enjeu est fort sur les grandes cultures et le gouvernement souhaite encore consulter les parties prenantes , explique Édouard Lanckriet, manager sénior innovation et transition bas-carbone chez Agrosolutions. Certaines associations écologistes ont critiqué le label bas-carbone, notamment la méthode Carbon Agri en élevage, accusée d’encourager une intensification. » Le gouvernement veut donc prévenir ce risque sur les méthodes à paraitre. « Celle sur les grandes cultures est compatible avec les exigences des associations écologistes car la très grande majorité des leviers portent sur la réduction des doses d’engrais minéral apporté et l’enrichissement naturel du sol en carbone organique, lequel présente énormément de co-bénéfices environnementaux dont en particulier la régénération de la biodiversité, ajoute Édouard Lanckriet. Je ne pense pas que les ONG auront de soucis avec cette approche, mais le gouvernement ne veut pas se tromper. »

Des opérateurs indépendants sur le marché

Le ministère de la Transition écologique est également très sollicité suite à l’engouement autour du label bas-carbone : les premiers projets qui démarrent et les propositions de nouvelles méthodes sont très chronophages. « Les Dreal devraient prendre le relais pour gérer au niveau régional les soumissions de projets label bas-carbone », poursuit Édouard Lanckriet. S’il comprend la prudence du gouvernement, il pointe l’impatience et la déception du terrain. Autre risque : que la voie soit laissée libre à des acteurs indépendants qui proposent aux agriculteurs de générer des crédits en dehors du cadre de certification officiel. « Il y a beaucoup de pression sur l’agriculture pour produire des crédits carbone, indique-t-il. Le gouvernement a fait un travail formidable avec la création d’un label dont les méthodes créées par les acteurs du terrain garantissent que l’agriculture française soit souveraine de sa transition bas carbone. Mais on voit éclore de plus en plus d’acteurs indépendants de toute méthode officielle et qui proposent aux agriculteurs de les engager dans des projets pour générer des crédits… Attention à bien savoir où on met les pieds, quelle est la solidité de l’encadrement et les risques pris à générer des crédits hors méthode officielle. » Le premier de ces risques est que les crédits n’aient plus aucune valeur aux yeux des entreprises qui les financent une fois les « grandes méthodes » validées. « Le deuxième est que les agriculteurs partis dans ces premiers projets ne soient plus éligibles au label bas-carbone, ajoute Édouard Lanckriet. La question de l’accompagnement technique et de l’adaptation de la rémunération lorsque les cours des crédits auront augmenté se pose également. »

Une attente forte des coopératives

 La structure belge Soil capital commercialise déjà sa méthode en grandes cultures. «  La demande des coopératives est très forte sur ces enjeux, insiste-t-il. Nous allons leur proposer le label bas-carbone français mais pas uniquement. À elles de choisir le système qui leur conviendra le mieux. »