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Les chambres d’agriculture prêtes pour 20 000 conseils stratégiques par an

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Chambres d’agriculture de France s’organise pour être en capacité de réaliser 20 000 conseils stratégiques par an. Un bon chiffre, mais très loin du total à atteindre. Le réseau alerte le ministère sur les difficultés à répondre, à terme, à toutes les demandes et sur la nécessité de communiquer dès maintenant auprès des agriculteurs. Explications avec Philippe Noyau, membre du bureau de Chambres d’agriculture de France.

Les chambres d’agriculture prêtes pour 20 000 conseils stratégiques par an
Les chambres d’agriculture prêtes pour 20 000 conseils stratégiques par an

Les chambres d’agriculture avancent sur la mise en place du conseil stratégique. « Nous sommes en capacité d’en réaliser 20 000 par an environ », indique Philippe Noyau, membre du bureau de Chambres d’agriculture de France. Imposé par la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires, le conseil stratégique sera obligatoire pour les exploitations, à raison de deux tous les cinq ans, et pour renouveler le Certiphyto avant le 31 décembre 2023. 220 conseillers ont été formés dans les chambres d’agriculture.

90 ETP mobilisables

« Nous visons 70 nouveaux conseillers sur ce thème en 2022 et certains bénéficient de tutorat, poursuit-il. En comptant un tiers de temps dédié à cette mission chez les personnes formées, cela représente une ressource de 90 équivalents temps plein pour réaliser le conseil stratégique au sein du réseau. Nous avons également sensibilisé 70 managers des chambres pour qu’ils intègrent ce nouveau service et accompagnent au mieux les salariés dédiés. »

Chambres d’agriculture de France s’appuie sur une phase expérimentale qui a démarré en 2020. Elle a abouti à la réalisation de 1195 conseils en blanc. « Les agriculteurs en ont tiré des bénéfices puisque certains ont conçu des pistes d’actions concrètes à mettre en œuvre sur leur exploitation », indique Philippe Noyau.

Les tarifs des chambres d’agriculture sont variables selon les types d’accompagnement proposés, en individuel ou collectif, les productions, ainsi que la complexité des cas pouvant aller jusqu’à de la reconception de système de cultures. Les tarifs évoluent donc dans une fourchette allant de 150 € à plus de 1000 €. « Si le prix peut est un frein pour certaines exploitations, il n’est pas la seule cause de la faible dynamique actuelle », indique Philippe Noyau.

800 conseils stratégiques réalisés

À la fin mars 2022, les chambres ont réalisé 800 conseils dans quelques départements plus moteurs, et davantage sur les grandes cultures et en polyculture-élevage. « Le Puy-de-Dôme et l’Eure-et-Loire sont les plus avancés, avec une communication offensive », reconnaît-il. Mais même dans ces zones, cela ne se bouscule pas au portillon. « Le risque plane de ne pas réussir à réaliser tous les conseils avant la fin de l’année 2023 si les exploitants attendent le dernier moment », s’inquiète Philippe Noyau.

« On constate la faiblesse de l’offre en dehors des chambres »

De plus, si les chambres affichent un potentiel de réalisation de 20 000 conseils par an, la marche est haute pour arriver aux 300 000 exploitations professionnelles, même si l’on déduit les fermes en agriculture biologique et en Haute valeur environnementale qui sont exemptées de cette obligation. « On constate la faiblesse de l’offre en dehors des chambres », poursuit Philippe Noyau.

Des coopératives bien impliquées

Certaines coopératives sont bien impliquées. « Euralis et Limagrain, qui ont choisi le conseil, sont très actives en matière de communication, ajoute-t-il. Ils devraient être particulièrement bien positionnés auprès de leurs adhérents. Dans ma région Centre, la coopération montre également son dynamisme pour communiquer. »

Un manque de communication auprès des agriculteurs

Car la communication auprès des agriculteurs reste une des clés majeures pour enclencher le système. « Pour la plupart, fin 2023 est loin, ajoute-t-il. Et d’autres ne connaissent même pas cette réglementation. Certaines chambres d’agriculture qui ont démarré et dépensé beaucoup de moyens pour communiquer, constatent pour certains départements peu de résultats. Si nous pouvons réaliser 20 000 conseils par an, encore faut-il que nous ayons des demandes. » La tête de réseau appelle les services de l’Etat à accélérer sur la communication en la matière. « C’est très faible de leur part, indique-Philippe. Nous aimerions que les préfets envoient un courrier aux agriculteurs leur expliquant l’importance du conseil stratégique. »