Les chambres vont proposer un plan de conseil sur le climat à Marc Fesneau
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Au sein du réseau des chambres d’agriculture, l’idée d’un conseil individualisé des agriculteurs, sur l’adaptation de leurs exploitations et pratiques au changement climatique, fait son chemin. Ses contours ont été présentés le 6 septembre. Le dispositif serait sans lien avec le conseil stratégique phytosanitaire.
Après un été riche en déboires climatiques pour l’agriculture, Chambres d’agriculture France souligne l’importance de ne pas se contenter de mesures d’urgence. « Bien sûr, l’essentiel est d'assurer la pérennité des exploitations les plus en difficulté, en particulier dans les filières d’élevages, reconnaît Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, devant la presse le 6 septembre. Mais les coups durs climatiques étant amenés à se reproduire, nous devons anticiper la suite. »
Objectif 100 000 exploitations accompagnée en 2030
Comment ? En mettant en place un plan de conseil aux agriculteurs, « à la fois massif et personnalisé ». Chambres d’agriculture France compte proposer ce projet au ministère de l’Agriculture, et son président dit « ne pas avoir de crainte » sur la réponse qui lui sera faite : « L’État paye les pots cassés quand le climat fait du dégât sur la Ferme France, son intérêt est de contribuer à l’anticiper et le contourner. » Il table déjà sur une phase pilote auprès de 1000 exploitations, dès 2023, pour en toucher 5 à 10 000 en 2024, et ensuite 10 à 20 000 chaque année, pour arriver à un total de 100 000 fermes en 2030.
Un conseil climat en trois phases
Les chambres, qui ont déjà travaillé sur ce conseil dans certains départements, en seraient les premiers opérateurs, sur trois phases :
- la sensibilisation des agriculteurs à l’enjeu climatique et à ses impacts locaux, phase pour laquelle « nous avons déjà la connaissance grâce à nos documents régionaux anticipant 2030-50 », dixit Sébastien Windsor ;
- le diagnostic des points de vulnérabilité de chaque exploitation, aboutissant à des préconisations concrètes touchant aussi bien aux assurances, matériels, rotations et pratiques ;
- la mise en action, à accompagner et financer.
Pour ces différentes étapes, Chambres d’agriculture France compte sur le soutien et l’implication des coopératives et négoces.
Recensement des guichets d’aide en cours
En termes financiers, justement, les chambres tablent sur des phases de sensibilisation et diagnostic regroupées au coût harmonisé d’une ferme à l’autre. « Pour la phase « action », en revanche, le coût sera très variable, selon qu’il implique l’achat de matériel, la refonte en profondeur d’un système, ou des aménagements plus simples, note Sébastien Windsor. Nous aiderons aussi les exploitants à s’adresser aux bons guichets pour chacune de ces phases, nous commençons tout juste un travail de recensement des aides existantes par territoire, département, région et au national. » Il remarque, par ailleurs, que les subventions publiques sont très souvent centrées sur l’investissement matériel, « quand nous aurons aussi besoin de financer les phases de diagnostic et de sensibilisation, mais aussi des formations, la stimulation de la matière grise ».
Pas de mutualisation avec le conseil stratégique
Un conseil personnalisé et dispensé par les chambres ? L’idée ramène notamment au conseil stratégique phytosanitaire. Pour Sébastien Windsor, l’idée est de ne pas tout mélanger. « Nous nous sommes posé la question, mais les deux dispositifs sont différents, explique-t-il. Le conseil phyto est engagé, le conseil climat est un projet. » Sur le conseil stratégique, le président de Chambres d’agriculture France estime à 1 200 le nombre de fermes accompagnées par son réseau à ce jour, pour 6 000 fin 2022. Alors que les exploitants ont jusqu’à fin 2023 pour se conformer à ce dispositif, et qu’il avait personnellement demandé un assouplissement du calendrier à Marc Fesneau, Sébastien Windsor a pesé ses mots au moment d’évoquer ce dossier : « Nous continuons les échanges. L’idée est de désengorger l’embouteillage, sans risquer de démobiliser les agriculteurs. »