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Néonicotinoïdes : les betteraviers, à la recherche d’alternatives, attendent une nouvelle dérogation

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La jaunisse provoque toujours des dégâts sur les betteraves. La Confédération générale des planteurs de betteraves fonde de nombreux espoirs sur le Plan national de recherche et innovation pour trouver des alternatives aux néonicotinoïdes. En attendant, elle a demandé une nouvelle dérogation pour utiliser en 2022 des solutions de cette famille chimique.

Néonicotinoïdes : les betteraviers, à la recherche d’alternatives, attendent une nouvelle dérogation
Néonicotinoïdes : les betteraviers, à la recherche d’alternatives, attendent une nouvelle dérogation

La Confédération générale des planteurs de betteraves, CGB, a déposé, courant novembre, une nouvelle demande de dérogation pour pouvoir utiliser les néonicotinoïdes sur semences de betteraves en 2022. Le temps presse. « Les achats de semences se font fin décembre. Or, si la dérogation est accordée, ce sera seulement début 2022, occasionnant une nouvelle course contre la montre pour assurer la préparation et la livraison des semences », a expliqué Pierre Rayé, directeur de la CGB, à l’occasion d’un point presse le 1e décembre, une semaine avant l’assemblée générale de la filière.

Des pertes de 280 M€

La CGB estime que la jaunisse a engendré en 2021 des baisses de rendement de 65 tonnes par hectare, soit des pertes financières de 280 millions d’euros pour les producteurs. « Sans une pression forte de pucerons cette année, le ravageur a provoqué des pertes de rendement, même sur les betteraves traitées avec des néonicotinoïdes », ajoute Pierre Rayé.

Trois avis de l’Anses en attente pour la fin de l’année

La CGB attend également trois avis de l’Anses pour apporter des compléments à l’arrêté du 5 février 2021, sur la succession des cultures, « un véritable casse-tête pour les agriculteurs ». Sur ce point, la CGB espère que les dispositifs d’atténuation et compensation possibles, seront acceptés notamment sur maïs et colza. Les trois avis sont attendus d’ici à la fin de l’année.

Espoirs sur le PNRI

Pour avancer sur les alternatives, la GCB fonde de nombreux espoirs sur le Plan national de recherche et innovation, PNRI, doté de 7 millions d’euros. Un budget « unique », selon la CGB. Mis en place en septembre 2020 pour trois ans, il associe une trentaine d’acteurs de la recherche publique et privée, avec pour objectif de trouver, d’ici à 2023, des solutions alternatives aux néonicotinoïdes. Si pour l’heure, aucune variété ne constitue une véritable solution, la génétique est un levier privilégié par la filière. « Nous avons actuellement des modèles type Ferrari un peu fragiles, indique Franck Sander, président de la CGB. Peut- être aurons -nous plus tard une berline, ou un 4x4 mais qui ne va pas à 130 kilomètres par heure. » La CGB mise également sur les médiateurs chimiques, les outils numériques, ou encore les OAD pour optimiser les intrants. « Il faudra faire attention aux coûts de ces solutions », précise toutefois le président de la CGB. Des premiers résultats devraient être disponibles en 2022, grâce aux fermes pilotes qui testent les pratiques.

Le charançon remonte vers le nord

Si les néonicotinoïdes sont importants pour lutter contre les pucerons, d’autres ravageurs pèsent sur les cultures de betteraves, notamment le charançon Lixus juncii. « Il remonte vers le nord de manière forte, entraînant des pertes pouvant aller jusqu’à 50 % de la récolte, indique Pierre Rayé. Nous n’avons aucun moyen de lutte. » La CGB a demandé un plan d’innovation prioritaire pour lutter contre ce coléoptère « de nature à fragiliser des bassins entiers ».

Pour la CGB, toutes ces démarches n’auront de sens que si des clauses miroirs sont mises en place aux frontières de l’Union européenne.