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« Nous avons fondé le changement agricole sur la contrainte », Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France au Sénat

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Auditionné le 7 février par la Commission économique du Sénat, Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, a exposé sa vision des thèmes majeurs pour les agriculteurs qui ont manifesté leur colère ces dernières semaines : CSP, ZNT, contrôles de l’OFB, clauses miroirs, accompagnement des agriculteurs, etc.

« Nous avons fondé le changement agricole sur la contrainte », Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France au Sénat
« Nous avons fondé le changement agricole sur la contrainte », Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France au Sénat

« Nous avons beaucoup fondé le changement agricole sur la contrainte. Nous avons un enjeu d’accompagnement au changement », a expliqué Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, devant la Commission des affaires économiques du Sénat le 7 février. Il répondait aux questions des sénateurs sur la crise agricole et les annonces de Gabriel Attal. Sébastien Windsor a démarré son intervention par les mesures concernant le Conseil stratégique phytosanitaire (CSP), majoritairement coordonné par les chambres d’agriculture et que le Premier ministre a souhaité revoir « dans sa forme actuelle », et son lien avec le Certiphyto.  « Il est complexe à comprendre pour les agriculteurs. Il faut mettre tout cela dans la même enveloppe », estime-t-il. Il ajoute, par ailleurs, que l’Etat n’a jamais accepté de donner aux chambres d’agriculture les dates pour le renouvellement des Certiphyto.

ZNT et contrôles de l’OFB

Sébastien Windsor a également pointé les injonctions pour les Zones de non-traitement (ZNT), comme l’établissement des chartes, ou l’obligation d’avertir ses voisins. « J’ai environ 400 voisins sur mes parcelles, je ne sais pas comment faire », précise-t-il.

Des incompréhensions également relevées sur le rôle de l’Office français de la biodiversité (OFB). Sébastien Windsor cite en exemple le contrôle sur les déplacements de haies par les agents de l’OFB. « Dans la Manche, douze agriculteurs sont en procès sur ce sujet, explique-t-il. Cela ne nous aide pas à motiver les agriculteurs à planter des haies. »

Sur le renouvellement des générations, Sébastien Windsor explique que les besoins d’accompagnement sont différents selon les repreneurs. « Nous avons besoin d’accompagner des projets plus diversifiés et plus variés, notamment face au changement climatique », indique-t-il. Avec La Coopération agricole, Chambres d’agriculture France porte un projet expérimental sur un conseil climat auprès de 1 000 agriculteurs. La structure forme 350 conseillers en 2024 pour accompagner 10 000 fermes en 2025.

Clauses miroirs et alimentation de qualité

Sébastien Windsor insiste sur le fait d’aboutir rapidement à une réglementation au niveau des clauses miroirs. « Si nous ne réglons pas cela, je ne vois pas comment nous pouvons demander aux agriculteurs de s’améliorer », indique-t-il. La problématique des clauses miroirs est amplifiée par le manque d’étiquetage de l’origine des produits. « S’il n’y a pas d’étiquetage, comment demander au consommateur de faire des choix éclairés ? », explique-t-il.

Le président de Chambres d’agriculture France a abordé le sujet de la montée en gamme des produits, dans un contexte de baisse du budget des ménages sur les produits alimentaires. « La montée en gamme a de toute façon un coût, indique-t-il. Il faut réussir à créer les conditions de marché qui fonctionnent. »

Sur les énergies renouvelables, Chambres d’agriculture France est favorable au développement de la petite méthanisation. La structure a réédité également sa ligne sur la photovoltaïque, qui ne doit pas se faire sur des terres cultivées. Ainsi que celle sur l’agrivoltaïsme : avoir des références avant toute installation, des projets qui ne doivent pas entraîner de perte de production supérieure à 10 %, un maximum de 5 Mwh par agriculteur et 200 Mwh sur un département.

Des simplifications qui passeront par la loi

Chambres d’agriculture France regarde désormais les simplifications qu’il serait possible de faire au niveau des normes. La moitié relève de politiques européennes, l’autre de politiques hexagonales. « Pour une grande majorité d’entre elles, il faudra passer par la loi », explique-t-il. Il cite en exemple le CSP, les ZNT, les zones humides, les haies. « Nous essaierons d’en régler une partie avant le salon de l’agriculture, livre-t-il. Une autre partie se fera dans la Loi d’orientation agricole. »