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Planification écologique, le ministre de l’Agriculture réunit parties prenantes et ONG autour du carbone

Le | Politique

Le ministre de l’Agriculture a réuni de nombreuses parties prenantes agricoles ainsi que des ONG, le 9 juin 2023, pour échanger sur la déclinaison agricole du Conseil national de la transition écologique. Chacune a pu exprimer ses attentes lors d’un long tour de table, dans une ambiance plutôt cordiale, en amont du Conseil national de la planification écologique, prévu le 5 juillet. 

Planification écologique, le ministre de l’Agriculture réunit parties prenantes et ONG autour du carbone
Planification écologique, le ministre de l’Agriculture réunit parties prenantes et ONG autour du carbone

Syndicats agricoles, chambres d’agriculture, représentants des filières, ONG… près de 70 personnes ont participé, le 9 juin 2023 au ministère de l’Agriculture, à une réunion sur la déclinaison agricole du Conseil national de la transition écologique, CNTE. Présidé par la Première ministre, Élisabeth Borne, le 22 mai, en présence du Gouvernement, il avait permis d’avoir de premiers éléments sur l’ampleur des réductions d’émissions à prévoir pour chaque secteur. Lors de la réunion du 9 juin, Antoine Peillon, le secrétaire général à la planification écologique, et Serge Lhermitte, directeur de la direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE), ont rappelé les objectifs fixés pour le secteur agricole, appelé à faire baisser de 13 MtCO2eq ses émissions d’ici à 2030, par rapport à 2022.

Retours positifs des participants

La réunion semble avoir répondu aux attentes des participants, qui ont été invités à prendre la parole pendant un tour de table de près de trois heures. « Nous sommes satisfaits de la présentation du volet agricole de la planification écologique, réagit ainsi Dominique Chargé, président de La Coopération agricole. Elle a la volonté de mettre en perspective l’ensemble des enjeux du secteur, à savoir la souveraineté alimentaire, la transition énergétique, le renouvellement des générations, ou encore le changement climatique. » Un exercice dont l’intérêt est également souligné du côté des ONG. « Cette réunion a permis de donner une appréciation globale du cadre de la planification écologique, explique Mathieu Courgeau, co-président du collectif Nourrir. Nous avons désormais une bonne base de travail chiffrée. »

Méthane et protoxyde d’azote au cœur des efforts à fournir

Une dizaine de leviers à activer ont été présentés pour atteindre les objectifs de décarbonation du secteur agricole. Parmi ces leviers figurent la plantation et l’entretien de haies, la méthanisation, les légumineuses, l’agriculture biologique, la réduction de la consommation énergétique des tracteurs, les couverts d’intercultures, l’évolution de l’alimentation ou encore des engrais moins émissifs. Cette réunion devait en effet permettre de « sécuriser les leviers » identifiés, en amont du Conseil national de planification écologique, qui se tiendra le 5 juillet, en présence d’Emmanuel Macron.

Selon Dominique Chargé, les actions doivent être concentrées sur deux axes majeurs, cités lors de la réunion : la réduction des émissions de méthane et de protoxyde d’azote. « Toutefois, le ministère a insisté sur la volonté de ne pas réduire la production et de rester cohérent avec l’objectif d’une souveraineté alimentaire, afin de ne pas se dérober derrière du carbone importé, précise le président de La Coopération agricole. Par ailleurs, il a également rappelé le rôle de l’agriculture dans la décarbonation de la société avec les enjeux sur la biomasse, la bioénergie et les biomatériaux. »

Des précisions encore attendues

Plusieurs points de vigilance ont néanmoins été soulignés par les participants à la réunion. « Nous avons été plusieurs à soulever l’enjeu du PSN, dont il est admis qu’il ne permettra pas d’atteindre les objectifs fixés, rappelle Mathieu Courgeau. Nous avons reçu une fin de non-recevoir, le ministre a indiqué qu’il était trop tôt pour retravailler le dossier. » Le co-président du Collectif Nourrir regrette par ailleurs que le sujet de la loi d’orientation et d’avenir, en cours de construction, n’ait pas été davantage évoqué, et attend plus de clarté sur les moyens qui seront mis pour accompagner le secteur de l’élevage. « Nous n’avons pas senti un emballement extrême du ministre sur le sujet, je ne suis pas sûr ce que cet enjeu embarque tout le monde pour l’instant », glisse par ailleurs Mathieu Courgeau. Dans les rangs de La Coopération agricole, l’attention est avant tout portée sur les conséquences économiques des mesures qui pourraient être mises en place. « Nous attendons désormais des précisions sur les objectifs chiffrés et les moyens qui seront déployés, pose Dominique Chargé. Nous porterons un regard attentif aux éventuelles problématiques de distorsions de concurrence que cela pourrait impliquer. »