Référence agro

Pour plusieurs organisations, le Varenne de l’eau remet en cause les Assises de l’eau

Le | Politique

Les travaux du Varenne de l’eau ayant été conclus par le Premier ministre, l’heure est aux réactions. Si les filières et les chambres veulent que des évolutions réglementaires soient rapidement actées, plusieurs organisations s’inquiètent, dans un communiqué commun, de la remise en cause des équilibres trouvés lors des Assises de l’eau de 2019.

©AG - © D.R.
©AG - © D.R.

Après la conclusion du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, le 1er février, par le Premier ministre, les réactions ne se sont pas faites attendre. Les filières, tout comme les chambres d’agriculture, qui ont toutes activement participé aux travaux, souhaitent qu’ils se concrétisent rapidement sur le terrain, et que les moyens suivent. Un point de vue partagé par Irrigants de France, qui salue « l’ambition et le pragmatisme » de l’initiative, mais pour qui les conclusions du Varenne « soulignent l’urgence d’agir, avec bon nombre de chantiers à lancer d’ici à la fin de la mandature ».

Remise en cause des Assises pour plusieurs organisations

Du côté des ONG environnementales et de certaines organisations agricoles, l’ambiance est néanmoins tout autre. Dans un communiqué commun diffusé le 3 février, France Nature Environnement, Réseau Action Climat, la Confédération paysanne, la Fédération nationale d’agriculture biologique et UFC-Que choisir regrettent « une remise en cause du cadre des Assises de l’eau de 2019 et un recul politique en matière de politique de l’eau et d’adaptation ». Pour le collectif, le Varenne « soulève des inquiétudes sur la déstabilisation, sous prétexte de « l’accélérer » et de « l’enrichir », du cadre réglementaire de discussion sur la gestion quantitative de l’eau ».

Plus précisément, pour le Réseau Action Climat, « les économies d’eau et les liens entre préservation de la quantité et de la qualité de l’eau sont les grands absents du Varenne. Pourtant, les Assises de l’eau ont fixé des objectifs précis de réduction des prélèvements d’eau (10 % en 5 ans d’ici à 2025 et de 25 % en 15 ans d’ici à 2035). » L’UFC-Que Choisir exige, pour sa part, l’application du principe « pollueur-préleveur-payeur, inscrit dans la loi mais pas une seule fois mentionné par les ministres ». L’organisation appelle ainsi à revenir au « cadre équilibré et structurant pour préserver la ressource en eau [construit par les Assises de l’eau] ».

Stockage de l’eau, les solutions envisagées ne passent pas

Sans grande surprise, la question du stockage de l’eau, et notamment des pluies hivernales, cristallise de nombreuses critiques. Le Premier ministre a annoncé une enveloppe de 13 M€, issus du Plan de Relance, pour financer la réactivation d’infrastructures existantes, identifiés par les préfets de bassin dans une dizaine de territoires pilotes. « Alors que des solutions durables sont possibles, ce Varenne cherche à tout prix à adapter un modèle dépassé au regard des contraintes climatiques nouvelles », fustigent les organisations. Pour le Réseau Action Climat, « développer le stockage et l’irrigation comme solution majeure d’adaptation au changement climatique est une rustine sur un système agricole trop consommateur d’eau ». Même son de cloche dans les rangs de la Fnab, qui dénonce « l’absence de remise en question du modèle de développement agricole ».

Autre point de crispation : la volonté du Premier ministre de renforcer le rôle des préfets via la modification de deux textes : la circulaire PTGE de 2019 le décret de juin 2021 sur les volumes d’eau prélevables. « Ce dernier a pourtant fait l’objet d’une concertation de plus de 18 mois au sein du Comité national de l’eau, avec une forte participation des représentants irrigants de la profession agricole. Alors que la gestion quantitative de l’eau a besoin de stabilité et d’appropriation, cette annonce est inacceptable », souligne Florence Denier-Pasquier, administratrice de France Nature Environnement.