Varenne de l’eau, Jean Castex s’exprime pour conclure les travaux
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Les représentants des trois groupes de travail du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique ont restitué leur travaux, le 1er février, devant le Premier ministre, venu conclure l’initiative. Plusieurs mesures ont été annoncées par Jean Castex, qui a tenu a assurer le monde agricole de son soutien. Les pilotes des groupes de travail attendent désormais de pied ferme la concrétisation des engagements pris et des recommandations formulées.
« Il ne sera jamais possible de faire de l’agriculture sans eau, c’est une évidence qui mérite d’être rappelée », a déclaré Jean Castex, venu conclure au ministère de l’Agriculture, le 1er février, le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique. Un « moment fort et politique », a assuré le Premier ministre. Ce dernier s’exprimait après avoir écouté les restitutions des trois groupes de travail, dont les représentants ont présenté les conclusions.
Celles du groupe de travail 2, centré sur la résilience de l’agriculture, témoignent de l’implication des filières. « Une charte d’engagement (annoncée dès décembre) a été signée par toutes les filières, l’Acta, l’APCA, l’Inrae et les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, indique Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta et co-pilote du groupe. Elle ancre l’inscription de l’adaptation au changement climatique dans les plans de filière, les programmes de recherche et mobilise des financements. » Une boite à outils composée d’une centaine de leviers, chacun passé au crible d’une quinzaine de critères, a par ailleurs été constituée. De premières infographies, pour mettre en valeur le dispositif, ont été réalisées, accessibles sur le site de l’Acta.
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Exemple d’infographie réalisée par l’Acta pour illustrer les leviers listés dans la boite à outils d’adaptation au changement climatique.[/caption]
Des plans d’adaptation régionaux à venir
Les missions du groupe de travail 2 prévoyaient également la réalisation de diagnostics régionaux par les chambres d’agriculture. Les grandes lignes des 13 diagnostics ont été présentés pour la première fois à cette occasion. « Les travaux ne sont pas finis, ces diagnostics doivent désormais déboucher sur l’élaboration de feuilles de route régionales, qui permettront ensuite de créer des plans d’adaptation régionaux », précise Olivier Dauger, vice-président de l’APCA. Pour accompagner ces efforts, le Premier ministre a confirmé la mobilisation de deux enveloppes de 100 M€ chacune, sur les agroéquipements et la structuration des filières. De premiers appels à projets devraient être lancés dès le mois de février. Jean Castex a également annoncé un partenariat renforcé entre l’État, l’Inrae, l’Association de coordination technique agricole et l’APCA pour développer notamment des plantes plus résistantes aux stress climatiques.
13 M€ pour mieux utiliser les ouvrages de stockage de l’eau existants
Sur le volet 3 concernant le partage de la ressource en eau, « peut-être le plus complexe » selon Julien Denormandie, le Premier ministre a également fait des annonces. Un inventaire des ouvrages existants sera réalisé cette année pour mieux utiliser les eaux stockées non-utilisées. Une enveloppe de 13 M€ issue de France Relance sera ainsi mobilisée pour financer la réactivation d’infrastructures existantes, identifiés par les préfets de bassin, dans une dizaine de territoires pilotes. Des appels à projets seront également lancés dans les semaines à venir pour « financer des dispositifs innovants de récupération de l’eau hivernale et des eaux usées », poursuit Jean Castex. Ce dernier a par ailleurs également confirmé que des évolutions réglementaires étaient prévues pour faire évoluer le rôle des préfets, afin d’accélérer le déploiement des projets de territoire de gestion de l’eau, PTGE, via la modification de la circulaire dédiée de 2019. « Les concertations ne doivent pas durer dix ou vingt ans, sinon on retombe dans des postures voire dans l’inaction, et l’action publique perd en crédibilité, réagit Jean Castex. Il faut remettre la science et la raison au centre des décisions politiques et avoir le courage de décider, même quand c’est compliqué. » Une fois le délai défini en amont de la concertation dépassé, le préfet pourrait être en position de trancher.
Demande d’un comité transversal eau/agriculture
Le décret de juin 2021 sur les volumes d’eau prélevables doit également être modifié pour donner plus de pouvoir aux préfets coordinateurs de bassin. Une demande formulée par les co-pilotes du volet 3, Luc Servant, vice-président de l’APCA, et Jean Launay, président du Comité national de l’eau. Ces derniers souhaitent qu’une instance de dialogue « pour rechercher des convergences des politiques et des financements entre les structures territoriales de l’Etat et les régions » soit formalisé, mais aussi un centre de ressources et des guides pratiques. Ils attendent également qu’un comité transversal pour traiter des sujets eau et agriculture soit créé, qu’une ligne budgétaire du ministère de l’Agriculture soit mise en place pour soutenir la part agricole dans la réalisation d’infrastructures de développement des ressources en eau, ou que le Varenne soit décliné dans les régions.
La concrétisation des travaux attendue de pied ferme
Alors voilà, c’est fini ? Au contraire, insistent les porteurs des différents groupes de travail. « En six mois de travail, nous avons fait de gros progrès, mais il faut maintenant que les engagements pris se concrétisent et que les accompagnements financiers ne fassent pas défaut », prévient Anne-Claire Vial. Son groupe de travail a ainsi formulé onze recommandations pour la suite, regroupées en plusieurs axes, dont : ne rien lâcher sur l’amélioration des variétés et des races, favoriser les synergies au sein de la recherche en impliquant les agriculteurs, revoir l’enseignement et la formation du conseil pour accompagner au mieux les agriculteurs. « Ce n’est pas la fin du Varenne mais le démarrage d’un nouveau processus », pose Luc Servant, vice-président de l’APCA et co-pilote du groupe de travail 3 sur le partage de la ressource en eau. Quant à la FNSEA et Jeunes agriculteurs, s’ils saluent l’ambition affichée, ils expliquent être mobilisés « pour engager sans délais les chantiers opérationnels décrits par le Premier ministre ». Des attentes dont semblent conscients les représentants du gouvernement. Alors que Jean Castex a assuré vouloir « installer dans la durée » le Varenne, Julien Denormandie insiste sur la nécessité de « capitaliser sur ces travaux pour atteindre des points de non-retour ».