Renforcer la collecte européenne des données sur les intrants sans surcharge de travail pour les agriculteurs
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La Commission européenne veut mieux collecter les données des agriculteurs, notamment sur l’usage des intrants, dont les pesticides. Un règlement est en cours d’examen. Si le Copa et le Cogeca soutiennent le projet, ils mettent en garde sur la charge de travail générée et la protection des données.
Une bonne collecte de données sur la production agricole contribuerait à soutenir les ambitions écologiques de l’Union européenne. C’est en tout cas un des objectifs du règlement relatif aux statistiques agricoles, actuellement examiné par le Conseil et le Parlement européens, autrement appelé SAIO pour statistics on agricultural inputs and outputs. Le deuxième trilogue s’est tenu le 28 avril, suite à une première réunion qui a eu lieu en février. Objectif : améliorer la qualité, la comparabilité et la cohérence des statistiques agricoles européennes.
Mieux évaluer les politiques publiques
Pour le Copa et le Cogeca, la voix unie des agriculteurs et de leurs coopératives dans l’Union européenne, interrogés par Référence agro, la collecte de données et d’informations dans le cadre des statistiques agricoles est essentielle pour évaluer la situation et les performances économiques, environnementales et sociales des exploitations agricoles de l’UE. « C’est également un élément-clé pour le suivi et l’évaluation de l’impact des politiques et mesures mises en œuvre dans le secteur agricole, et pour mieux comprendre les tendances du marché et les préférences des consommateurs », indiquent-ils.
2030, trop tard pour certains députés
Cette initiative couvre les intrants (prix des semences, des pesticides, des aliments pour animaux, etc.) et les produits de l’agriculture, y compris pour le secteur biologique. Dans sa proposition, la Commission européenne souhaite une première transmission des registres fin 2030. Certains députés européens, comme Éric Andrieu, estiment que cette date est trop tardive. « Les agriculteurs tiennent des registres depuis plus de dix ans, indique Emmanuel Foulon, son attaché de presse. Il faut que les États membres se bougent. »
Une connexion internet rapide et fiable
De leur côté, le Copa et le Cogeca mettent en avant les charges supplémentaires que cette collecte va générer pour les agriculteurs. Ils prônent ainsi un recours à la numérisation des données. « Mais pour cela, l’accès à une connexion internet rapide et fiable, y compris dans les zones rurales, est fondamental », rappellent-ils. Autre levier pour réduire la charge administrative des répondants : maximiser l’utilisation des données agrégées existantes, accroître les synergies et l’efficacité entre les sources de données agrégées existantes, selon le principe « collecter une fois, utiliser plusieurs fois ». Ils insistent également sur le respect des règles de protection des données. « La divulgation des données doit tenir compte non seulement des droits à la vie privée des personnes interrogées mais aussi de la propriété des données, indiquent le Copa-Gogeca. Les données collectées ne devraient être utilisées que pendant la durée strictement nécessaire par les personnes possédant les qualifications requises pour effectuer les analyses pertinentes. »
Le troisième trilogue devrait avoir lieu en juin. Le règlement devrait être adopté en 2022.