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Sèvre-Niortaise, les organisations agricoles affichent leur différent

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Alors qu’une cellule d’écoute a été mise en œuvre durant l’été pour tenter de renouer le dialogue dans la Sèvre-Niortaise, où la construction de plusieurs retenues d’eau cristallisent les tensions, plusieurs organisations agricoles ont pris la parole en ce début de mois de septembre. Si LCA et les chambres plaident en faveur d’une reprise des échanges, la Fnab conditionne celle-ci à l’arrêt total des travaux.

© Sabrina Beaudoin - © D.R.
© Sabrina Beaudoin - © D.R.

Les élus représentant les Chambres d’agriculture et La Coopération agricole au comité de bassin Loire-Bretagne ont diffusé un communiqué le 8 septembre. Ils y rappellent leur soutien à la création de réserves de substitution, « lorsque cela est pertinent ». Sur le territoire de la Sèvre-Niortaise et du Mignon, six réserves ont été validées en conseil d’administration par l’Agence de l’eau Loire Bretagne en novembre 2020. « Mais à ce jour, cinq ans après, une seule réserve est mise en service, alertent-ils. (…) Une motion du comité de bassin Loire-Bretagne, votée le 6 juillet 2023 à la quasi-unanimité, n’évoque pas la suspension des projets de réserves déjà autorisés. » Les élus agricoles du comité de bassin Loire-Bretagne souhaitent la reprise du dialogue sur ce territoire « dans un climat apaisé, avec les acteurs locaux ».

Pour la Fnab, l’apaisement est encore loin

Une dynamique en faveur de laquelle s’était en effet positionné le comité de bassin Loire-Bretagne, début juillet, à travers l’adoption d’une motion pour « renouer le dialogue ». Des propositions sont attendues, dans ce sens, pour le 7 décembre prochain. Les travaux ont déjà commencé. Dans un communiqué diffusé le 6 septembre, la Fédération nationale d’agriculture biologique, Fnab, indique avoir été entendue, la veille, par la mission d’écoute du comité de bassin, dont elle est membre. Elle y a fait part de son inquiétude. « En reprenant les travaux pendant l’été, sans tenir compte du calendrier de la mission d’écoute, les opérateurs économiques font sciemment un pied de nez à la gouvernance de l’eau sur le bassin Loire-Bretagne et tuent ainsi tout espoir d’apaisement », déclare le syndicat.

Une troisième retenue en construction

La Coop de l’eau 79, qui pilote le projet de construction de 16 réserves en Sèvre-Niortaise, a en effet annoncé, le 28 août, donner « le coup d’envoi » des travaux d’une troisième retenue, à Priaires (après Mauzé-sur-le-Mignon et Sainte-Soline). « Nous démarrons ce nouveau chantier comme c’était prévu dans le calendrier de la première tranche du projet, rappelle Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau 79, par voie de communiqué. Tous les prérequis ont été remplis, les contraintes environnementales ont été levées par l’écologue conformément à l’arrêté d’autorisation et les agriculteurs concernés ont réalisé leur diagnostic et pris des engagements. » Cette retenue, la plus petite du projet, présente une capacité de 160 621 mètres cubes. Elle doit alimenter neuf exploitations, dont un élevage de vaches laitières bio, des productions de céréales et de semences. La mise en service effective de l’ouvrage est prévue pour la campagne d’irrigation 2024. (1)

Des retenues « d’intérêt général majeur » dans la LOA

La reprise du dialogue semble donc, pour l’heure, compromise, la Fnab la conditionnant à l’arrêt des travaux. « Il était extrêmement clair quand on a pris la décision de réactiver la cellule d’écoute, qu’un report des travaux jusqu’à la fin de la mission était nécessaire pour apaiser les tensions qui sont très fortes localement depuis le printemps », estime Guy Moreau, représentant de l’agriculture biologique au comité de bassin et agriculteur dans les Deux Sèvres.

Les premières esquisses du projet de loi d’orientation agricole ne rassurent d’ailleurs pas le syndicat. Le texte proposerait, en effet, que les retenues soient déclarées « d’intérêt général majeur ».


Mise à jour  : le lundi 11 septembre 2023, la Coop de l’eau déplore, dans un communiqué, des dégradations commises durant le week-end sur la chantier de la réserve de substitution de Priaires. 

Stéphanie Ayrault et Laure Hänggi