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Générations Futures plaide pour des ZNT d’au moins 150 mètres

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Dans une étude rendue publique le 16 janvier 2024, l’association de défense de l’environnement Générations Futures met de nouveau en cause les ZNT, estimant qu’elles ne permettent pas, en l’état actuel, de limiter l’exposition des populations aux produits phytosanitaires.

Dans une étude publiée le 16 janvier 2024, Générations Futures sonne une nouvelle charge contre les  - © D.R.
Dans une étude publiée le 16 janvier 2024, Générations Futures sonne une nouvelle charge contre les - © D.R.

Quelques jours après l’annulation de cinq arrêtés préfectoraux portant sur les chartes de riverains, l’association Générations Futures enfonce le clou. Dans une étude publiée le 16 janvier 2024, l’association sonne une nouvelle charge contre les zones de non-traitement, ZNT, aux abords des zones d’habitation et autres lieux de vie, aujourd’hui fixées à cinq ou dix mètres selon le type de culture (20 pour les produits à risque). Des distances largement insuffisantes selon le rapport de Générations Futures (intitulé « Pesticides : c’est dans l’air ! »), se présentant comme une analyse de l’air à proximité de parcelles agricoles traitées. 

Trois zones d’étude

Trois d’entre elles ont fait l’objet d’une attention particulière : une zone de grandes cultures dans le département du Nord, deux zones viticoles en Gironde et dans le Rhône. Chacune des zones étudiées comporte cinq capteurs passifs, un à chaque bord et un au milieu, situés à plusieurs dizaines de mètres les uns des autres. Pour les zones du Nord et du Rhône, des capteurs contrôles sont également placés dans les grands bourgs à proximité, à savoir Hazebrouck pour la première, et Villefranche-sur-Saône pour la seconde. Pendant sept à 12 semaines, les capteurs ont prélevé les traces de pesticides présents dans l’air, parmi une liste de 500 produits détectables (là où les précédentes recherches de Générations Futures se limitaient à 90). 

Des traces de pesticides jusque dans les bourgs

Les résultats sont sans appel. Dans le cas du Nord, le capteur central, pourtant situé à 40 mètres des parcelles agricoles les plus proches, ne détecte pas moins de 35 pesticides, soit autant que le capteur installé sur le bord sud, au contact direct d’un champ de blé. Le capteur central présente une quantité de pesticides 144 % supérieure à la moyenne enregistrée par les quatre autres capteurs. Parmi ces pesticides, des substances normalement interdites en France, dont du chlorflurénol, de l’heptachlore ou encore du terbacile. 29 produits parviennent même jusqu’au centre-ville de Hazebrouck, à plusieurs centaines de mètres de là. Même constat en Gironde, où 19 pesticides sont piégés au milieu de la zone et sur son bord sud, qui présente la plus forte concentration, alors que 58 mètres les séparent. 18 produits sont pareillement recensés sur le bord est, à 61 mètres du centre de la zone. Le cas du Rhône confirme la tendance puisque le capteur central, implanté à 105 mètres de la parcelle traitée la moins éloignée, détecte 21 pesticides différents (le bord sud, le plus fourni, en compte 23). Là aussi, une dizaine de substances se propagent jusqu’au bourg de Villefranche-sur-Saône, dont le lindane et le chlorpyriphos, prohibés en France depuis 1998 et 2020. 

Un élargissement préconisé des ZNT

Fort de ces résultats, François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, en conclut : « Ce rapport montre que les distances d’éloignement ne réduisent pas les concentrations de pesticides dans l’air. Les zones de non-traitement actuelles de 5 à 10 mètres sont donc jugées clairement insuffisantes pour protéger les populations », poursuit-il, demandant un élargissement des ZNT actuelles « jusqu’à au moins 150 mètres ». La présence de nombreux produits phytosanitaires interdits par la classification de l’UE fait également dire à François Veillerette « la nécessité de retirer du marché les produits comportant des substances CMR ou perturbatrices endocriniennes ». Générations Futures compte désormais sur son étude pour intégrer, dans le futur plan Ecophyto, des mesures contraignantes limitant l’exposition de populations aux produits phytosanitaires.