Ventes des produits phytosanitaires, augmentation en 2020 mais une tendance globale à la baisse
Le | Politique
Si les chiffres des ventes de produits phytosanitaires, dévoilés le 30 juillet, ont augmenté entre 2019 et 2020, le Gouvernement rappelle que la conjoncture de ces trois dernières années fausse une analyse à courte vue. Et insiste sur le recul de 20 % de ces ventes par rapport à 2012-17. Retour sur ces chiffres.
Sur l’année 2020, les ventes de produits phytosanitaires s’établissent à 44 036 tonnes de pesticides en France. Un volume en hausse par rapport à 2019 (35 729 tonnes). Mais les cabinets du Premier ministre et des ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique et de la Santé, qui ont présenté ces chiffres le 30 juillet 2021, rappellent que le contexte est particulier. L’augmentation de la redevance sur les pollutions diffuses en 2019 a bouleversé les dynamiques : de nombreux agriculteurs avaient fait d’importants stockages en 2018, et s’étaient donc beaucoup moins réapprovisionnés en 2019, année où les ventes ont été historiquement basses.
Ventes de produits phytosanitaires, -20 % en 2020 par rapport à 2012-2017
Les équipes des ministères veulent donc prendre de la hauteur. Ils se focalisent sur la baisse d’environ 20 % des ventes par rapport à la stagnation globale relevée sur la période 2012-2017. La moyenne triennale des ventes est la plus faible depuis dix ans, avec -5,7 % entre 2017-19 et 2018-20. Les conseillers qui ont commenté ces chiffres pour la presse, en milieu de journée, veulent y voir un effet des mesures engagées depuis le début du quinquennat en cours. Ils expriment une confiance solide sur le fait qu’une baisse structurelle des ventes est engagée.
Plongée des CMR1 et 2, stabilisation du biocontrôle
Concernant les produits classés CMR1, les ventes connaissent une baisse massive depuis 2016 (-93 %). Les CMR2 évoluent également sensiblement à la baisse (-40 % sur la même période). Une tendance que le Gouvernement met en avant comme une très bonne nouvelle, quelques semaines après la publication de l’étude de l’Inserm mettant à jour les liens entre exposition aux pesticides et risques pour la santé.
Concernant les produits de biocontrôle, la courbe se stabilise autour de 21 000 tonnes vendues, après une forte augmentation progressive depuis 2009, et les 8 800 tonnes commercialisées cette année-là.
Glyphosate, le gouvernement se veut confiant pour la suite
Un focus « glyphosate » a également été proposé. Les ventes du polémique herbicide s’établissent à 8 644 tonnes en 2020. C’est nettement plus qu’en 2019 (6 092 tonnes). « Les effets des mesures récentes seront plus visibles sur les deux années à venir », glisse-t-on du côte du ministère de l’Agriculture. Les révisions des autorisations de mises sur le marché par l’Anses fin 2020 et début 2021, sont censés enclencher une réelle baisse rapidement. Le Gouvernement estime que l’objectif de réduction de 50 % de l’utilisation de glyphosate, par rapport à 2017, est atteignable « à court terme », et rappelle que le but est bien d’arriver, in fine, à se passer totalement de la molécule.
Même si achats et usages ne sont pas strictement corrélés, les conseillers ministériels présents, voient dans ces chiffres le signe que la France est « en bon chemin » pour atteindre l’objectif de -50 % d’usage des pesticides, tel que fixé dans le plan Ecophyto 2+. Ils estiment que la barre des -20 %, par rapport à 2009, est atteinte.
Nodu 2019, une baisse parallèle aux ventes
La vente des produits phytosanitaires est un indicateur intéressant pour suivre leur utilisation. Mais les ministères rappellent qu’une vision plus complète des tendances passe par des calculs complémentaires, notamment le Nodu. Ce dernier indicateur est toutefois un peu plus long à calculer au niveau national. Il correspond à la surface qui serait traitée annuellement aux doses maximales homologuées, à partir du volume de produits vendus sur une année. Pour 2019, il s’établit à 78 Mha, soit une baisse de 37 % par rapport à 2018, suivant logiquement la baisse importante des ventes cette année là.