Référence agro

Biodiversité, l’Idele veut déployer son outil de diagnostic à l’échelle européenne

Le | Projets-territoriaux

La filière laitière est mobilisée sur l’enjeu de la biodiversité. Pour accompagner les éleveurs, l’Idele a développé l’outil de diagnostic Biotex. L’ambition est désormais d’étendre à un niveau national et européen son déploiement. 

Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.
Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.

« La fragmentation des territoires, la structure du parcellaire est un frein au développement de la biodiversité, car elle perturbe la mobilité des espèces », explique Vincent Manneville, de l’Institut de l’élevage (Idele), lors d’un webinaire, organisé le 13 octobre par le Cniel, sur l’engagement de la filière laitière pour la biodiversité. Si l’empreinte carbone de l’élevage est souvent pointée du doigt, l’entretien du paysage par l’éleveur influence grandement la richesse spécifique des espèces : jusqu’à 45 % dans le cas des bourdons, selon le projet de recherche Indibio, rappelle Vincent Manneville. Pour aider les éleveurs à appréhender plus précisément l’impact de leurs pratiques sur la biodiversité, l’Idele a développé l’outil de diagnostic Biotex. Il repose sur 27 indicateurs, dont celui de « surface de biodiversité développée », autrement dit la zone d’influence des infrastructures agro-écologiques.

Un outil simple

Le diagnostic se fait en moins de deux heures sur l’exploitation, diagnostic et débrief avec l’exploitant inclus. La simplicité de réalisation et de lecture des résultats, voulue par l’Idele, est saluée par les exploitants. « Ce qui est intéressant, c’est de pouvoir voir d’un seul coup d’oeil ce que l’on fait de bien mais aussi les pistes d’amélioration », témoigne Hélène Fréger, éleveuse de vaches laitières dans le Cher. Dans son cas, la diversité des espèces abritée sur son exploitation a été soulignée, et une des pistes évoquées pour améliorer son bilan est un retardement de la taille des haies. L’exploitante souligne néanmoins l’enjeu du déploiement plus large de l’outil pour assurer la continuité sur tout le territoire de ces adaptations.

Développer à l’échelle européenne

350 diagnostics ont été réalisés pour l’heure. Mais les porteurs de cet outil veulent aller plus loin, en le déployant à un niveau européen, à travers le programme Eurodairy. Ce dernier regroupe le Royaume-Uni, l’Irlande, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Finlande, la Belgique, l’Allemagne, la Pologne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Slovénie et la France. Un dossier de candidature a par ailleurs été déposé pour recevoir un financement dans le cadre du programme européen Life Biodiversity. La réponse est attendue d’ici à la fin du mois d’octobre. « Nous voulons passer d’un stade de compréhension de la biodiversité à celui de l’action, notamment via le déploiement de Biotex », indique Vincent Manneville.

Une attente de reconnaissance

La filière laitière a acté son engagement envers une plus grande durabilité à travers sa démarche RSE France Terre de Lait, lancée en 2019. Plus de 11 000 éleveurs sont aujourd’hui engagés dans le programme Fermes laitières bas carbone. Dans ce cadre, l’ambition est d’intégrer Biotex au programme d’évaluation environnementale des élevages laitiers, CAP2ER. Un ensemble d’initiatives grâce auxquelles la filière espèce être mieux reconnu dans son engagement pour la biodiversité. « Dans le cadre des discussions sur la prochaine Pac, ces outils de mesures sont importants pour pouvoir négocier avec l’Etat ou des opérateurs privés, sur la question de la rémunération des services rendus », souligne Bernard Chevassus-au-Louis, président de l’association Humanité et Biodiversité, invité à témoigner lors du webinaire.