Changements de pratiques phytosanitaires, l’Agence Loire-Bretagne à la recherche de soutiens efficaces
Le | Projets-territoriaux
En 2022, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne a financé pour 38,2 M€ de projets visant la lutte contre les pollutions diffuses et la protection des captages. Pour 2023, le budget est augmenté à hauteur de 53,8 M€, notamment pour accompagner la dynamique de mise en œuvre du PSN. L’Agence, qui démarre les réflexions sur son douzième programme d’intervention, pour 2025, cherche à ré-impulser une dynamique dans les territoires. Le point avec Émeline Choumert, cheffe du Service agriculture et milieux aquatiques.
Les actions financées par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne pour lutter contre les pollutions diffuses induites par les produits phytosanitaires, et pour protéger les aires d’alimentation des captages (AAC), s’essoufflent, faute de demandes. « En 2022, sur ces programmes, nous avons dépensé 38,2 M€ alors que 43 M€ avaient été budgétés, précise Émeline Choumert, cheffe du service agriculture et milieux aquatiques de l’agence. Les demandes de cofinancements devraient cependant repartir en 2023, avec la nouvelle Pac. Nous avons prévu une hausse de budget, à hauteur de 53,8 M€, notamment pour accompagner la mise en œuvre du PSN, dont 13 M€ pour les MAEC. »
Objectif : accompagner l’agroécologie
Aides directes aux agriculteurs pour l’accompagnement de conversion en agriculture biologique, pour des MAEC à enjeux eau, pour des investissements en matériels ou pour l’installation de haies, de bandes tampons… les financements possibles ne manquent pas. À cela s’ajoutent les aides indirectes relatives aux accompagnements d’animations, d’études et de conseils provenant de chambres d’agriculture, de coopératives ou de négoces, ou encore au soutien des groupes 30 000, aux diagnostics d’exploitations cherchant à changer de pratiques. Enfin, l’agence propose également des aides de partenariat pour financer des mesures précises sur des AAC ou sur des bassins versants. Depuis 2021, elle participe aussi à l’expérimentation nationale sur les Paiements pour services environnementaux (PSE).
« Le frein majeur au changement de pratiques phytosanitaires, qui peuvent conduire à des pertes de rendement ou à des surcoûts, est le plus souvent économique, reprend Émeline Choumert. D’où l’importance des aides. Mais pour être efficaces, les mesures financées doivent être généralisées sur un territoire et ciblées sur une vulnérabilité. »
Aides aux filières
L’Agence a lancé, lors de son dixième programme d’intervention, dès 2013, des aides pour le soutien de filières afin de diversifier les productions agricoles, d’allonger les rotations et de favoriser les cultures ayant un faible impact sur l’eau et le milieu naturel. Un appel à projets a été lancé en 2020 pour motiver les structures à même de créer de telles filières. Trois investissements sont désormais soutenus par l’Agence : une unité de production d’huile végétale issue de cultures en agriculture biologique ou à bas niveau d’intrants (société Huileries de Beauce, 28), du matériel de valorisation de graines produites en agriculture biologique (Sarl Agro-logic France gluten free, 53), une ligne d’ensachage dédiée à des semences produites en agriculture biologique (société Deleplanque, 79).
« L’intérêt de telles filières réside dans la pérennisation des cultures et pratiques favorables à l’eau qui trouvent un débouché économique, souligne la cheffe de service. Mais il s’agit d’une politique complexe à mettre en œuvre, notamment pour répondre au cadre européen. »
Préparer le douzième programme d’intervention
L’Agence de l’eau privilégie le volontariat pour inciter les producteurs à aller vers des pratiques plus favorables à la préservation de l’eau. « Mais certains territoires, comme la Beauce, tournée vers l’exportation, sont difficiles à mobiliser, reprend Émeline Choumert. Sur d’autres territoires où des actions sont déjà en place, le nombre d’agriculteurs impliqués stagne ». Faut-il dès lors se tourner vers la maîtrise foncière pour protéger les AAC, vers des leviers réglementaires tels que l’interdiction des molécules fréquemment retrouvées dans les eaux ?
Afin d’alimenter ses réflexions, préparer au mieux son douzième programme d’intervention, qui démarrera en 2025, et ré-impulser une dynamique, l’Agence de l’eau a lancé en septembre dernier une évaluation de ses interventions en faveur de la réduction des pollutions par les pesticides dans le domaine agricole. Un bilan des résultats obtenus grâce à sa politique, ainsi qu’une analyse des freins et leviers à la mise en œuvre d’actions efficaces et durables seront entre autres réalisés. Affaire à suivre.
Des sources de la Loire et de l’Allier jusqu’à la pointe du Finistère, le bassin Loire-Bretagne représente 155 000 km², soit 28 % du territoire métropolitain. Il intéresse 336 communautés de communes, près de 6 800 communes, 36 départements, 8 régions en tout ou partie, et plus de 13 millions d’habitants.