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Un PSE dédié aux producteurs de légumes en Loire-Bretagne

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Trois ans après l’annonce d’une expérimentation nationale sur les Paiements pour services environnementaux (PSE), le concept prend une tournure concrète sur le terrain, via les Agences de l’eau. Illustration avec un PSE proposé aux producteurs de légumes d’un sous-bassin versant de Bretagne.

Un PSE dédié aux producteurs de légumes en Loire-Bretagne
Un PSE dédié aux producteurs de légumes en Loire-Bretagne

L’expérimentation des PSE entre dans le concret ! L’Agence de l’eau Loire-Bretagne met la dernière main aux 28 dispositifs qui seront appliqués à partir de 2022. Plus de 30 M€ ont été débloqués dans ce cadre. Sur cette somme, 543 000 € sont fléchés vers les producteurs de légumes du sous-bassin versant du Lizildry, sur cinq ans (1). C’est la communauté de commune de Lannion-Tregor, dans les Côtes d’Armor, qui a postulé à l’appel à projets de l’Agence de l’eau. Deux familles de pratiques sont proposées à 19 producteurs de légumes : le zéro herbicide en cultures légumières et la lutte contre l’érosion. Deux pratiques qui permettent de limiter la dégradation de la qualité des eaux.

570 ha en zéro herbicide

Sur près de 1000 hectares de parcelles, 106 ha sont concernés par les mesures anti-érosion, comme la réalisation de talus. L’utilisation d’outils mécaniques limitant les écoulements de surface en supprimant les chemins préférentiels de l’eau est également au programme. « La Chambre d’agriculture évoque 70 à 80 % d’érosion en moins avec ces équipements », commente Jérôme Martin, chef de service des espaces ruraux à l’Agence de l’eau. Entre les parcelles déjà engagées (306 ha), et celles pour lesquelles c’est un objectif (264 ha), ce sont 570 ha de légumes qui seront conduits sans herbicides à la fin du projet. Les aides sont plafonnées à 60 000 € par exploitation, sur la période 2022-2026.

Vers d’autres formes de PSE ?

« Ces PSE ne s’appliquent pas à la parcelle, mais à l’exploitation, précise Jérôme Martin. Les exploitants choisissent eux-mêmes leur trajectoire, dans un contrat passé avec la collectivité. L’exercice budgétaire est complexe, car certains engagements pourront ne pas être tenus, et d’autres seront dépassés. » De plus, le PSE prévoit des niveaux de financements différents pour le maintien et la progression des services environnementaux, davantage rétribuée. Pour Jérôme Martin, cette complexité est le prix de projets adaptés au plus près des réalités du terrain, garant d’une efficacité plus grande que pour les dispositifs situés dans un cadre plus large, national ou européen.

Et la suite ? La vocation expérimentale des PSE portés par les Agences de l’eau était d’éclairer la prochaine Pac. Le timing ne le permettra pas, mais il ne sera peut-être pas la peine d’attendre la prochaine réforme de la Pac pour que ce type de dispositif se développe. Jérôme Martin note, en effet : « Le principe inspire différents acteurs locaux, qui pourraient se l’approprier et débloquer leurs propres enveloppes, comme les collectivités et les syndicats d’eau. Rapidement, les formes et les porteurs de PSE pourraient se diversifier. »

(1) Ce PSE compte une cinquantaine d’agriculteurs sur quatre sous-bassins versants, dont celui de Lizildry, pour 1,6 M€.