Deux chambres et deux coopératives s’associent pour accompagner le bio

Parfois, une contrainte agronomique tourne à l’idée reçue. « En Champagne crayeuse, les sols très calcaires rendent les conversions en bio difficiles, explique Alain Herbinet, président de la Scara. Avec le temps, certains ont fini par considérer que c’est impossible. » Pour les conseillers de cette coopérative auboise comme pour ceux de la Chambre d’agriculture Aube-Haute Marne, la réalité est plus nuancée. Afin d’accompagner les exploitants souhaitant tenter la conversion dans cette zone, les deux structures se sont unies en juillet 2020 pour créer l’association Bio en Champagne crayeuse.

Novagrain et la Chambre de la Marne rejoignent l’association

Le 9 novembre, se tenait la première assemblée générale en présentiel, après deux années marquées par le Covid. L’occasion de voter pour l’intégration d’une autre coopérative, Novagrain, et de la Chambre d’agriculture de la Marne au sein de l’association. Le collège « conseillers » compte donc désormais deux coopératives et deux chambres, comptant pour la moitié des voix lors des votes, tous comme le collège « agriculteurs », qui regroupe les représentants d’une vingtaine de fermes. L’AG du 9 novembre a également permis de revoir les modalités d’adhésion. Désormais pour les agriculteurs, une adhésion annuelle revient à 700 euros, plus 3 € par hectare au-delà de 50 hectares cultivés en bio.

Autonomie économique et synergie technique

« Pendant deux ans, l’association a fonctionné en grande partie grâce à la Scara et la Chambre, qui ont investi leurs ressources humaines et matérielles sans réellement compter, souligne Alain Herbinet. Nous voulons avancer vers un financement plus autonome. » Le prix des adhésions est un premier levier. Le nombre d’adhérents en est un autre, également débattu en AG. Plusieurs agriculteurs souhaitent être rejoints par leurs homologues locaux rencontrant les mêmes problématiques, à la fois pour des raisons économiques et pour créer une synergie technique. « Nous n’avons pas d’estimation précise du nombre d’agriculteurs bio dans cette zone, mais avec le développement récent du label, il y a encore du monde à aller chercher ! », affirme Baptiste Gatouillat, vice-président de la Chambre d’agriculture Aube-Haute Marne.

Accompagnement technique

Recruter, oui, avec une ligne rouge toutefois : l’approche de l’association se veut technique et économique, et non idéologique. Les différents services proposés contre l’adhésion entrent clairement dans ce cadre. Les agriculteurs reçoivent des communications techniques mensuelles, deux à trois notes de variété chaque année, ainsi que des notes de conjoncture économique, des bilans de campagnes, et sont invités à des tours de plaine et réunions techniques. Cela, en plus d’un suivi individualisé des parcelles et une aide pour les commandes en morte saison.

Un accompagnement bienvenu pour les exploitants, sur une zone bien spécifique où les références manquent. « Les coopératives et les chambres n’ont pas à rougir de l’aide apportée aux agriculteurs bio, relate Baptiste Gatouillat. L’association ne compense pas un manque, mais vient plutôt créer des complémentarités entre nous, pour gagner en efficacité. » Et si le périmètre géographique est bien circonscrit sur la Champagne crayeuse, de nouveaux acteurs, notamment des organismes stockeurs, pourraient rejoindre ou collaborer avec l’association. Des représentants de Soufflet ou Vivescia étaient invités à l’AG, et des contacts existent avec Cristal Union autour d’une possible collaboration sur la fertilisation des betteraves bio.